ZOCATO Arequipas, Pérou, le 12 novembre 1934
Le dossier du mois de juillet, et celui du mois d’août, sera exclusivement basé sur des ouvrages parus aux Éditions Au Diable Vauvert.
Plus ou moins récents, ces ouvrages sont tous très différents. Vous allez donc découvrir l’univers de cette maison d’éditions originale.
Le prix Hemigway récompense chaque année une nouvelle inédite d’un écrivain situé dans l’univers de la tauromachie. Dans le cas qui est le nôtre, il s’agit de Zocato, qui fut lauréat de ce prix en 2008. À ses côtés, dans ce recueil, figurent 16 autres auteurs qui expriment leur univers sur ce thème donné de la tauromachie.
Soyons honnêtes, la tauromachie n’est pas pour nous un domaine familier, quoi que nous ayons pu voir, à une certaine époque, certaines corridas sur la chaîne cryptée Canal +. Déjà, nous y constations une esthétique particulière, des codes nous étant étrangers, sans que notre avis soit véritablement tranché entre « est-ce bien » ou « n’est-ce pas bien ? », sous-entendu de pratiquer ce sport consistant à mettre à mort un taureau qui n’a rien demandé à quiconque.
Vous nous direz que nous manquons peut-être un peu de personnalité, mais là n’est pas le problème. Car à bien y regarder, la tauromachie est un monde à part, une tradition plus qu’un sport, où un immense respect existe entre celui qui va mourir (dans 98% il s’agit du taureau) et celui qui va vivre (dans 98% il s’agit du toréador). Si cette danse, ce match de boxe mettant en prise un animal et un être humain peuvent sembler barbare, il en est tout autre dès que nous nous penchons un peu plus sur cette discipline à part.
C’est exactement ce que vient démontrer ce recueil aux points de vue très personnels et forcément intéressants. Entre ceux qui sont fans et ceux qui ne le sont pas, tous dégagent cette forme de fascination pour cette tradition sans âge. Fascination pour les rites, fascination pour les bêtes, fascination pour les hommes qui pratiquent cette roulette russe dans un cercle ensablé.
Nous y retrouvons des auteurs très inspirés, allant puiser leur inspiration dans le thriller (Canicule de Jean-Paul Didierlarent), dans la science-fiction (Les haies de Cactus de Marc Delon ou Corrida Transgénique de Louis Givelet), ou bien dans des histoires plus pastorales (La maison des Ombres de Georges Flipo par exemple, ou La Grâce du taureau de Dan O’Brien) pour des résultats originaux et, contre toute attente, passionnants.
Bien évidemment, tous ces auteurs auraient pu finir lauréat, mais en cette année 2008, Zocato fut celui qui gagna le prix avec une nouvelle concise (Arequipa, Pérou, le 12 novembre 1934), dans un style très typique début de 20éme siècle, avec cette lettre, poétique au fond, d’un fils pour sa mère. Si elle n’est pas notre nouvelle préférée du recueil, le savoir-faire de son auteur est en revanche indéniable et nous transporte dans un autre monde, une autre partie du globe, une autre époque, en l’espace de trois petites pages.
Du grand art.
Du grand art également que la corrida. Si ce recueil n’a aucunement pour vocation d’influencer notrre jugement quant à la vision que nous avons de ce périlleux exercice, il n’en demeure pas moins que des images surviennent. Pour nous, elles évoquent certains moments passés en famille (entre hommes généralement), autour du poste, à ressentir ce frisson particulier, entre peur et envie de voir le plus faible des deux protagonistes s’en tirer. Il ne vous reste plus qu’à choisir lequel des deux est, pour vous, le plus faible.
Nous, nous avons notre opinion, et nous la gardons pour nous.
Et toc !