GUILLAUME PERRET 16 levers de soleil (B.O)
Qui n’a jamais rêvé de partir un jour dans les étoiles ?
Qui ne les a jamais contemplé depuis notre bonne vieille Terre en se demandant quels secrets cet infini garde pour lui ?
Qui, enfin, ne s’est jamais interrogé sur savoir ce que procure l’apesanteur, sur ce à quoi ressemble un lever de soleil vu de là-haut, si haut ? »
Si peu y sont allés, dans l’espace, si peu de Français. Le dernier à y avoir traîné ses guêtres, c’est Thomas Pesquet, et le cinéaste Pierre-Emmanuel Le Goff a réalisé le film documentaire 16 levers de soleil pour retracer son histoire. Mais ce qui nous intéresse, c’est surtout la B.O (le côté cinéma sera exploré par notre ami culture etc, à travers une plongée dans l’âme de…). Celle-ci est réalisé par le saxophoniste jazz Guillaume Perret que nous avions découvert il y a peu de temps avec son album Free.
Sur son précédent album, Guillaume Perret nous proposait un jazz expérimental, free, où il était seul aux manettes. Armé de son saxo et de nombreuses pédales d’effets (dont une pédale loop, permettant d’effectuer des boucles qu’il enregistrait live, en y incorporant des effets variés), il créait des morceaux instrumentaux surprenants, très rock, très électro, mais toujours avec cette base jazz démentielle dont le musicien sait faire preuve.
Pour 16 levers de soleil, nous retrouvons cette touche très personnelle faite d’instrument brut et de bidouilles samplées par Guillaume Perret, pour un résultat toujours étonnant, péchu, insolite aussi par moments. Nous découvrons des titres plein de douceur, d’autres très funky, certains en apesanteur, forcément, d’autres plus terriens. Nous retrouvons également des voix, parlées (extrait de documentaire radiophonique ou télévisuels, notamment sur le titre St Exupéry), ou chantées, une batterie, une basse, un piano, des claviers et tout un univers propice à l’imaginaire, au décollage des émotions.
Car il est bien question de cela dans cette bande originale, de restituer par l’instrument, par la musique, les émotions vécues par l’astronaute. Il est ici question d’immensité, avec des titres qui respirent, respirent, jusqu’à l’infini. La puissance évocatrice du saxophone est ici utilisée à plein rendement, non seulement parce que le souffle du musicien le véhicule mais également parce que traité avec une distorsion ou un effet type delay, la musique emplie chaque recoin de la pièce. Il en va de même lorsque Guillaume Perret se la joue épique, grandiloquent, évoquant ainsi ce que doit être l’impression de découvrir notre planète avec un recul que rien ne peut décrire).
Mais un morceau retient particulièrement notre attention, à savoir le titre Into The Infinite. Ce titre est interprété par Thomas Pesquet lui-même, en apesanteur, dans la coupole de la station spatiale internationale. Jamais le titre original d’un album n’avait été enregistré dans l’espace. Pour le film, il est également filmé en très haute définition dans une séquence majeure du long-métrage. Un moment rare donc, qui procure un étrange frisson d’exaltation.
Des fois, nous avons le tournis, nous sommes perdus dans nos repères, tant tout semble tourner autour de nous, comme autant de satellites autour d’astres perdu dans l’univers.
L’ivresse épique de l’immensité peut-être.
Toujours est-il que l’ambiance dégagée par ses titres est un véritable voyage cosmique, une odyssée hors des frontières de tout ce qui nous est connu.
Un voyage, pour voir 16 levers de soleil d’un autre point de vue.