[SÉLECTION ] Comme dans une bulle, de Beach Youth à Serge Nader.

Nouvelle sélection du vendredi !

Comme chaque vendredi, nous dévoilons notre petite sélection de morceaux. Cette semaine, des morceaux qui nous ont touchés, d’une façon ou d’une autre, par leur caractère entier, mais également par cette sensation de nous retrouver dans une bulle pendant quelques minutes. Chaque artiste ou groupe effectivement propose une plongée pleine et entière dans son univers, délivrant une poésie, une sincérité, parfois une colère dans laquelle nous nous sommes identifiés. Nous vous laissons découvrir tout cela sans plus attendre.

beach youth, bulle BEACH YOUTH, Love yourself

Il fait froid, l’ambiance est morose et vous voyez cette fin d’année sous un mauvais éclairage, de genre de ceux qui rendent tout sombre. Alors il vous faut une petite cure de vitamines, un petit zeste de bonne humeur, portée par des guitares trépidantes, enlevées, et par cette spontanéité pop qui fait des merveilles. Sachez que Love yourself de Beach youth est le morceau idéal pour vous replonger dans une certaine allégresse, celle des happy days.

En effet, comment ne pas tomber amoureux de cette voix rappelant certaines productions datant des années 70, voix veloutée, douce, sur un tapis légèrement surréaliste au début du titre, avant de partir dans une fête étourdissante, en bord de plage, genre barbecue et feux de plage, entouré par ceux qui comptent, pour partager un moment de légèreté. La pop de Beach youth repousse très loin la morosité, nous rappelle que le monde, ce n’est pas de (faire semblant de) rester chez soi, mais véritablement d’embrasser le monde et les gens. Bref, ça fait du bien !

Love yourself est tiré de l’album Postcard qui restera le 29 janvier (Shelflife Records, Music From The Masses et WeWant2Wecord)

MASON VIA, Mardi gras (feat Sierra Ferrel)

Nous ne vous cachons pas que ce titre fait un bien fou. Parce qu’il évoque le Mardi gras, comme l’indique le titre de Mason Via, fête colorée se déroulant à la Nouvelle Orléans, terre qui éveille chez nous bien des fantasmes. Berceau du jazz, des big band, Mason Via lui donne dans le folk du bayou avec un titre à la fois explosif et dansant. Il réchauffe lui aussi le coeur, l’âme, et nous dit que décidément, malgré tout, le monde d’avant nous manque.

Porté par une voix expressive, des instruments en provenance directe du bayou, Mardi gras est une invitation au lâcher-prise, une déclaration d’amour à la musique. L’insouciance de cette musique nous touche de plein coeur, repousse l’obscurantisme, est une ode à ce que l’humanité a de plus beau. Et puis on aime ce parti pris tout acoustique, ce côté intemporel de cette musique, cette voix purement américaine. Ce morceau, c’est une bulle de champagne à savourer dans une foule colorée. Et ça, honnêtement, ça nous manque trop.

JAY LOU AVA, Attends moi

Voyage en terre jazz et world, sur un titre langoureux, à la guitare sensuelle, Attends moi déroule son thème de façon à nous faire pénétrer dans une bulle protectrice, ou rien ne semble pouvoir interférer avec un certain bien être. La mélodie, rehaussée d’une pointe de sitar, évoque un pays à la fois lointain et proche, dans le lequel se mélange des références d’ici et d’ailleurs.

On pense, par la dextérité des musiciens à Santana qui lui-même mélangeait jazz, rock et musiques latines. Les percussions en sont le pendant ici, tandis que les cordes évoquent un savoir-faire symphonique. La guitare elle est très jazz, irréprochable dans la chaleur de ses sonorités qui envoient valdinguer l’idée que nous pénétrons à petits pas dans l’hiver. Bref Attends moi est un titre qui réchauffe le coeur et les âmes.

PANACHE ! Paradis

Bulle d’amour, bulle de Paradis. Le nouveau titre de Panache ! nous propulse quelque part dans un club qui se serait échappé des années 80. En effet, les sonorités de clavier rappellent cette époque, même si, dans le cas présent, le morceau s’en écarte par une production plus actuelle. Dansant, grâce notamment à une basse assez funk, Paradis est une savoureuse déclaration d’amour à la légèreté, et à l’amour.

Les voix leads, les choeurs, tout nous berce dans un sentiment d’allégresse, dans un aspect positif, celui des balbutiements d’un amour naissant. Mais ne vous trompez pas car, derrière l’évidence de la mélodie, le morceau s’avère très très bien construit, ne laisse rien au hasard. Chaque élément mis en place par Panache ! se trouve exactement à la place idéale. Le seul défaut de ce titre réside dans sa (relative) brièveté. Nous attendons la suite avec impatience.

MHUD Scotchées sur des bancs

On aime ce côté rock, mêlé à une électro relativement hargneuse. La base rythmique possède un groove bien à elle, contrastant avec une ligne de champ qui semble, à première écoute, posée là un peu par hasard. Le tout nous entraîne dans un rythme bancal qui ne tarde pas à dévoiler ses charmes, toxiques. Parce que tout cela est évidemment fait exprès. L’effet est terriblement efficace puisque nous nous surprenons à nous trémousser sur notre fauteuil, derrière notre bureau.

Ce chant nous fait étrangement penser à Damien Saez, vous savez avec cette distance un peu hautaine. Les guitares sont plutôt inventives, la rythmique du couplet, hachée, dégage pourtant une énergie imparable, notamment lorsque, en arrière-plan, les arrangements apportent quelques effets discrets qui renforcent l’impact de celle-ci. Électrique, orageux, ce titre nous fait forte impression par son originalité et sa maîtrise mélodique.

HAUMEA, Sick

Alors nous et le métal, ça fait un peu deux. Parce que nous ne maîtrisons pas (tous) les codes. Néanmoins, nous voulions vous parler de Hauméa, groupe normand qui fait un métal plutôt original (enfin à notre avis de profanes). Il se rapproche un peu du math rock dans ses constructions, alternant passages bourrins et paysages plus sereins. En effet, les titres que nous avons pu écouter sur leur récent deuxième EP Leaving (sorti fin mars) nous montre un groupe qui peut, derrière une certaine « violence » cacher une sensibilité grosse comme ça. Alors on vous en parle vite fait.

Les guitares sont abrasives, la batterie lourde. Jouant les contrastes entre parties vénères et parties aériennes, entre voix gutturales et voix rock plus traditionnelles, le groupe a des choses à dire, et le fait, à notre humble avis, plutôt bien. Car le métal pour le métal, ça peut vite user. Mais Hauméa l’a bien compris et, en jouant l’alternance, séduit par la variété de ses climats, pouvant à la fois satisfaire les simples amoureux de rock bien pêchu et les métalleux pas forcément extrêmes (pas de virage franchement death ici par exemple). Un bon compromis en somme, qui rend le groupe accessible et surtout qui fait que nous n’abandonnions pas l’écoute au bout de deux minutes. A découvrir !

SUTJA GUTIERREZ, Empty flower pot.

Son album Phylax society sort aujourd’hui, mais nous sommes à la bourre. Alors, avant de vous dévoiler une chronique plus poussée de celui-ci, on vous propose ce single qui en est extrait, Empty flower pot. Pourquoi accroche-t-on sur ce titre ? Parce qu’il nous rappelle un peu le travail des Chemical Brother, mais avec quelque chose de plus… humain ?


Derrière une base rythmique hypnotique. Devant, une voix qui, comme les yeux, est le reflet de l’âme. Celle de Sutja Gutierrez semble sans frontières, c’est-à-dire qu’il ne la maquille pas, qu’elle sort de son ventre et qu’elle propulse, comme ça, dans l’air une émotion vibrante, sincère, et émotionnellement touchante. On revient vite, c’est promis, avec la chronique de l’album !

RALLYE, Théorème.

Psychédélique. Et chansons. Rallye fait ici le pari d’une pop psychédélique nous évoquant un peu Tame Impala, vite fait, avec un chant en français. On peut ne pas accrocher, mais nous, on a été scotché par cette voix plutôt haut perchée sur laquelle un léger effet est apposé, développant une impression kaléidoscopique (comprenne qui pourra). Elle ouvre le bal, avant que la musique impose un refrain imparable.

Tout ici baigne dans une sorte de langueur amoureuse, un romantisme timide qui se dévoile au fur et à mesure du titre. Simplement accompagné de clavier sur le premier couplet, le chant impose une ligne de chant parfaite. Quand, sur le refrain arrive les rythmiques et les guitares, le titre gagne en ampleur et nous guide vers un sommet de cool. Dur de rester de marbre face au talent ici dévoilé. L’EP de Rallye, L’âge d’or, sortira début 2021.

YAN WAGNER, Fais comme si.

Entame résolument 80’s, légèrement cold wave, Yan Wagner surprend par sa voix grave de crooner désabusé et par des lignes de chant qui font la différence. Titre à la fois dansant et relativement sombre, Fais comme si montre l’étendue du talent de compositeur de Yan Wagner qui s’apprête à sortir son troisième LP, Couleur Chaos, qui sortira le 05 mars prochain.

Loin d’être un clin d’oeil à la pop des années 80, loin d’être une pochade également, Yan Wagner réussit à tirer le meilleur du style tout en rejetant le pire. La production, quoique relativement marquée, s’extirpe des clichés du genre et propose une relecture très actuelle du « fantasme » des golden boys et surtout du « fantasme 80’s ». Il nous tarde de découvrir son nouvel album qui résolument nous portera dans une bulle nostalgico-moderne.

SERGE NADER, Valse des regrets.

Un artiste franco-libanais pour finir cette sélection du genre. Serge Nader, derrière une musique qui pourrait paraître joyeuse de prime abord déroule un spleen lucide, sur des lignes de chant d’une intensité et d’une vérité rares. Si l’entame du titre s’oriente vers une électro pop assez convenue, les arrangements et le travail sur le son font qu’il s’extirpe aisément de la masse des titres insipides. Mais surtout, c’est ce constat désabusé, cette impression que tout est faux autour de lui, de cette société guidée par les diktats des réseaux sur lesquels une seule facette de nos êtres est dévoilée, de ce quotidien que l’on joue en masquant nos sentiments et nos états d’âme, nous rapprochant chaque jour vers un état de « machine », qui nous parle et nous touche. Alors on partage, parce que c’est vrai et que la sincérité de Serge Nader, elle, ne fait aucun doute.

BONUS.

Un titre qui nous électrise, parce qu’électro, qui joue sur un phénomène entre mélancolie et libération. La musique de Macgray, sur Ants world impose des climats, pour nous plonger dans une bulle de sensualité.

Réécouter et revoir la playlist de la semaine dernière.

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter

soutenir litzic

Ajoutez un commentaire