Brook line / Modern Men, live session (Reset 1.2)
À la conquête de la France, captation vidéo au musée d’art modern de Rouen.
Qui a dit que les musées sont chiants ? Qui a dit que la culture avait un pied dans la tombe depuis l’avènement du covid ? L’histoire, à travers l’art, est un vivier d’images incroyables, témoignant d’actes forts, de prises de risque(s), d’engagement(s). Alors, programmer, pour une prestation commune, deux entités musicales fortes, au centre d’un lieu d’histoire ne pouvait donner qu’un résultat explosif. Et nous n’allons pas vous cacher que Brook Line / Modern men dévastent tout, pour notre plus grand plaisir.
Mais revenons un peu à la genèse de ce projet un peu (beaucoup) frappadingue. Tout d’abord, c’est quoi Reset (hormis ce bouton qui nous permet de remettre les comptes à zéro)?
Reset dit ceci : « on redistribue les cartes
Deux groupes > un lieu clé > une prestation inédite
On ne fait pas taire la musique, on la redémarre
Les musiciens collaborent dans vos lieux de vie
Reset remet du liant entre la culture et le vivant . »
C’est clair ?
En investissant divers monuments du patrimoine Normand (oui Rouen est en Normandie), Reset se propose de « capter, au sein d’une identité visuelle fortement établie, des performances musicales croisées, collaboratives, entre groupes et musiciens de tous horizons, dans des lieux choisis. » Ils donnent ainsi à voir, à montrer, ce dont ils sont capables et ce que la culture a à démontrer (qu’elle se bat, encore et toujours contre les obscurantismes visant à la museler).
Électro punk au musée.
Ainsi, une entité musicale, formée de deux sensibilités (celle de Brook Line et celle de Modern Men, autrement dit du duo formé pae A et Q), prend forme et vie dans ce musée et nous délivre une claque électro punk saisissante, rehaussée par une captation vidéo nerveuse et graphique. Le tout nous laisse exsangue sur le bas-côté de cette piste de danse improvisée, que nous aurions plutôt vu s’exprimer au sein d’un squat ou d’un technival. The prodigy n’est pas très loin et le résultat de cette collaboration nous fait, on l’avoue, bien saliver (nous espérons qu’elle débouchera, pourquoi pas, sur des projets futurs communs).
Impossible de reste insensible à la violence émanant du cri, euh du chant, tout comme de ces pulsations cardiaques émanant de machines sans âme. Pourtant, sous la magie des doigts qui s’activent, elles prennent vie, ces machines, respirent et crachent un feu violent, celui d’une révolte qui gronde depuis trop longtemps. Représentation de l’enfermement, de la division, coupler ces deux formations met un coup d’arrêt à une situation ne pouvant plus perdurer. Quand la musique vrombit, elle peut encore (et toujours) changer, et pourquoi pas sauver, le monde.
Abrasif, laissant un goût de métal sur les amygdales, À la conquête de la France montre bien que la jeunesse en a encore dans le falzar. Dont acte.