PETER RIGGS Jimi Hendrix, lyrics & paroles, dernière expérience rock

C’est un petit livre comme ça, sans prétention, dégotté dans une solderie pour une somme modique, ridicule. Il n’est pas actuel, il date de 2015, mais comme l’œuvre de l’artiste qu’il présente, il est indémodable. Il est de Peter Riggs et s’appelle Jimi Hendrix, lyrics & paroles, dernière expérience rock (aux Éditions pages ouvertes). Le principe est simple, compiler des extraits d’interviews du génial musicien, sans retouches, si ce n’est celle de la traduction, pour mieux appréhender sa vision de la vie.

Le bouquin est découpé en deux parties, la première concernant celle des propos tenus par Jimi Hendrix au cours d’interviews, la seconde revenant sur une partie de sa discographie. Dans la première, des sous-catégories regroupent thématiquement les propos du guitar hero, allant de la musique à la religion, en passant par la drogue et les femmes.

Si nous notons plusieurs coquilles et erreurs de typographie, nous passons vite outre pour nous intéresser à ce qui fait le sel de ce drôle d’ouvrage. En transmettant la parole d’Hendrix, sans détournement d’aucune sorte, c’est un peu comme si le musicien s’adressait directement à nous. Par exemple, il avait coutume, lors de conférences de presse ou d’interviews, d’utiliser l’interjection, ou le tic de langage « tu vois ? ». Ceux-ci sont présents, un peu tout le temps, prouvant que le message est restitué dans son intégralité.

Dès lors, le musicien exprime ses opinions, ses doutes, son amour pour la musique. Ce qui en ressort est assez touchant et nous amène à relativiser certaines de nos peurs, de nos remarques, de nos interrogations. Comment allait le monde en 69 ? Pas pire ou pas mieux qu’aujourd’hui, comprenons-nous en lisant ces interviews.

Nous apprenons à connaître un peu cet être humain sous ce prisme, et non sous celui du musicien, du mythe.La première chose qui nous frappe, c’est l’énorme humanité de ce type. En avant-propos, l’auteur note que Jimi Hendrix se prêtait de bonnes grâce aux interviews et était extrêmement poli, prolifique également en matière de confidences. Il était surnommé, par les journalistes, de « Gentleman Jimi », de « Hendrix – être humain magnifique » ou de « M.Phenomene ».

Donc il possédait un potentiel humain énorme. Sans doute était-ce le fruit de ce summer of love qui le portait à l’époque (tout n’est que question de contexte parfois), mais nous devinons qu’il n’en était rien. Hendrix était quelqu’un, du moins à travers ses propos, d’honnête, de modeste. Quelqu’un de libre dans sa tête, vouant sa vie à la musique, voulant absolument se renouveler. Pour avoir lu des biographies de cet artiste hors normes, nous savons que c’est en partie cela qui l’a tué, le fait de devoir jouer sans cesse les mêmes Hey Joe, Voodoo Child ou autres classiques du guitariste.

Ses blessures d’enfance, l’extrême pauvreté dans laquelle il a vécu étant môme, le racisme, l’injustice l’ont à tout jamais marqué. Chacun de ses choix était dictés par cette idée de proposer, avec sincérité, la meilleure musique possible, quitte à retourner dans cette pauvreté. Il n’aimait pas les gens qui le félicitaient quand il sentait, quand il savait, que sa prestation scénique était mauvaise. Il n’aimait pas que les gens viennent le voir pour voir jouer « le phénomène » mais qu’ils viennent pour écouter et essayer de capter ce qu’il voulait dire avec sa six cordes.


À travers ces interviews, nous voyons un artiste exigeant, tolérant, bien moins barrés que ce que nous pouvions imaginer. Nous découvrons réellement une personnalité talentueuse, chaleureuse. Et si le livre au fond et assez moyen, nous en ressortons le cœur gros d’avoir perdu ce musicien qui aurait continué à nous éblouir parce qu’il était totalement en avance sur son temps et qu’il aurait sans doute ouvert des portes de dingue dans l’univers déjà balisé, à l’époque, de la musique.

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