BLAUBIRD S’éveiller, prendre conscience
Rising – La fin de la tristesse de Blaubird (déjà disponible)
Parfois, nous nous attendons au pire quand arrive un nouvel e-mail. Des fois, nous nous attendons à une belle découverte. Et des fois, c’est une bonne claque qui vient nous réchauffer et picoter les joues. Nous affirmons que Rising-La fin de la tristesse appartient à la troisième des catégories. En effet, l’album de Blaubird vient nous sortir de notre torpeur de façon magistrale.
Mélange de styles.
Et pourquoi donc ? En fait, Blaubird joue sur plusieurs tableaux, à plusieurs niveaux de compréhension également. Tout d’abord, le disque composé par le duo Laure et Olivier Slabiak mélange les langues, Français, Anglais et Yiddish pour toucher un spectre plus large, non pas en quête d’un plus vaste auditoire, mais bel et bien d’une palette plus étendue d’émotions (étant intrinsèquement liées à la musicalité de chaque langue).
L’émotion, Laure Slabiak la connaît et l’a pratiqué via le chant lyrique (elle est contralto), pourtant ici le lyrisme se fait intime, plus doux. Inutile de dire que l’artiste possède un petit filet de voix pas rédhibitoire du tout. Bien entendu c’est un euphémisme parce que nous ne décelons aucune faute vocale dans ce disque et apprécions chacune des variations dans ce chant riche, technique sans être rigide, porteur de messages par la seule vibration d’un léger trémolo, d’un souffle qui s’étiole. Il est certes l’un des points forts du disque, mais, vous le savez aussi bien que nous, si la voix n’a rien à dire, elle s’essoufle et perd de sa portée.
Rising – La fin de la tristesse.
Le titre de l’album parle de lui-même. Il est question ici d’éveil. Après un moment de sommeil, oui, mais surtout après un moment de somnolence, de parenthèse dans une vie, où tout n’était peut-être pas maîtrisé. En s’éveillant, en entamant sa mue, nous prenons conscience de nous, des autres aussi. D’ailleurs, le terme Blaubird est le symbole, dans le domaine psychanalytique, de la métamorphose qui permet d’accéder à un état supérieur, un nouvel être libre et plus conscient. Dont acte.
Les paroles des textes en sont donc le reflet, comme une mise en abyme, une plongée dans l’âme, dans la mélancolie, la tristesse, puis un retour vers la lumière, même si de légères traces de nostalgie tentent de se raccrocher ici ou là, telles des herbes folles qui n’ont de mauvaise que le nom. Il y est question de relations filiales (Daddy), de l’absence de l’être aimé (le bien nommé L’absence), de la fin d’une relation intime/amoureuse (Dans ce jardin). Des thèmes qui n’ont rien de surprenant en soi, car souvent évoqués dans de nombreux titres de nombreux artistes, néanmoins, ils possèdent ici un charme particulier.
Musicalité tous azimuts.
Question musique, car nous n’en avons toujours pas parlé, nous sommes dans un tourbillon foisonnant qui nous éparpille entre folk, pop, électro soft et emprunt d’une certaine démarche classique. Un groupe comme Venus nous vient en tête, une Agnes Obel également tant leur mariage entre musique classique et pop fonctionne à merveille. Blaubird joue dans la même catégorie, avec la même réussite. Le disque se tient incroyablement bien, dévoilant ses charmes à mesure des minutes qui défilent.
Nous sommes dans un entre-deux où le côté léger côtoie le côté terrien d’une folk épurée, minimaliste. Les violons, violoncelles s’entremêlent à des guitares électriques et des arrangements électro plein de finesse pour un résultat insolite qui, nous l’avouons, nous hérisse les poils des avant-bras. Un titre comme Blue Bird, plus pop, se rapproche pas mal de groupes majeurs comme Radiohead, tandis qu’un autre comme On Levouch nous évoque plus un trip hop métissé d’orientalisme avec ce chant en Yiddish. Les titres plus folks (en particulier One), eux, nous évoque un peu celui de l’esprit contestataire des années 60, avec cependant une modernité toute actuelle (grâce à de légère nappes vaporeuses).
Un disque qui s’inscrit dans la durée.
Blaubird nous offre donc un Rising-La fin de la tristesse qui ne devrait pas nous quitter de sitôt. Parce qu’il renferme des richesses insoupçonnées qui ne manquent pas de nous surprendre à chaque nouvelle écoute. Parce que ses thèmes, universels, entrent en résonances avec nos histoires. Enfin parce qu’il possède cet élément innommable qui fait qu’il nous est essentiel, simplement. Cet élément est la convergence de tellement d’autres, plus petits, qu’il nous est impossible de savoir qui ils sont exactement. Si, parfois, une certaine noirceur surgit sans prévenir, elle est immédiatement contrebalancée par la douceur de la voix. La mélancolie, elle aussi, s’efface au profit d’un mouvement allant vers l’avant.
Mais comme un immeuble ne peut tenir debout sans fondations solides, il en va de même avec Rising-La fin de la tristesse. Sa force vient de ses racines, des histoires de vie de ses créateurs qui, définitivement humain, produisent ici un disque qui fait sens. Ne pas oublier d’où nous venons pour ne pas nous perdre sur le chemin qui s’offre à nous, tel semble être le message de ce disque indispensable.
Blaubird sera en concert le 8 mai café de la danse (en première partie de Jay Jay Johanson, concert complet).
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