22-37, de Tago Mago à Jaws of love
Nouvelle sélection musicale du vendredi 25 novembre
Et si nous laissions la parole aux claviers, à l’électronique ? D’une façon sensible et inventive, pleine de vie, les artistes ici présents, à une ou deux exceptions, démontrent que les machines ont de bien belles choses à dévoiler. Ainsi, de Tago Mago à Jaws Of Love, l’inventivité répond présent et nous entraine loin des sentiers battus. Idem pour les artistes plus pop qui renouvellent, encore et toujours, ce style désormais grand-père. Régalez-vous avec cette nouvelle playlist 22-37 !
TAGO MAGO
Le groupe sera présent, début décembre, aux fameuses Transmusicales de Rennes. Est-ce une surprise ? Ce festival défricheur a souvent le nez creux pour déceler les talents de demain. Et Tago Mago en fait, d’une manière certaine, partie. En mêlant jazz et sonorité électro, le duo, Rennais, propulse sa musique vers la stratosphère. En effet, véritable voyage stellaire, vaguement angoissant, Trop Pris ! nous enivre par ses facéties et sa fraicheur musicale. C’est un peu comme si le groupe découvrait tout pour la première fois et le restituait de façon spontanée sur ses fûts et autres touches de clavier. Le résultat, dansant et tripant, s’avère absolument captivant et entrainant. On a hâte de les découvrir pour de vrai et de passer avec eux un vrai moment plein de magie ! Le premier album du duo est prévu en 2023.
BT 93
Histoire incroyable et improbable que celle de BT93. Alors que son premier album, tombé aux oubliettes, est ressorti il y a de cela quelques années, BT 93 revient avec des titres inédits, dont ce … BT93. Avec pas mal d’humour et d’autodérision, avec aussi pas mal de clairvoyance, BT revient sur son histoire et tire un trait sur 30 ans d’absence sur les ondes (enfin presque 30 ans). Toujours avec ses claviers et avec son chant en français, BT93, ici suppléé par Stupeflip (dont la référence à King Ju dans les lyrics) propose un titre à la croisée d’Air et d’une forme d’exubérance un peu désabusée (et poétique d’une certaine manière) à la Philippe Katerine. Le nouvel album de BT93, BT2033, sortira le 27/01/2023 chez Dragon Accel / Modulor.
NAHOTCHAN
Il n’en faut parfois pas beaucoup pour nous propulser à des milliers de kilomètres de là où nous sommes assis/allongés/debouts. Grâce à son univers folk et acoustique, Nahotchan revient avec une captation live et nous envoie, on ne sait trop comment, en plein midwest américain ou plutôt sur les terres plus sauvages du Canada (voir quelque part au milieu des étoiles) avec Fly to the moon. Sans gros effets mais un art très dosé de la mélodie qui accroche et des arrangements, cette composition nous fait un gros effet, nous extirpe de notre quotidien pour le rendre un peu plus féérique et beau. Une très belle mise en bouche en attendant un futur disque qui devrait arriver en 2023. L’attente sera rude.
MATT HOLUBOWSKI
End scene commence sous des auspices oniriques camouflés dans les cils endormis de Matt Holubowski, avant de s’éveiller à une pop plus dynamique et presque épique. Énorme travail sur le chant, qui déclenche son lot de fourmillements et de plaisir, mais également pour cette composition au long cours (plus de 6 minutes), qui alterne les ambiances et se dévoile presque à elle seule en bande originale de film. End scene en serait peut-être la musique de fin, mais elle pourrait aussi, par sa narration, en être le commencement, le développement et la conclusion. En tout cas, nous adhérons totalement à cette esthétique que ne renierait pas le festival de Sundance par exemple.
CHRISTINE VALENÇA
Pourquoi ce titre fonctionne-t-il ? Sans doute parce qu’il est porté par un groove indéfectible et une essence pop de très belle facture. Sans doute parce que le brésilien, langue se rapportant plutôt aux musiques du monde, souvent latines, forcément, trouve ici un écho particulier lui permettant simplement d’entrer dans une dimension plus vaste et universelle. Dans tous les cas, cette musique surprend, détruit quelques clichés (comme celui précédemment évoqué) et surtout nous séduit par ses sonorités relativement inédites. Du coup, on dit trois fois oui !
JAWS OF LOVE
Morceau qui se dévoile comme un diamant à plusieurs faces, 5 years débute de manière sombre et se termine de façon totalement lumineuse. Partant d’une base électro pure et dure, sur laquelle, progressivement la voix puis divers instruments plus classiques apparaissent, il se termine en vrai titre pop. Sans ressembler à quoi que ce soit de connu, en reprenant pourtant des éléments bien connus, Jaws of love propose une musique intelligente et hybride, mais surtout très personnelle et absolument bien foutue. 5 years nous fait voyager d’un extrême à l’autre du spectre émotionnel et nous n’y trouvons absolument rien à y redire. Une belle découverte et un album sorti le 11 novembre répondant au nom de Second Life (Jaws of love records)
Patrick Béguinel
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