[PLAYLIST 6] Exploser les codes, encore et encore.
PLAYLIST 6
Première sélection de février, cette playlist 6 ne manque pas de piquant. Nous y retrouvons une certaine notion de plaisir, celle d’aller là où nous guide l’inspiration. Que ce soit pop, garage, électro, tout s’enchaine, se bouscule, montre une créativité sans cesse renouvelée et un désir ardent de montrer la valeur de chaque composition au grand jour. Bref, encore de très très belles propositions :
THE YUMMY MOUTHS
Commençons tout de suite cette playlist 6 par un morceau qui fait du bien. Parce qu’il est punk pop, rock garage, pop n’roll, enfin on ne sait plus trop où se situe la frontière tant le groupe belge brouille les repères. Ce qu’on peut vous dire, c’est que le chaos peut surgir à n’importe quel moment, pour laisser place à une ligne mélodique pop imparable, sur fond de guitare délicatement saturée et de rythmique électrisante.
Avec White noise, le trio fait plaisir. Et puis un bassiste qui chante, ce n’est toujours pas si fréquent que cela, on apprécie. Petit, non, gros coup de cœur pour ce groupe qui dynamite la pop avec une impertinence assumée, celle des Grands. White noise est le premier single issu du debut EP du groupe, Ugh!’, qui sortira plus tard dans l’année chez Gazer Tapes (cassette) et FONS Records (vinyle). On a hâte d’entendre ça !
LAURENCE-ANNE
Morceau naïf dans ses paroles, Laurence-Ann nous séduit avec Indigo. Pourtant, cette voix relativement haut perchée pourrait avoir tendance à nous irriter d’ordinaire. Mais ici, ça va, ça va même très bien puisqu’elle fait le charme du morceau. Celui-ci, pop, presque lofi, dégage un sentiment un peu magique, qui fait que nous nous identifions à la chanteuse.
Indigo ( première chanson de son deuxième album, dont la sortie est prévue plus tard cette année sur Bonsound) dégage à la fois une innocence et une personnalité artistique bien trempée, aventureuse dans ses sonorités de clavier, qui font ici pour beaucoup dans le son de Laurence-Anne. Mais ce qui fait mouche, c’est véritablement cette poésie douce-amère qui émane des paroles, orientées, comme c’est souvent le cas, vers les déceptions amoureuses (ici une relation secrète devenue trop pesante). Bref, on aime beaucoup l’univers de la canadienne dont on vous reparlera à coup sûr !
TIN
Esprit rétro, totalement en phase avec l’électro d’aujourd’hui, Tin, autrice compositrice, mais aussi DJ bien connue de la scène parisienne, propose un titre aux charmes vénéneux. Heroes in a frame évoque un peu l’esprit de Depeche mode, avec ses claviers analogiques, et ses boîtes à rythmes. Pourtant, son morceau, qui possède une noirceur qui effleure de la voix, pleine de spleen, et des sonorités relativement basses, nous procure une sensation étrange. Comme si la fête était finie (mais ce n’est pas le cas, rassurez-nous?).
La musicienne nous conte les joies et les peines de coeurs de la vie nocturne et semble marquer de son empreinte l’époque incertaine et pleine de mélancolie (comment pourrait-elle pleinement joyeuse?) qui est celle des couvre-feux et autres confinements. Mais, une lumière existe et, malgré tout, on peut continuer à danser, chez nous, avec Heroes in a frame.
GLOSSY CLOUDS
Poursuivons cette playlist 6 en nous demandant : « Et pourquoi ne pas prendre les choses avec désinvolture, sans se prendre trop au sérieux? » Chaussez donc vos moustaches en plastique et laissez-vous glisser sur la piste de dance de la disco pop rock de Glossy Clouds.
Assurément, le morceau est léger. Il possède même une touche totalement aérienne, notamment grâce à ses choeurs, rétro chics, et sa base mélodique quasi imparable. Nous sentons de la bonne humeur, des couleurs chatoyantes, ici transcendées par le clip coloré, mais le tout est fait avec une bonne dose de sérieux. Car qui dit ne pas se prendre trop au sérieux ne dit pas faire n’importe quoi. Cela nous est confirmé par le groupe qui propose une solide base rythmique, un groove plein de feeling, et une musique qui pourrait bien faire mouche instantanément. Bref, nous vous invitons à découvrir Plastic Mustache sans attendre.
MICHAEL BAKER
Deuxième fois que Michael Baker intègre l’une de nos playlists. Et ce n’est pas démérité. Car même si sa musique reste dans un style dont les codes sont posés, et légèrement rigides, il parvient à s’en échapper, comme le prouve Lightly Looms, par le choix de ses sonorités.
Ici, sa folk s’accommode d’un piano acoustique du plus bel effet, renforcé par un orgue qui donne une teinte légèrement gospel à ce morceau qui ne manque pas de créer un petit frisson qui fait du bien. Sa voix fait le reste, avec douceur et tact, ce qui permet au morceau de nous ravir au plus haut point.
BRITTA PEJIC
Voici un titre un peu hors de tout, original, pas du tout dénué d’intérêt. Originaire de Portland, c’est dans les Pyrénées-Atlantiques que s’est installée l’auteure/compositrice/interprète Britta Pejic. Elle propose ici W.O.B, 5é titre de son album Latitude Bera, principalement chanté en anglais. Mais, comme elle réside en France, quelques mots de Français, et d’autres, plus rares, en basque, sont disséminés ici et là sur l’album.
Musicalement, la musique de Britta Pejic évoque une pop ensoleillée, au chant qui nous évoque par instants l’optimisme des Beach boys. Le thème musical plutôt addictif, nous fait sortir de notre hibernation pour retrouver un peu de soleil. L’univers de Britta Pejic est très singulier, puisqu’il nous est indiqué qu’elle parle, dans ses chansons, aussi bien de conducteurs diaboliques que de voyeurs dans les canalisations. Tout un programme, non ?
PANAVISCOPE
Deuxième fois également que nous évoquons le travail du suisse Panaviscope. Il revient ici avec le clip de The last smart people on earth, long titre de plus de 8 minutes permettant à l’artiste de dévoiler un univers contrasté, évoquant parfois le travail de MGNT. Mélange de musiques électroniques, de pop, porté par des arrangements novateurs, le musicien éveille nos sens, nous tire de la somnolence et nous annonce peut-être ce que sera la musique de demain. En tout cas, celui qui a sorti son premier album Like the sun en novembre dernier s’annonce comme un talent en devenir. Il ne reste plus qu’à voir ce que le futur lui réserve !
ODDYÂNA
Dans un univers pop synthétique, robotisé par une voix autothunée, Oddyâna déroule une mélancolie avec une touche aérienne. Si nous ne sommes pas fans d’ordinaire du trop-plein d’effet sur la voix, il apparaît ici que l’appareil amplifie le côté émotionnel du chant d’Oddyâna. Appuyé par une base rythmique électro, des basses prenant au bide, renforçant une dramaturgie qui ne sombre pas dans le trop, Encre fait résonner la corde sensible, celle des relations qui ne vont pas forcément dans le sens que nous espérions à l’origine.
ARCHIE SHEPP & JASON MORAN
Nous terminons cette playlist 6 par un morceau solaire, qui se passe de commentaires, Sometimes I Feel Like a Motherless Child est la rencontre au sommet du saxophone et du piano. Plutôt qu’un long discours inutile qui polluerait la puissance de ce négro spiritual, on vous laisse le découvrir sans plus attendre. Magnifique et gorgé d’âme !
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