[album] REST IN GALE, Tombola // Entre ombre et lumière

Tombola, debut album de Rest in gale (disponible le 29 janvier chez KLISS Records / Jarane)

“Hey! You! Do you believe in Martians?” Voilà un OVNI comme nous en voyons trop rarement dans l’espace musical actuel. Ils se nomment Rest In Gale (RIG) et sortent Tombola, numéro gagnant de ce début d’année 2021. En octobre dernier, notre éminent Rédac chef avait déjà écrit quelques lignes élogieuses sur ce groupe tout droit sorti de la ville de Romainville, en banlieue parisienne.

Rest In Gale, c’est tout d’abord deux gonzes, Julien Howler, chanteur à la voix qui ferait frémir n’importe quel spectre ou autre créature cauchemardesque, et à la six cordes, William Rains, patronyme qui éveille en nous l’acteur britannique, Claude Rains, connu pour ses rôles dans Les Enchaînés d’Hitchcock, le Fantôme de l’Opéra d’Arthur Lubin ou encore Le Loup-Garou de George Waggner. Coïncidences ou pas! Le décor est planté!

Emile Jacob et Maurice Delafon

L’histoire voudrait que les deux compères disent adieu à Romainville et partent pour un one way ticket outre-manche, afin de vivre de leur musique. Voilà, cette terre du rock où la folie et le flegme britannique ne font qu’un, ne répond guère à leurs attentes. Retour à la case départ à Romainville. Si cela ne devait pas se faire, c’est qu’il devait en être autrement. Par la suite, trois compagnons de cordée se joignent à eux, Volker Saux à la batterie, Louis Nadau à la basse et William “Bul” Montgomery au clavier.

Les voilà partis, deux EP God Bless Jacob Delafon 1 et God Bless Jacob Delafon 2 aux noms sans équivoque en hommage à Emile Jacob et Maurice Delafon, qui au passage, nous tenons également à remercier. En 2019, RIG participe au Tremplin Rolling Stone France et le remporte haut la main. Aujourd’hui, nous sommes très excités de vous les présenter sur Litzic.

 

Sur les traces de Jack l’Eventreur

Rest In Gale livre un album difficile à qualifier. Nous sommes à mi-chemin entre le rock indé et le Dark Cabaret. Chaque chanson est une narration, un conte poétique et sinistre qui mettra mal à l’aise l’auditeur tout en attisant sa curiosité. Nous nous baladons dans les ruelles londoniennes du quartier de Whitechapel, dans l’Albion victorienne sur les traces de Jack l’Eventreur. Si nous parlons de l’Eventreur, c’est que Rest In Gale, nous rappelle un autre groupe français, dont les thèmes, la voix sont tout aussi proches, à savoir Jack The Ripper. Il faut y voir ici une vraie louange de notre part.

De louanges et de croyances, il en est question sur le hiératique Is It Better? au rythme oppressant. Sur l’inquiétant I.S.H.A (I See Her Alone), le narrateur vagabondant avec la Faucheuse, cherche le Salut afin d’accéder au Paradis. Sur The Evil Electric Fall, un gospel tonitruant et victorieux, cherche à chasser un Démon dont la voix maléfique nous terrifie. La plupart des morceaux joue sur cette dualité avec la voix sépulcrale du chanteur et le chœur angélique des Broussettes, comme sur le titre d’ouverture de l’album Tombola. L’ombre et la lumière.

Rock El Casbah

Dans cette noirceur, il est aussi question de rêverie et de fantasme avec Dream(z) mais aussi d’amour avec Amari au savant mélange de rock, de paroles et de musique orientale. Nous osons le clin d’œil au plus rockeur des Algériens, Rachid Taha. Lui qui avait adapté Rock The Casbah des The Clash, dont il était fan, en Rock El Casbah, aurait apprécié le morceau Pushful Grin, au style proche des quatre punks londoniens. Sur ce titre, il est question de rancœur, de reniement entre deux amis dont les choix de vie ont divergé.

Le capiteux Bateau Ivre, nous emmène dans un univers au texte qui aurait pu voir le jour dans les Contes de la Folie Ordinaire de Bukowski. Il est question de femme, d’alcool, de violence, de virilité et surtout d’histoire. Tombola se clôt par le très épuré Sweet Disease, morceau acoustique, qui sonne comme un Adieu.

Âme mystérieuse et maléfique

Nous avons été bluffés par nos cinq larrons et leur premier album Tombola. Ne l’oublions pas, oui, c’est un premier album et il vaut le détour! Ils ont un très bel univers, sombre, néanmoins très théâtralisé dans la construction des morceaux mais aussi dans la façon de les interpréter. Bien sûr il est difficile de ne pas faire la comparaison avec notre “Prince des Ténèbres”, Nicholas Cave dont les obsessions sont principalement l’amour, la mort, la religion, la violence et qui sur scène joue d’un charisme exceptionnel.

Dans une toute autre mesure, l’atmosphère des Rest In Gale, nous évoque H.P. Lovecraft mais aussi l’œuvre surréaliste, du Comte de Lautréamont, les Chants de Maldoror. Le conteur de Tombola pourrait très bien être ce Maldoror, âme mystérieuse et maléfique. Vous l’aurez compris, nous avons été conquis par cet album et par le quintet parisien. Leur musique nous prend aux tripes, nous fascine par la beauté poétique des textes, le tout porté par une voix hantée et érotique. Derrière ces mystères d’outre-tombe, le groupe n’hésite pas à utiliser la dérision, l’absurde et le burlesque comme le prouvent leurs clips DIY ou encore le visuel de la pochette de leur album. Preuve qu’ils ne se prennent pas au sérieux. Et pourtant..

A l’écoute de cet album, nous sommes bien d’avis que les anglais vont se mordre les doigts d’avoir laisser filer nos Chevaliers de l’Apocalypse !!!

LGH

rest in gale tombola

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LGH
(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).

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