Sélection The LONGOODBYE à ONK LOU (+Bonus)
Nouvelle sélection du vendredi !
Longue playlist, avec plein d’artiste possédant cette petite touche d’originalité qui fait le job. Mentions spéciales ici à The Longoodbye, La cabane de Baldwin, Senbeï, Matcha, Mériadec Gouriou trio et Karl Jannuska. Mais les autres, vous vous en doutez s’ils figurent ici, valent amplement le détour également. Découvrez vite notre « sélection The Longoodbye ».
THE LONGOODBYE, Tomorrow never came.
Nouveau single pour The Longoodbye qui nous délivre toujours cette même pop délicate, légèrement rétro futuriste dans le cas présent. La voix, une nouvelle fois, véhicule une émotion vibrante en n’hésitant jamais à s’envoler vers quelques octaves improbables. C’était le cas dans Love was over (https://litzic.fr/breves/selection-video-squarepusher-aldo-thelongoodbye-aurus/) et The longoodbye confirme la donne de façon parfaite.
Le clip, sur lequel se déroule ce nouveau titre est une ode à la liberté, autant celle de l’esprit que celle du corps. L’image de l’asile nous évoque le confinement forcé qui fut le nôtre, mais aussi les propres limites que nous nous infligeons nous-mêmes, sous quelque forme que se soit. Cet artiste israélien, qui soigne autant le fond que la forme, nous fait décidément un gros effet.
LA CABANE DE BALDWIN, Meirav.
Clip aux couleurs néon, romantisme au charme désuet, sur sonorités pop lascives. La Cabane de Baldwin, avec Meirav, semble comme figé hors du temps, tout comme étant totalement en phase avec son époque. Désabusé, mais étrangement et paradoxalement joyeux, même si tirant une tronche pas possible dans le clip, c’est une espèce de bouffée d’oxygène complètement à part que nous propose le groupe.
Il annonce d’ailleurs un nouvel album à paraître l’an prochain (chez le toujours très bon Pop club records) et clame, l’air de rien, qu’il « compte entériner son projet ultime, à savoir de défigurer à jamais le visage maussade de la musique pop de l’ère post-internet. » Cette première pierre à l’édifice (même si un premier album du groupe est déjà paru en 2018) semble placer le quatuor genevois sur la bonne route pour ce faire, ne reste donc plus qu’à concrétiser la chose !
SENBEÏ (et ses fans), Naoned.
Peut-on dire que sur ce clip Senbeï a la tête des mauvais jours ? Qu’importe cet humour pourri (le nôtre, pas le sien), ce titre dégage une certaine poésie, tant dans l’image que dans la musique. Naoned, tout juste paru, est extrait de son nouvel album Tōitsu qui a été enregistré avec ses fans. En effet, ceux-ci, par le biais d’un groupe facebook, ont pu communiquer avec Senbeï, lui faire des suggestions, lui apporter des parties musicales que l’artiste a ensuite mises en forme dans un tout homogène.
Il dit ceci : « Ce projet a été lancé pendant le confinement de 2020. Comme beaucoup de gens, je me suis retrouvé coincé chez moi, plus de travail, plus de tournée. J’ai voulu en profiter pour lancer un projet collaboratif en faisant appel à mes fans via les réseaux sociaux. Au départ, j’imaginais juste faire une chanson comme ça, en piochant parmi leurs idées, un sample par ci, une prise de guitare par là. Je ne pensais pas que ça prendrait une telle ampleur. On s’est vite retrouvé à 500 sur un groupe de discussion dédié. Et ensuite, tout s’est emballé. »
Preuve s’il en est que d’une part, tous les artistes ne sont pas inaccessibles, d’autre part que la musique est un objet magique qui unit les gens plus qu’il ne les sépare. On vous en dira très bientôt plus sur ce bel objet.
STEROMAN, Pourtant je sais (You and I)
Il y a quelque chose de touchant dans ce titre. Une forme de naïveté quant au sentiment amoureux, une forme de pureté. Elle est mise en forme dans un premier temps sur quelques arpèges de piano avant de se compléter par une présence plus électro. Steroman, avec Melo, délivre un titre délicat, à la mélodie qui s’imprègne en nous.
Même si nous sommes peu fans des voix trafiquées, celle de Steroman, ici masquée par un effet micro/téléphone fait le job de façon plus que convaincante puisque l’émotion qu’elle véhicule n’est jamais amoindrie par un quelconque recours à la technologie. Le texte, bien écrit, s’éloigne des clichés même si son thème est, on ne vous apprend rien, un classique de la musique. Sans sombrer dans le stéréotype, Steroman délivre un morceau qui fait mouche, qui émeut. Simplement, avec sincérité.
KARL JANNUSKA & SOFIE SÖRMAN, Featherweight.
Jazz, aux reflets trip hop, Featherweight attire inexorablement à lui. Le motif premier, instrumental, piano, batterie, évoque effectivement le jazz pur et dur, avant que la voix de Sofie Sörman survienne. Le thème change, nous plonge dans un univers plus trip hop, moderne, mais pour autant cohérent avec le motif initial.
Par la suite, les deux s’entremêlent et nous délivrent un titre à la sensualité autant instrumentale que vocale. Il y a une légèreté dans la composition qui transparaît par les arrangements, relativement minimalistes du morceau. Il résulte de ce titre une certaine chaleur, quelque chose qui nous prend et ne nous quitte pas avant un long moment. En un sens, Featherweight est comme le premier moment qui suit le réveil : il ouvre nos sens à ce qui suivre, en donnant l’impulsion qui nous guidera jusqu’au couché. La fin du titre, en ce sens, développe une énergie qui réchauffe ces jours d’automne.
REPETITOR, Kost i Koža
Autre ambiance avec Repetitor. Le groupe serbe fait ici dans le rock, tendance très abrasive, à la limite du metal. Ne comptez cependant pas sur nous pour vous expliquer de quoi parle ce titre, le serbe n’étant pas dans nos compétences (on a déjà du mal avec l’anglais). Néanmoins, on sent un certain malaise, un mal-être mis en avant par un clip à l’esthétique qui ne nous laisse absolument pas indifférents.
On navigue donc sur une musique tendue, explosive, exprimant une révolte intérieure qui ici explose à la face du monde avec un motif pénétrant, obsédant. La voix aide à propulser cette électricité vers des sommets du genre et nous donne sacrément envie d’en découvrir plus sur ce groupe possédant un talent certain pour instaurer une ambiance crépusculaire légèrement angoissante. A suivre donc ! Leur album Prazan prostor među nama koji može i da ne postoji vient de sortir chez Moonlee records.
MÉRIADEC GOURIOU TRIO, Hystéro
Petite découverte qui nous sort des sentiers battus. Parce qu’il n’est pas dans nos habitudes de placer une musique de ce genre sur litzic. Néanmoins, plusieurs éléments font pencher dans la balance pour placer Mériadec Gouriou trio dans cette sélection. Outre le fait qu’il soit breton, nous aimons particulièrement ce mélange d’instruments folks avec le jazz, qui ne tarde pas à surgir sur ce morceau à l’intensité sans cesse croissante.
Le scat du chanteur nous prend aux tripes, cri primal faisant naître l’électricité. La stridence d’une trompette renforce l’empreinte émotionnelle qui se décuple et prend des formes inattendues. La base, à l’accordéon diatonique est répétitive, presque aliénante, mais délivre une certaine plénitude, comme un fil auquel se raccrocher sous la tempête, pour ne pas sombrer corps et âmes. Ce morceau nous donne d’incroyables frissons de plaisir et, chose relativement peu courante, nous porte les larmes aux yeux. Magique.
Mériadec Gouriou est ici accompagné par Rudy Blas (guitariste de Magma) et Ronan L’Houmeau (buggle, trompette). Son album sort très bientôt et nous vous en tiendrons informés, promis juré.
VIRAJE, Mouvement (live session)
Mêlant électro, rock et jazz, Viraje déroute, séduit, en s’extirpant de la masse des productions électro actuelles. L’utilisation de la voix comme instrument à part entière, avec un chant en français relativement peu présent permet déjà au groupe de se distinguer. Mais c’est véritablement par le traitement sonore apposé sur cette composition qui fait la différence. Sans doute parce qu’il garde un esprit jazz (rythmique et sonorité des claviers relativement « classiques » au jazz).
Les traitements électros apportent une atmosphère étrange, proche de ce que l’on peut entendre dans les films de science-fiction. La musique de Viraje se fait futuriste, tout en gardant un pied dans un traditionalisme lointain. La construction évolutive du morceau nous porte vers une forme de transe inédite, déploie son envergure après sa deuxième partie chantée comme pour mieux nous projeter dans un ailleurs fantasmé, fait de lumières et de sons inconnus mais résonnant de façon presque familière.
LOISEAU, Killing you.
Morceau à la structure là aussi évolutive, parfois surprenante, Loiseau semble se jouer des codes pour mieux nous séduire. Une basse expressive, funky, un chant proche de la soul, des guitare très rock, le tout pour un univers ne ressemblant à aucun autre. Il faut dire que quand on cite Coltrane et Zappa dans ses influences, on a déjà tout bon. Mais enocre faut-il digérer tout ça. Ce que Killing you prouve de façon explosive !
On aime ses riffs de guitare, heavy rock, ce groove patent qui ne manque pas sa cible. Parfum légèrement rétro, cuivres qui surviennent sans crier gare, autant de surprises inattendues et bienvenues. On en redemande car il se dégage aussi, de ce titre, aux alentours des 3 minutes, une ambiance cinématographique. De quoi surprendre donc, et de nous ravir par cette inventivité folle qui s’invite sur le morceau et, en l’espace de moins de six minutes, retrace en gros l’histoire de la musique depuis l’apparition du blues jusqu’au aujourd’hui (sans apport électronique néanmoins). Pas mal du tout.
ROSE ROSE, Sugar hill.
Un morceau qui se passe de commentaires. On pense au Get Lucky de Dafit punk avec cette basse présente, roulante, à Phoenix aussi, c’est chaleureux, doux, ça groove sexy, ça s’écoute en boucle, ça permet d’affronter l’hiver confortablement.
Très bien produit, très bien mixé, Sugar hill est simplement la marque des grands. Les voix dispensent des lignes de chant imparables, le tout sur cette rythmique qui invite à la danse, corps contre corps, ou en solo si le coeur vous en dit. Rose rose fait forte impression, avec une sorte d’humilité que nous apprécions. Bref, nous ne saurions que trop vous conseiller de vous laisser séduire par ce morceau à la classe internationale.
MATCHA x TANDO, Seule
Cette musique, ce n’est clairement pas notre kiff. Enfin d’ordinaire. Parce que Matcha nous met une belle claque avec ce morceau. Par sa voix déjà. Celle-ci exprime tout, sans subir de transformations vocodées, ce qui fait du bien. Elle impose sa présence avec une émotion palpable à chaque inflexion. Musicalement, derrière, ça déroule comme il faut. Nous apprécions particulièrement le pont hispanisant qui montre bien que ce duo fonctionne bien.
Si la pop urbaine a tendance à tourner en rond, Matcha et Tando montre qu’il peut être possible de s’extraire de la masse en se mettant à nu, comme c’est le cas dans ses paroles évoquant la solitude. Pas de « fausse » pudeur, le propos est frontal, nous expose autant qu’il expose la chanteuse, et cet uppercut s’avère salutaire. Sensible, puissant, Seule est un reflet d’une âme parmi tant d’autres, mais une âme qui s’exprime avec énormément de talent.
PIERRE-ANDRÉ, La grande exit
Base funk soul, La grande exit évoque le prisme de la fin, celle qu’on repousse par le jeu de ce qui fait du bien, et ce que nous ne voulons pas quitter. Plutôt bien fait, ce morceau pioche allégrement dans ce que la musique noire (période motown/stax) faisait de mieux. Qu’ajouter à cela ? Ca tourne, c’est bien produit, c’est positif, ça requinque aussi.
Le mix est impeccable, la mélodie reste en tête, sans devenir pesant. Et puis, finalement, qu’est-ce que ce titre si ce n’est un chant de vie ? Rien de plus qu’un bras d’honneur à la mort et une ode à tout ce qui est futile mais qui fait foncièrement du bien. Et nous on aime !
HEWAS, WHOLEthing Feat. Afroman
Un titre surprenant, mais qui, lui aussi, mais la vie à l’honneur. Optimiste, dégageant un côté festif, ce morceau à l’architecture vacillante nous charme à plein tube. Parce que c’est un peu un fourre-tout, à l’image de la vie, fourre-tout de rencontres, de sonorités, de rires, de bonne humeur, de soleil, de légèreté.
Inventive, plurielle, cette composition de l’Américain Hewas rappelle un peu les métissages de Gorillaz, mais à sa sauce à lui, qui s’avère doucement explosive, comme ces bonbons piquants et acidulés qui font le bonheur des petits et des grands. Ici, le plaisir est grand, à tout moment de la journée, et donne le sourire. Alors on dit trois fois oui !
ONK LOU, Cranes.
Mélange de gospel, de rock, de blues, avec une petite touche ultra-moderne, Onk lou fait mouche avec Cranes. Le rythme et la ligne de chant y faisant mouche instantanément, dégageant un truc puissant autant que viscéral et personnel. C’est direct, très bien produit, ça remue, ou du moins ça suscite l’étincelle de plaisir que nous recherchons jour après jour.
La voix est expressive à souhait, avec ce grain incomparable qui respire la sincérité. Ca donne foi en quelque chose de plus grand, de plus fort, donne du courage face à l’adversité en proposant un titre fighting spirit indéniable. Le morceau donne des ailes, ce qui n’est pas rien.
BONUS.
KACY+CLAYTON & MARLON WILLIAMS, I Wonder Why.
Parce que c’est bon, simplement.
Revoir la sélection de la semaine passée.
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