DIRTY SOUND MAGNET, Live Alert // Comme un aimant.

Live alert, album live de Dirty Sound Magnet

Le Live Alert des Suisses de Dirty Sound Magnet (DSM) répare une erreur monumentale de notre part, celle de ne pas avoir parlé d’eux plus tôt dans les lignes de votre webzine préféré. Les Fribourgeois sont les dignes héritiers d’un rock progressif et psychédélique où les longues explorations instrumentales et la liberté de composition sont de mise. Nous avons ainsi pu nous replonger dans la discographie complète du combo, comprenant déjà cinq albums dont cet album live enregistré dans leur studio de répétition. Initialement composé de quatre membres, le groupe sort deux premiers albums, What Lies Behind (2012) et The Bloop (2014).

Suite au départ de leur chanteur Didier Coenegracht, DSM décide de continuer l’aventure en Power Trio. A cœur vaillant rien d’impossible, Stavos Dzodzos, prodige de la guitare, pose sa voix derrière le microphone. Il est accompagné de ses éternels compères, Marco Mottolini à la basse et Maxime Cosandey à la batterie. C’est sous cette architecture, que naissent les albums conceptuels Western Lies (2017) et Transgenic (2019), essentiellement défendus sur Live Alert.

À boulets rouges

Tout le long de Western Lies, DSM jette un œil lucide et acéré sur le monde dans lequel nous vivons et dissèque avec une grande justesse les maux de nos sociétés occidentales. Légèrement marxistes, ils tirent à boulets rouges sur le capitalisme. Complainte d’un système économique qui pousse chaque individu à maximiser sa satisfaction personnelle au moindre coût et incite les entreprises à tirer davantage de profit avec le minimum d’investissement.

Le dystopique Transgenic, à la limite de la réalité, éveille en nous des œuvres littéraires comme 1984 d’Orwell, Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley ou encore cinématographiques comme Bienvenue à Gattaca d’Andrew Nicoll.  Ce dernier album studio met en évidence les effets pervers de nos sociétés modernes dont principalement l’altération des comportements humains.

Des bons samaritains

Sur Live Alert, DSM nous offre huit titres d’une grande qualité musicale mêlant un rock nerveux, fiévreux, vintage et des textes où chaque mot est une flèche qui vise où ça fait mal. Dès le premier titre, Dirty Sound Magnet fait retentir la sirène afin d’alerter les populations d’un danger immédiat. Qui dit danger, dit confinement. DSM tels des bons samaritains viennent pour nous protéger, nous avertir et ainsi limiter la casse sur ce qu’il pourrait bien nous arriver. À l’instar de Social Media Boy, Social Media Girl, satire, comme le nom l’indique, des réseaux sociaux et spécialement des utilisateurs qui exposent à travers ces médias leurs vies ou celles qu’ils s’inventent.

Le chronologique et lugubre Hashtag Love est en quelque sorte le trait d’union entre ce garçon et cette fille aliénés par cette dédaléenne toile sociale. Organic Sacrifice, claironne l’annihilation du genre humain. L’intro de USA LSD BNB HIV nous fait subtilement penser à celle d’Immigrant Song de Led Zeppelin. Ce titre sonne comme un droit de réponse aux détracteurs de la musique psychédélique, qui ont tendance à faire des raccourcis hâtifs de celle-ci, au simple usage de psychotropes. Le groupe surjoue musicalement une ambiance oppressante lors des couplets et un refrain idyllique, où l’extase serait atteinte.

Travail d’orfèvre

Si Transgenic est un album volontairement soigné, épuré, léché, Live Alert est un diamant brut authentique, sincère et spontané. Avec The Poet and His Prophet les Fribourgeois placent le bâtisseur de proses au plus haut rang. Skull Drawing Rose, allégorie de la relation amoureuse, chef-d’œuvre dans l’œuvre, nous satellise. Climax de l’album, le titre est un travail d’orfèvre. L’instrumental The Sophisticated Dark Ages, entracte cosmique, met l’auditeur en ébullition.

La section rythmique de Dirty Sound Magnet est carrée et implacable permettant à la Gibson Les Paul, quatrième membre du groupe, de prendre de la hauteur avec des solos qui nous font frémir l’épiderme. Leur style musicale est souvent comparé à des groupes tels que Led Zep ou Pink Floyd, dont les membres sont certainement fans, cependant nous retrouvons aussi dans leur musique, certaines similitudes à des groupes pop/rock psychédéliques plus contemporains comme les stakhanovistes de King Gizzard and The Lizard Wizard, de Kevin Parker et son Tame Impala ou encore Pond. Quoi qu’il en soit, Dirty Sound Magnet nous a coiffés par leur énergie, leur virtuosité et leur amour du rock. Nous sommes magnétisés. Nous devrions entendre parler d’eux encore longtemps.

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(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).

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