ARIANNA MONTEVERDI, Multiple (ne pas se fier aux apparences)
Nouvel EP déjà disponible chez Les disques normal.
Comme un air déjà entendu, mais qui pourtant reste inédit, et ce même au bout de la dixième écoute. Prodige bien difficile à expliquer. Multiple, d’Arianna Monteverdi, mêle pop et folk, intensité et rêveries électriques à une forme de folk intimiste qui déploie des ailes avec une amplitude rare.
Sans entrer dans une surenchère ostentatoire, sans vouloir non plus proposer le même plat réchauffé pop dont la mièvrerie nous dégouline bien trop souvent des tympans, Arianna Monteverdi, accompagnée de Clovis Le Pivert (The Slow Sliders, Trainfantome), Alban Chauveau (Gascogne) et Gwen Mordret (The Slow Sliders) impose sa marque, avec délicatesse mais aussi caractère, avec une certaine originalité et surtout un son qui étincelle. Le tout pour un disque comportant 5 titres qui, malgré des atours rassurants, représentant un peu tout ce que la pop fait de meilleure en la matière, jouent la nuance et la surprise.
Ah ! L’amour.
Peut-être que tout provient de cette voix par laquelle passe une foule d’émotions, des plus pures et spontanées aux plus délicates et intimes à exprimer. Pour réussir ce grand écart entre ce qui est renfermé au plus profond de soi et ce qui affleure de notre personnalité, il faut créer un cadre structuré. Ici, une base pop relativement classique permet à cette voix de pouvoir être lâchée comme ça, dans la nature, sans risque qu’elle se perde en chemin.
Elle est posée sur des couplets/refrains lumineux, posée comme on pose une valise, avec son passé dedans, et ses envies d’un futur que nous imaginons, souhaitons, radieux et amoureux. Elle nous parle de ce sentiment déjà maintes fois passé à la moulinette, l’amour donc, tout en y apportant une touche brulante de passion, parfois mélancolique, parfois tournée vers un futur ensoleillé.
Ce sentiment, multiple, ne finira jamais d’inspirer les chanteurs et les chanteuses. Et c’est peut-être une bonne chose, notamment quand un groupe s’y prend de cette manière, c’est-à-dire en proposant une pop très bien produite, évoquant par beaucoup d’aspects celle qui nous parvient, par ferrys entiers, de Grande Bretagne. Pourtant, elle ne manque pas de personnalité la musique d’Arianna Monteverdi, bien au contraire, puisqu’elle opte pour des couleurs claires, peut-être un peu froides d’apparence (mais les apparences sont trompeuses, comme bien souvent), mais contrebalancées par la chaleur de la voix.
Cristalliser les passions.
N’allez cependant pas croire que la musique d’Arianna Monteverdi est clinique. Malgré des aspects carillonnants, évoquant le brillant de chromes, c’est malgré tout une idée de chaleur qui émane du disque. Sans parler de ferveur, il y a dans chacune des 5 compositions un souffle qui nous traverse, un souffle qui nous transporte dans un blanc presque immaculé. Nous y voyons s’esquisser des paysages, des grandes étendues, qui s’étendent à perte de vue, baignées par une lumière blanche, surexposée. Ses paysages se traduisent par des guitares cristallines, ne jouant pas sur des distorsions purement rock mais au contraire sur un son clair propice à la rêverie puisque légèrement rehaussée d’un léger écho.
Paradoxalement à ce côté surexposé, les mélodies nous paraissent veloutées, faites de tons plus appuyés, amenant à elles, sans forcer, un contraste presque par réaction, lui donnant une dimension physique, concrète et palpable. Ainsi, à une douceur qui nappe chaque morceau s’adjoint une force de conviction qui nous place en acteurs conscients. Nous ne pouvons rester insensibles à cet amalgame chant/musique qui nous enivre et nous donne envie de (re)conquérir l’être aimé. De la même façon que ce rapport douceur/force de conviction, le romantisme onirique déployé par le synthé est ici bousculé par des sentiments bien plus terre-à-terre (appuyé par une basse très concrète par exemple).
Multiple porte bien son nom.
Multiple se révèle donc… multiple. Derrière la façade, une pluralité de portes, plus ou moins cachées, ouvre sur plusieurs pistes dans lesquelles s’engouffrer, même si nous désirons pas sortir d’une sorte de boule compacte, rassurante, dans laquelle nous nous sommes portés prisonniers volontaires. Toujours dans une sorte de rêverie romantique, la voix nous électrise, porte la passion, le cri premier de qui s’expose, tandis que la musique tisse un tapis sonore confortable, redoutablement efficace.
L’ep reste ancré dans une forte cohérence artistique, un véritable parti pris loin du tout venant. Pour cette raison, il est très dur de sortir du disque une fois celui-ci terminé. Arianna Monteverdi nous charme, cajole les sens, sans sombrer dans une guimauve romantique fleur bleue. Un disque comme un songe ? Certainement. Mais un songe un peu frustrant car 5 titres, c’est trop peu pour nous rassasier totalement. Nous restons donc suspendus à la dernière note de musique comme on s’accroche aux dernières bribes de sommeil. On attend la suite avec envie !
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