[ LP ] AYMERIC MAINI, Winter sun, folk, blues et symphonies.
Nouvel album Winter Sun d’Aymeric Maini (sortie le 31/01)
Ce qui nous frappe d’entrée, à la première écoute de Winter Sun, d’Aymeric Maini, c’est cette sensation d’espace. Elle est d’autant plus surprenante que cet album a été écrit dans un 7m² . Ce paradoxe donne à Winter Sun un horizon pourtant dégagé, n’étant pas sans nous rappeler un certain Nick Drake. Ouais, rien que ça.
Arpèges et symphonies.
Tout commence par une voix, chaude, claire comme un matin sans nuages. Elle nous invite à écouter Winter Sun d’une oreille attentive, isolée du fracas du monde. Cette écoute nous dirige droit vers des contrées imaginaires, esquissées par le pouvoir de notre imagination, elle-même nourrit par le folk blues (avec parfois une nuance gospel) d’Aymeric Maini. Dépouillée, souvent dans les premières parties de ses morceaux, sa musique évoque pour nous les grands espaces nord-américains, paysages de western tout sauf désertiques puisque habités par la présence charismatique de Maini.
Il l’impose dans un souffle, cette présence. C’est-à-dire qu’il ne l’impose jamais, elle prend sa place seule, comme une grande, par cette voix douce (que l’on présage puissante, puisqu’elle ne joue pas volontairement sur ce registre) reposant sur des arpèges qui coulent de source. Le tout est précis, chaudement enveloppé d’une production discrète, qui ne joue pas la surenchère putassière. Tout ceci tient dans un écrin de songwriting éclairé. Jusqu’à ce que les morceaux se développent et qu’arrivent les parties plus symphoniques.
Une puissance sur un fil d’araignée.
Au moment où la sobriété bascule dans une grandiloquence instrumentale, le souffle de Winter sun prend toute son ampleur. Épique, grandiose, deux adjectifs qui nous sautent aux oreilles. Mais toujours avec une sincérité certaine, puisque nous ne sentons pas de prétention, du moins pas de celle d’un ego surdimensionné. Non, la prétention d’Aymeric Maini est ici juste artistique et repose sur le « vouloir faire une belle musique ». Et c’est réussi, parfaitement, à l’image de Nick Drake que nous citions plus haut.
Comme le défunt Britannique, Aymeric Maini possède une grâce qui ne s’explique pas. Celle de la composition qui impacte grandement celui qui l’écoute sans être distrait. Et celle de ceux qui savent arranger un morceau pour en tirer toutes les saveurs émotionnelles. Les parties symphoniques sont dosées avec un tact certain, sont agencées avec un grand art. Pas de remplissage intempestif, juste les bons instruments et les notes qui tombent au bon moment, toujours, comme pour mieux diluer leur force tout au long de titres enjôleurs, tour à tour lumineux, triste, plein d’espoirs mélancoliques, heureux…
Winter sun et ses rayons qui réchauffent.
Les arrangements sont sublimes, complètent le côté épuré des parties folks pour les guider vers une pop pleine d’élégance. Nous y retrouvons des cordes, des choeurs qui délicatement ourlent la voix de Maini d’un léger écho qui fait chaud au cœur. L’ensemble s’avère aéré, lumineux, même quand sa voix se pare d’une mélancolie touchante (jamais surjouée là non plus). En fait, dans Winter Sun, tout n’est que retenue, pour ne pas basculer dans le côté larmoyant, mais plus pour, justement, redonner de la force à qui en manque. Comme si cet auteur-compositeur voulait servir de guide pour nos émotions folles et indomptables.
Cet albumn’est en rien un soleil délivrant sa pâle lumière un matin froid d’hiver. Au contraire, on se réchauffe à ses rayons comme pour mieux affronter cette période qui n’est jamais la plus facile de vivre. Avec Winter sun, c’est un peu comme si c’était déjà le printemps.
Le titre de Winter Sun.
Pour nous, l’un des plus beaux morceaux de Winter Sun est As the years go passing by. Parce que la présence des cordes dès l’entame du morceau, parce que cette voix pleine de vie ressuscite la sensibilité de Nick Drake. Et parce que c’est joliment fait, que ça ne tourne jamais en rond. Parce que Aymeric Maini a la classe, à l’ancienne, tout en restant dans son époque. Ce disque est une pépite dont aucun titre n’est à jeter. Tout y est simplement beau.
Site officiel Aymeric Maini
On pense à James Eleganz