Black Pumas, debut album (disponible chez ATO/[PIAS])
Chronique du debut album de Black Pumas, l’héritage soul comme étendard.
Voilà un groupe qui mérite toute notre attention. Black Pumas a sorti son premier album éponyme ce 21 juin, et c’est une grande réussite. Le duo composé d’Eric Burton et Adrian Quesada ressuscite, en 10 titres absolument parfaits, toute l’atmosphère nimbant les plus belles heures du funk et de la soul.
Rétro mais pas daté.
Tout ici sonne rétro, mais auréolé d’une production et d’arrangements résolument modernes. Cela commence par le visuel de cet album, élégant et sobre, évoquant à demi-mots l’imaginaire lié au fameux groupuscule des Black Panthers. Le nom du groupe y fait également probablement référence du façon ou d’une autre. Cette entrée en matière, uniquement visuelle, dégage déjà un charme évident, tout de suite renforcé par les premières notes de musique (à la batterie) lâchées entre les quatre murs de notre salon.
Ces notes sont comme une évidence. À la fois religieuses et spirituelles, elles n’en oublient pas pour autant de sonner moderne, à leur façon (grâce à des arrangements totalement dans l’air du temps). Il y a du respect, certes, mais également une forme de foi qui découlent de ces dix titres à la chaleur diffuse et irradiante qui, loin d’alourdir encore la masse sourde de la canicule, nous procure un petit frisson rafraîchissant. La voix de Burton n’y est pas pour rien, la production et les guitares de Quesada non plus.
Poussière et grain.
Loin de sentir le grenier, Black Pumas possède un grain particulier, de celui des enregistrements analogiques d’antan, et ce n’est que pur bonheur ! Les cuivres sont simplement superbes, la guitare également, chaude comme un brasero auquel venir se réchauffer lors d’un moment de perdition. Le spectre des productions motown n’est jamais très loin, celui de James Brown non plus.
On retrouve un peu de lui dans la voix de Burton, dans son énergie surtout. Celle-ci, à l’image de l’ensemble du disque, est chaude, vibrante, habitée par le démon de la soul. De l’âme, il y en a ici, plus que de raison, plus que de déraison aussi.
Sa technique vocale est simplement parfaite, se jouant des frontières entre les octaves, exprimant ce que tout homme devrait avoir sur le cœur. Pas étonnant lorsque l’on sait que ce chanteur possède une palette de performances dingues, résultant d’années de pratique du chant à l’église et de prestations théâtrale (sur scène et dans la rue). Ainsi, Burton insuffle aux compositions de Quesada toute la fièvre nécessaire.
Compositions béton.
Déjà parfaites dans leur forme, ces compositions explosent grâce à ce souffle de vie, indomptable, et à un groove puissant, sexy, terriblement bien senti. La félicité qui accompagne un titre comme Colors par exemple (avec ses choeurs proches du gospel) nous donne envie de danser, de communier avec Black Pumas. D’ailleurs, le groupe dit de ce morceau (premier single de l’album) qu’il « a été écrit sur le toit de la maison de mon oncle. Eric s’est réveillé vers midi et a commencé à composer la chanson alors que le soleil se couchait. Il a été inspiré par la richesse des couleurs du ciel. La chanson aborde les thèmes de la mortalité et de la solidarité ».
Inutile de dire que cette âme se ressent sur l’ensemble des dix titres, son côté chaleureux, voire épique, également. Ce disque se niche tout à côté du cœur, nous porte vers un optimisme sain et réconfortant. Cette musique est à même de nous faire oublier nos tourments, nos peines, ou de les transformer en joie, pure comme un ciel étoilé.
Magique !
Site Officiel Black Pumas
On pense à Seratones