[ RECEUIL ] DEMAIN : NOS LIBERTÉS, nouvelles dystopiques.
Découvrez l0 nouvelles dystopiques dans le recueil Demain : Nos libertés, aux Éditions Kelach .
Onze auteurs et autrices font partie de cette sélection de nouvelles dystopiques, qui font souvent froid dans le dos, intitulée Demain : Nos libertés. Le message est simple : demain, nos libertés pourraient nous être enlevées. Qu’est-ce-que cela signifierait pour nous ? Comment réagirions-nous ? La préface de Cécile Durant et Anaïs Hay est on ne peut plus claire : « Si la dystopie est omniprésente dans les œuvres d’anticipation, ce n’est pas le fruit du hasard. Que ce soit au regard de la politique, de la situation climatique, ou de certaines idéologies grandissantes, la dystopie à cela de puissant qu’elle permet de mettre en lumière différentes facettes des dérives qui nous entourent. Elle fait tomber les masques de l’utopie, révélant son hypocrisie et sa faillibilité. » Tout un programme, non ?
Sueurs froides.
Nous n’allons pas vous cacher que certaines de ces dix nouvelles nous font grave flipper. Plus joliment dit, ces nouvelles sont saisissantes, non seulement de réalisme pour certaines, mais également d’inventivité retorse pour d’autres (voire de l’un et de l’autre). Les deux ou trois premières nouvelles de ce recueil nous ont un peu retournées et la tête et les boyaux. Celles qui suivent n’en sont pas moins efficaces, mais la surprise des premiers textes s’évanouit petit à petit (ce qui n’est pas plus mal, le but n’étant pas de nous faire vomir non plus). Néanmoins, nous restons avec la bouche pâteuse, comme après une nuit passée à boire.
Donc, ces deux-trois premières nouvelles nous bouleversent, avant que nous nous acclimations à ces univers déviants. Sont-ils des simples projections de notre présent ou des élucubrations plus capilo-tractées sur un hypothétique futur ? Dur à dire. Car la finesse des onze auteurs et autrices (une nouvelle est écrite à quatre mains ce qui explique qu’il y a seulement dix textes pour onze auteurs) laisse évidemment la possibilité de croire toutes les hypothèses plausibles. De la simple paupérisation de la société à l’omniprésence de l’intelligence artificielle, en passant par le développement de régimes totalitaires et une division par caste de la société, il y en a pour tous les goûts. Une constante néanmoins : une qualité d’écriture de très bonne tenue.
Nos émotions écartelées.
La force de ce recueil, c’est qu’il nous écartèle dans nos ressentis. Il y est bien évidemment question d’anticipation, donc d’imagination de ce que pourrait être notre futur si nous cessions de nous battre pour certaines de nos libertés, mais la vérité n’est jamais très loin. Et c’est là que le trouble se fait ressentir : comment les protagonistes de telle histoire se sont-ils retrouvés dans telle situation ? Et surtout, est-ce crédible ? Si la réponse à cette question est positive (et elle l’est sur la totalité des histoires, à plus ou moins grande échelle, allant de crédible à « c’est demain ce qui nous pend au nez »), alors survient la question : que ferons-nous pour ne jamais basculer ?
Parce que, ici, tout n’est qu’histoire d’être humain. De sa bêtise, de sa soif de pouvoir, de sa volonté de faire le bien. Parce que même les bonnes intentions peuvent au final s’avérer dévastatrices (l’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions?). Nous découvrons donc dix univers solides, autant de visions de ce que pourrait être notre monde si, par exemple, nous ne nous battons pas pour nos retraites aujourd’hui (bon il n’en est pas question dans Demain : Nos libertés, mais comme c’est un peu d’actualité en ce moment, nous ne pouvions y faire allusion).
Demain : Nos libertés… En danger ?
Et puis, ces textes dégagent une force rare, parce que nous sentons que nous sommes sur le point de basculer, qu’inexorablement la pente sur laquelle nous nous efforçons de marcher s’avère de plus en plus glissante. Notamment lorsqu’on flatte notre suffisance, notre fainéantise, notre orgueil mal placé, nos bas instincts, notre manque de vision à long terme, notre manque de solidarité (nous en passons et des meilleurs). Plus que d’imaginer un futur ou un présent parallèle, ces nouvelles parlent de nous, de chaque être humain habitant cette planète.
Faut-il prendre les armes ou se résigner ? Quel avenir voulons-nous pour nos enfants ? Doit-on tout accepter par paresse intellectuelle (et ça les amis, ça concerne un bon pourcentage de la population) ? Ce bouquin, comme les grandes œuvres de SF (et on pense à 1984 de Georges Orwell, référence insurpassable avec son Big Brother is watching you…) est semblable à un séisme de magnitude 8,5… C’est-à-dire que ça secoue, que ça ébranle toutes les fondations, ça détruit presque tout, mais que la vie peut éventuellement continuer, synonyme d’un autre demain possible. Mais il faut s’en saisir dès maintenant. Comme de ce bouquin du reste.
Autre ouvrage de SF, par l’un des auteurs de cette anthologie dystopique : Rodolphe Le Dorner Virt(u)els
Les auteurs présents sur cette anthologie sont (par ordre d’apparitios dans le recueil) : Gilles Madic, Élodie Greffe, Rodolphe Le Dorner, Laura P.Sikorski, Hughes Blot & Aurélie Genêt, Anaïs HAy, floriane Derain, Fransk Stevens, Clémence Teixeira-Leveleux et Clémence Chanel
Un petit PS : des coquilles sont hélas présentes dans ce recueil, assez nombreuses pour que nous le signalions. Nous les excusons pour deux raisons (même si ça peut décrédibiliser un peu et l’éditeur et les auteurs/autrices) : elles n’entravent aucunement à la lecture et, d’après les informations données en tout début de recueil, les délais ont été extrêmement réduits quant aux temps de correction et d’édition. Voilà, vous savez tout ! Ah non, en fait, nous aimons beaucoup l’aspect de la couverture et la mise en page, ainsi que les informations détaillées concernant chaque auteur/autrice. Un petit plus qui n’est jamais négligeable !
