PHILIPPE AZAR Au bord (partie deux et fin)
La première partie de Au Bord est à retrouver ICI
ROUSSEAU n’a fait que surfer sur la vague de la morale de l’époque. Un bon opportuniste ce ROUSSEAU et le monde ne sourit qu’aux opportunistes. L’audace, c’est pour les enfants. Ainsi se bâtissent les mythes et les légendes. C’est comme ça que se vendent les œuvres. La qualité, n’est qu’un détail, en réalité, dans la majeure partie des cas. Tout se résume à trouver son public. Le reste n’est qu’une affaire de banquiers et de directeurs du marketing.
Adolphe correspondait à son époque dans les années 30, ce qui n’était pas le cas après la première guerre, tout comme LE PEN correspond, aujourd’hui, à la sienne, malgré la seconde, tout comme PARIS EST UNE FETE d’Ernie HEMINGWAY a été réédité après les attentats de PARIS de novembre 2015 à plusieurs millions d’exemplaires, tout comme KEROUAC et BUKOWSKI ont apporté un souffle nouveau à une époque en quête de liberté et de nouveaux discours, tout comme les orgies de MAUPASSANT étaient soigneusement cachées alors que celles de Théophile GAUTHIER surpassaient la popularité de son travail, tout comme CAMUS, ancien pied noir, reçut le prix Nobel avec une histoire Algérienne à l’époque de la guerre d’Algérie, tout comme BAUDELAIRE fût propulsé par son génie, même s’il faillit le perdre à jamais avec ses FLEURS DU MAL – mêmes les bourgeois ne pouvaient pas dire haut et fort que deux femmes pouvaient baiser ensemble dans la vraie vie, on se l’imaginait, c’est tout, mais on le cachait sous le tapis d’une pudeur à la con en trouvant beaucoup plus respectable de parler en public d’adultère que d’amour lesbien.
Tout ça pour dire que nous sommes bien les seuls responsables de ce qui peut bien se passer dans ce bas monde comme le disait cette vieille femme créole.
On travaillait ensemble elle et moi, alors que j’occupais un énième boulot alimentaire. Cette femme se baladait avec sa Bible, un peu près de partout, alors du coup, quand on parlait, c’était une fois sur deux du grand patron. Un jour, elle me lâche comme ça de but en blanc : « Tu sais mon chéri, il est écrit dans la Bible que Jésus est descendu 1 fois en enfer. De toi à moi …. Jésus n’est jamais descendu plus bas qu’ici ».
La religion faut le décrypter, l’étirer autant que faire se peut. Il y a bien une solution quelque part. Un remède à l’homme. Il faut croire en ce que nous sommes, paraît- il, croire aux vrais et aux faux Dieux.
Qui décide ?
L’homme a laissé émerger une nouvelle race. L’homme éprouve le besoin d’être représenté et pourvu que le costume soit beau, on se fiche du discours. On boit et on avale des paroles étudiées pour rassembler toutes les âmes assassines. Toujours cette question du fond qui revient et dont tout le monde se fout. La mélodie des mots, tout ça et la respectabilité, bla, bla, bla, bla ….
On mélange les Dieux, les vrais, les faux avec les représentants de la race de l’homme et la question fondamentale de l’esclave et de la femme qui n’est toujours pas réglée. Deux mille ans d’histoire de l’homme, l’eau courante et l’électricité, la lune, l’avion, la voiture, l’esclave et la femme. Le poison à travers les murs de la ville, veines en béton branchées sur toutes les têtes des futurs hommes, les artistes, parias, clowns, bouffons qui dénoncent et prouvent, mais la respectabilité et la honte de ne pas faire partie du groupe, bla, bla, bla …
La roue tourne et l’homme continue de courir dans le vide. On entre aujourd’hui en politique comme on entre en religion. Les vrais et les faux Dieux existent tant qu’on continue de croire en eux. La messe et le vote.
Et Jésus avait surement une femme et des gosses :
« Mais non, vous pensez, ça n’a jamais été prouvé. »
Et l’on fait des études pour contrer les âmes assassines de l’autre camp. On se fout bien de ce que l’on avance. L’essentiel est d’avoir le plus de partisans possible. L’union fait la force. La vérité, c’est pour les enfants.
Et celui-là a détourné des millions :
« Mais vous savez, il a de bonnes idées pour le pays, alors bon. »
Et l’on fait des études pour contrer les âmes assassines de l’autre camp. On se fout bien de ce que l’on avance. L’essentiel est d’avoir le plus de partisans possible. L’union fait la force. La vérité, c’est pour les enfants.
Les nazis et le père ?
« Oh, mais c’était avant. Il devait faire parler de lui, vous comprenez, maintenant ce n’est plus la même chose. »
Et l’on fait des études …..
La roue tourne et l’homme court pendant que les vrais et les faux Dieux subsistent pour la plupart. Et avant que certains d’entre eux ne se débrouillent pour ressurgir du néant, je pense à toutes les roses que je dois tailler. Le jardinage est une solution parmi tant d’autres. Il paraît que le droit de vote existe depuis 70 ans. Je n’ai pas vérifié. Je leur fais confiance et je dois avouer que je m’en fous. L’homme n’a jamais obtenu quelque chose pour lui-même, autrement que par le sang. Le rapport maître esclave, représentant et représenté. La démocratie est un mur qui cache le brasier. Le droit de vote une clef pour une serrure qui n’existe pas. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas à quoi ça peut bien servir.
Ce texte est publié avec l’aimable autorisation de Philippe Azar.
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