Douze oiseaux dans la forêt de pylônes électriques.

nicolas jules douze oiseaux dans la forêt de pylônes électriquesNouvel album de Nicolas Jules (déjà disponible).

Nous tenions à réparer une énorme bourde de notre part. Quand Nicolas Jules nous a contacté (hem…en octobre) à propos de son nouvel album, Douze oiseaux dans la forêt de pylônes électriques, nous lui avions dit que nous allions en parler pour sa sortie (hem…en décembre, le 6). Et puis, nous ne l’avons pas fait. Et c’est bien con, parce que le fameux album est bon, très bon. Alors nous remontons le temps, parce qu’il n’est jamais trop tard.

Nicolas Jules œuvre dans la chanson française. Mais pas dans celle que nous n’aimons pas (mais qui a parlé de Bénabar?), mais dans celle qui possède ce brin d’irrévérence rock qui nous excite les neurones. Ce soupçon d’esprit rock se traduit dans la poésie du musicien, dans la production de ses morceaux. En gros, nous le placerions dans un amalgame d’identités diverses, se rapprochant, l’air de rien, d’un improbable mix entre Miossec, Tiersen, Arno, Féloche (plus quelques autres du même tonneau).

douze oiseaux, douze morceaux.

Chaque titre aurait pu porter le nom d’un volatile, mais il n’en est rien. Ces noms se rapprochent à des images, poétiques, parfois subliminales, décrivant les chambardements hormonaux éprouvés lorsqu’il nous arrive de tomber en amour (Les nouilles), ou décrivant la décrépitude d’un lieu (Au bord de l’écluse), ou dans cette foultitude d’éléments relatifs à l’amour, à la vie, à ce (et ceux) qui nous entoure, en bon comme en mauvais. Pour ce faire, Nicolas Jules joue avec la langue, avec une poésie de l’instant, parfois brute, au vocabulaire à la fois soutenu et familier. Cela donne un rythme particulier, titubant à ses chansons, et déclenche l’ivresse des sens à tous les coups.

Sa façon d’écrire se rapprocherait de la photographie. Sa plume est l’oeil d’un objectif qui capte en un 1/1000é de secondes le moment présent pour le figer dans une éternité douce amère, ou au contraire euphorique. Si nous retrouvons parfois une certaine noirceur, les textes ne sont pas dénués d’un humour léger, parfois caustique, ce qui ne peut que nous ravir, d’autant plus que tout est fait avec une finesse d’esthète.

Minimalisme de rigueur.

Comme cela n’est pas forcément la norme dans l’univers de la chanson ou certains tartinent de flonflon pour masquer la vacuité de leurs propos, Douze oiseaux dans la forêt de pylônes électriques joue la carte du minimalisme. Celui-ci se traduit, dès l’entame du premier titre, par une production sans gros effets. L’accent est mis sur la voix et lui confère une épaisseur et une profondeur saisissante, puisqu’elle rehausse les paroles de façon percutante. Concernant les instruments, tout reste quasiment « brut » de décoffrage, très do it yourself dans l’esprit (très punk du coup).

Ces instruments, guitare, basse, piano principalement, quelques percussions, très peu de batterie, proposent des tempos majoritairement lents. Les notes sont espacées, laissent place au blanc, nous ouvrant ainsi les portes du temps et de l’imaginaire. Pour faire une analogie un peu bizarre, nous dirions qu’un morceau, comme Ton retour par exemple, serait similaire à une dégustation de vin. Vous faites tourner le nectar en bouche puis le recrachez. Le goût de ce grand cru vous reste dès lors sur les papilles, vous évoque des saveurs de fruits rouges, cassis en tête. En laissant les notes mourir dans des intervalles de blanc (pas de vide, puisque nous habitons corps et âme ces moments suspendus), nous nous imprégnons des sonorités, des paroles, qui dès lors dégagent des secrets à côté desquels nous serions probablement passés.

Chanson, rock, rythm and blues.

Si nous évoquions l’atmosphère chanson française de ce Douze oiseaux dans la forêt de pylônes électriques, nous y sentons du rock de façon plus que présente (même si beaucoup d’éléments acoustiques se taillent la part du lion, l’électricité y est ici souvent poisseuse, sombre sinon malsaine). Mais nous retrouvons aussi un je-ne-sais-quoi d’un rythm and blues que n’auraient pas reniés les Rolling Stones à une époque (celle de Beggars Banquet). Il y a aussi un esprit à mi-chemin entre Brassens et le blues noir américain, étrange sensation nous plaçant dans un entre-deux stimulant.

Cet album s’avère donc des plus surprenant… et séduisant. L’atmosphère romantique qui sévit ici provoque des explosions d’émotions parfois violentes et contradictoires. Entre l’amoureux transi et un prédateur monstrueux, scrutant nos parts d’ombres, les climats de Douze oiseaux dans la forêt des pylônes électriques ne nous laissent jamais sur le bord du chemin mais nous embarquent au contraire dans son univers haut en couleur. Preuve qu’il fallait absolument en parler.

LE titre de Douze oiseaux…

Nous aimons beaucoup les Nouilles, tout comme nous apprécions énormément Train couché, Les éclaboussures, Les mouettes aussi. Mais nous gardons en tête le très noir Ouais. Peut-être le titre le plus rock de l’album (oui on ne se refait pas) qui impose une ambiance proche de l’angoisse. Spoken word inspiré de Nicolas Jules qui nous glisse dans la peau d’un film/roman noir à la Simenon.

Le piano y est sépulcral, la base rythmique lancinante, obsédante, crépusculaire. Un violent poison s’insinue en nous à son écoute, demande que nous y retournions comme pour mieux nous triturer les méninges et nous secouer les miches, ouais…

Site officiel de Nicolas Jules (pour commander l’album par exemple)

Retrouver Litzic sur FB, instagram, twitter

soutenir litzic

Ajoutez un commentaire