DEAD CAN DANCE Dionysus
Parfois, il est question d’évidence. Comme si rien ne pouvait être autrement, comme si rien ne pouvait se mouvoir sans une force qui nous dépasse. L’univers tout entier répond à cette simple logique que quelque chose de plus grand existe.
Depuis des années, le groupe a développé sa musique pour arriver avec ce Dionysus, paru en novembre ( chez PIAS). Le chemin qu’il a emprunté fut chaotique, certains furent laissés sur le bas-côté, pourtant, plus de trente ans plus tard, il existe toujours et nous hante avec ce disque, en deux actes.
Deux actes mais un même esprit qui l’habite de bout en bout. Produire une musique qui rend caduque toute parole, si ce n’est quelques envolées arabisantes, ou plus anciennes peut-être, comme la voix du monde depuis sa création. C’est le cœur de la vie, l’aspect viscéral de celle-ci que retranscrivent ces voix, parfois lascives, parfois mordantes, parfois berçantes ou envoûtantes, sensuelles, animales.
Elles répondent à la musique, puisée loin au fond de ses auteurs. Organique, puissante, feutrée, elle répond à des qualificatifs à la fois proches et éloignés, qui sont aussi liés à notre interprétation, à notre vécu, à notre histoire et à celle, plus vaste, du monde qui nous entoure. Cette transe chamanique sur laquelle se greffent bêlement ou souffle du vent nous ramène à la terre, au concret.
Certains définiraient cette musique de world, ou de new age, nous la désignerions plutôt sous un terme plus général, celui de musique de l’être. L’équilibre que le groupe génère n’est pas celui d’une personne, de plusieurs entités, mais bel et bien d’un réceptacle de ce qui nous entoure, nous nourrit. Arpège de guitares, claviers, cordes, tout semble couler du même bloc d’inspirations, vagabondes et pourtant puissamment ancrées au sol. Naturelle, elle jaillit de l’imagination du groupe comme la source jaillit des montagnes pour se jeter dans l’océan.
Avec Dionysus, Dead Can Dance nous amène à entrer en nous-même et à puiser un réconfort indiscernable. La transe, la danse, la piété, la méditation, ces sensations s’emparent de nous sans nous lâcher. Longtemps résonnent alors ces 7 titres (trois pour le premier acte, 4 pour le second), ils ont éveillé une part éteinte de notre conscience.