DR FEELGGOD, La Grande Ourse St Agathon

Dr Feelgood

Dr Feelgood, crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

Une constellation de têtes à cheveux blanc.

Rendez-vous à Saint Agathon est pris pour voir sur scène les légendaire DR Feelgood ! Où ça ? me scande un soixante-huitard que j’avais embarqué avec moi en ce samedi 22 Octobre 2022.
À La salle de concert la Grande Ourse près de Guingamp.
Ah ben oui ! si c’est près de Guingamp, on devrait trouver !

Sur le coup de 20h30 c’est plus de 350 personnes qui avaient fini par trouver la salle au nom de Constellation, probablement en suivant l’étoile polaire. La nuit était claire et une constellation de têtes à cheveux blancs se présentait en file d’attente, myriades d’étoiles se déplaçant à la vitesse de la lumière (du siècle dernier).

Il faut dire que ce soir, c’est un nouveau voyage dans le temps auquel on a plaisir à participer. Retour vers le futur en 1971 avec le fameux combo anglais Dr FEELGOOD, ou du moins ce qu’il en reste.

Changement d’époque dès que l’on rentre dans la salle. Pas de vigiles, pas de fouilles, on se croirait presque revenu en 1970. Un petit tampon sur la main et nous voilà libre d’entrer et de sortir de la salle. Les spectateurs de ce soir sont des fidèles plus que des curieux du groupe de Rock anglais. Leur âge respectable explique leur positionnement assis en gradin plutôt que debout dans la fosse. Il faut dire qu’eux ont connu le basculement, au milieu des années 1970, du rock vers un son plus nerveux, mélange de rythm’n’blues et de son garage, un son punk en devenir.

Un peu d’histoire.

Le groupe Dr FEELGOOD débarque avec son premier album « Down By The Jetty » en 1975. À l’origine, le chanteur et harmoniciste s’appelle Lee Brilleaux. Avec sa voix rocailleuse et sa gestuelle, il a de quoi inquiéter la ménagère des années 70. Il est accompagné de son guitariste Wilko Johnson, guitariste au regard halluciné et au jeu de guitare mécanique. Le son de la batterie de Johnny Martin et de la basse de John B Sparks complète à merveille la musique du groupe.

En 1977, Gypie Mayo succède à Wilko qui tente l’aventure solo. Le son du groupe devient plus classique. Au décès de Lee Brilleaux en 1994, Dr FEELGOOD comptait 4 albums studio et plusieurs concerts live. De nombreux musiciens se succéderont au sein du groupe après la disparition de Lee et reprendront la tournée du nouveau Dr FEELGOOD dès 1996 « On the Road again ».

La formation actuelle a elle aussi de la bouteille puisqu’elle remonte à 1983, soit quasiment 40 ans ! On y retrouve Phil H. Mitchell à la basse, Kevin Morris à la batterie, Gordon Russell à la guitare (de retour depuis 2021 après un premier passage de 6 ans) et Robert Kane le chanteur, petit jeune puisqu’il fait partie du groupe depuis seulement 23 ans ! Sur le CV, il s’agit d’un ex- Animals : une bête de scène quoi.

Dr Feelgood, crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

Têtes connues en 1ere partie !

L’excellent combo brestois composé d’Étienne Grass et de Lionel Mauguen du groupe « Howlin’ Grassman Vs Stompin’ Bigfoot » avait précédemment ouvert la soirée. Une setlist, d’à peine 30 minutes, suffisamment nerveuse pour déboucher les oreilles des spectateurs. Nous avions déjà eu le plaisir de voir à l’œuvre, une semaine plus tôt, les deux brestois au Barbe. Les voir sur une vraie scène, avec un public conséquent, avait de quoi nous ravir.

Belle entrée en matière à base de blues, de proto punk des 50’s et de riffs plus contemporains. Un peu moins d’anecdotes racontées, vu le timing serré, mais tout de même quelques provocations toujours aussi agréables et jamais méchantes. Pour un public « qui a dû connaître l’usage des produits psychotiques (nouvelle allusion à leur âge, désolé. Ah les années 1970 !). Ou une blague sur la belle ville de Brest : « c’est la Venise bretonne, sans les moustiques ! ».

Une mise en bouche musicale, pendant laquelle la salle de la Grande Ourse s’est copieusement remplie de fans arborant Tee-shirt à l’effigie du Docteur. La preuve, une file d’attente presque interminable à l’entracte devant le bar (associatif). Là encore on remonte le temps, la bière est servie en bouteille ou en verre. Le plastique est banni de la circulation (Précurseur va !).

Howlin Grassman VS Stompin Bigfoot, crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

La tête d’affiche !

Pas le temps de se rincer le gosier ! les riffs de guitare du Dr FEELGOOD se font déjà entendre et ce n’est certainement pas dans la salle d’attente qu’il convient de passer du temps, mais bel et bien dans le cabinet du médecin tant attendu. Fallait-il prendre sa carte vitale ? Pas le temps de la dégainer que le chanteur Robert Kane (68 ans) saute de partout. Les 3 autres membres, dont le jeune guitariste Gordon Russell (64 ans), restent plus calmes dans un premier temps.

La prestance de Kane, arborant un pantalon noir slim, chemise noire et veste velours couleur Bordeaux fait penser à celle des rockeurs d’autrefois. Un mélange de Mick Jagger et de Jimmy Somerville (les cheveux en brosse rasés sur les côtés). On est à Saint Agathon ou au stade de France au final ? Quel enthousiasme  (qui n’est tout de même pas une raison pour nous faire travailler jusqu’à 65 ans !)!.

« Salue Saint Agathon, If you’re ready, let’s go.» Le bougre, il parle Français !

En promotion du nouvel album.

Le groupe vient de sortir un nouvel album « Damn Right » dont il interprétera plusieurs extraits. Kane nous incitera (en français une nouvelle fois) à en acheter un exemplaire CD à la fin de sa prestation.  Presque trop insistant à mon goût, pour un groupe mythique, mais reflet tout de même de la vie qui passe et des frais inhérents à la profession émérite de rockeur.

Cependant, pas le temps de philosopher, reprenons le cours de la danse et du concert ! Eh oui au premier rang, une maman rockeuse et sa fille remuent « façon YéYé ». Je suis surpris de l’enthousiasme directement affiché du public. Je perçois aussi cette surprise dans les yeux du guitariste et du chanteur qui s’en donneront à cœur joie pour affirmer ce charisme du début à la fin de la prestation.

Entrée en matière nerveuse, « Drives me Wild », puis ralentissement avec « No Mo Do Yakomo ». Nouvelle accélération avec « I can tell’ » et premier solo de guitare entre 2 virages. Ce ne sera pas le dernier !

À ce stade, on se rend compte que de la bouteille, c’est top d’en avoir quand on est musicien.

Dr Feelgood, crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

Réveiller les souvenirs.

Le voyage dans le temps se fait à grande vitesse et Le Docteur est venue avec des potions magiques, des bons vieux titres comme « All through the city » « Down by the Jetty » « She does it right », mais aussi des chansons plus récentes comme « Mary Ann » « Damn right I do ».

Kane est déchainé et arpente la scène de droite à gauche avec pour seul moment de répit les moments où il souffle dans le mythique Harmonica (instrument préféré du regretté Lee Brilleaux).
Moins loquace et caché par ses cymbales, Kevin Morris maintient le rythme. Son acolyte de 40 ans Phil Henri, le bassiste, joue droit dans ses bottes (des chaussures rockabilly vintage noires « Creepers »).

Il sourira tout au long du concert. Sa ligne de basse sonne si bien qu’elle parait rouler en toute autonomie sur leur titre à succès « Roxette ». C’est vrai qu’elle devait être jolie cette fille ! Vu l’engouement du public de ce soir, certains l’ont peut-être croisé ?

Dr Feelgood, crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

Toujours jeunes et fringants !

Montée en puissance quand les riffs de guitare de Gordon Russell, propulsés par le petit morceau de métal « Bottleneck » sur le titre évocateur « Back in the night », résonnent. Il aurait d’ailleurs pu faire rouler une bouteille de bière comme à la grande époque au vu de l’absence de consigne de ces dernières au bar associatif. Mais trêve de plaisanterie on n’était pas obligé de boire de l’alcool ce soir ! On pouvait se rincer le gosier au lait et les oreilles au son, avec le titre « Milk and alcohol », histoire de rester en forme pour taquiner l’alligator « See you later alligator ».

L’excès de plaisir peut vous conduire à rentrer précipitamment à la maison ou chez le docteur, mais avec ces 4 là, on en redemande. « Going back home »et « Down at the doctors » clôtureront cette heure quinze de concert.

Pause express et revoilà nos 4 sexagénaires remontés comme une pendule anglaise. Incroyable cette énergie ! Je prends un peu de recul pour capter ce rappel en vidéo et je me rends vraiment compte du succès du groupe qui terminera le voyage en emportant son public sur la « Route 66 ». Une conquête de l’Ouest pour un public déjà conquis.

Heureux.

Merci docteur, la prescription fut bonne, pas besoin de cachets ce soir. Vous avez mérité le votre. Portez-vous bien et conservez cette forme pour les 20 ans à venir. A voir votre sourire à 70 ans, c’est tout ce que je me souhaite (et je précise que mes cheveux sont blancs depuis bien longtemps).
Sur le parking, en raccompagnant mon ami soixante-huitard je devine qu’il a passé une très bonne soirée. Il me le dira d’ailleurs, le lendemain, en précisant que le concert fut très bon à Saint Agathon.

Dr Feelgood, crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

 

Fabrice et l’Oreille Classée

Depuis mon adolescence j’écoute de la musique. Mes gouts ont évolué au gré de mon acné mais se sont très rapidement orientés vers un Rock plutôt sombre, au premier abord, mais toujours lumineux une fois qu’on a parcouru le chemin de la mélodie. Des CURE aux SMITHS en passant par NEW ORDER, cela vous donne un indice sur mon âge et de mon terrain de jeu de prédilection. Derrière cette coquetterie, se cache une vraie passion.
Depuis toujours : j’ai l’oreille curieuse et tendance à classer les choses. Un TOC ? Non ! une exigence vis-à-vis d’un art majeur et ce d’autant quand il s’exprime en Live.
Fabrice et l’oreille classée est une page musicale que j’ai créé il y a 2 ans. A travers mes chroniques je cherche à faire connaître à un maximum de personnes cette musique, qui me remplit l’esprit et me fortifie le cœur. Je ne suis pas nostalgique d’un passé révolu mais tourné vers le moment présent, avec un œil dans le rétroviseur de temps en temps, tout de même.

Le live est un moment intemporel, il révèle (ou pas) l’artiste.

Je vis l’expérience de la scène généralement après une écoute approfondie des albums du groupe. Maîtriser son sujet, en restant d’abord dans le contrôle et se laisser ensuite balayer par l’émotion individuelle puis collective. De vrais moments de communion que j’aime ressentir et retranscrire en toute humilité dans les live report. Une petite histoire, à l’écoute des spectateurs et au service de la musique. Sérieux le garçon !
Concentré, certes, mais toujours disponible pour parler musique autour d’une bonne bière entre 2 concerts.

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Lire un autre live report de Fabrice : Laura Wild, au Barbe

 

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