[ PLAYLIST ] Sélection spécial reconfinement musical.
Nouvelle sélection de nouveautés musicales.
Nous n’allons pas vous mentir, le moral se situe à peu près au niveau des chaussettes avec ce nouveau reconfinement qu’on avait, il faut l’avouer, senti venir gros comme une maison. Si le dernier festival de l’année vient tout juste d’annoncer qu’il jetait l’éponge (eh oui, les Transmusicales de Rennes elles aussi succombent à la maladie de 2020), il n’en faut pas moins garder espoir. De nombreuses nouveautés voient le jour, des titres enthousiasmant, même si, dans cette sélection, vous pourrez ressentir le spleen d’artistes à la sensibilité exacerbée.
C’est pour ça que nous plaçons Maine in havana en tête de cette sélection, car sa musique nous fait un bien fou, parce qu’elle est éprise de cette liberté de ton que nous affectionnons tant. Retrouvez, à ses côtés, Brioche, The Day, Timothy Nelson, Juhan Ongbrian, Magalí Sare, Manoel Tosto, Metò, Thaïs et Déléo. Allez, on y va pour cette sélection « reconfinement musical » !
MAINE IN HAVANA, barren lands
Enregistrement LoFi, voix passée au micro téléphone (enfin nous ne savons pas comment ça s’appelle, si quelqu’un veut nous aiguiller sur le terme exact on est preneur), ligne de chant héroïque, sur fond de folk rock post punk, avec une fraîcheur garage absolument jubilatoire, Barren Lands nous séduit autant par le son que par l’image.
Do it yourself, vrille qui perfore les tympans, le morceau nous emballe à 100 %. C’est sans doute parce qu’il nous semble instantanément « comme nous », jeune, beau et fougueux (rayez la mention inutile). Bref, on accroche parce que c’est bien fait, que c’est du pur et dur, parce que c’est encore et toujours ce qui fait le sel du rock une musique vivante, et nécessaire. Amen !
BRIOCHE Le bal des crustacés
Teintes sépia, parfaitement (dans notre esprit) sixties, sous le soleil pop exactement, Brioche propose Le bal des crustacés. Avec ce petit quelque chose qui pourrait évoquer de la bossa, la musique du musicien est chaude, gentiment enlevée. Nous apprécions, derrière cette base pop pure et limpide, les quelques bidouilles qui nous transportent dans un ailleurs un peu moins balisé.
Ce morceau, nimbé d’une légère nostalgie, nous ramène en arrière de quelques semaines, en ce temps où nous pouvions nous promener librement, en bord de mer ou n’importe où ailleurs. Mention très bien pour ces choeurs chaleureux et cette guitare qui réchauffe les os.
Sans prétention, ce morceau est une invitation au lâcher-prise, à l’évasion, et il est, en ce sens plus que largement recommandé.
THE DAY , we killed our hearts
On pense instantanément à The Cure, à la new wave. Enfin du moins jusqu’à ce que retentisse cette voix féminine dont le timbre évoque pour nous celui d’une des Au revoir Simone (laquelle des trois ? Aucune idée, chacune d’elles, séparément). Pourtant l’aspect new wave laisse vite sa place à la pop suite à l’apparition de ce chant chaleureux. Et c’est elle, la pop, qui se déroule au fil du titre We killed our hearts.
Si spleen semble ici surgir à fleur de corde vocale, il est contrebalancé par ce rythme mid tempo supérieur, donne envie, comme ça, bêtement, de danser, tout seul (ben ouais vous savez pourquoi), dans son salon. Et, l’espace d’un moment plein de charme, de foutre le camp dans quelques souvenirs ressuscités. La production est ici enveloppante, dégage évidemment une sensation de nostalgie, mais reste toujours accueillante, moins plombante que l’entame du morceau pouvait le laisser suggérer.
TIMOTHY NELSON, Summer they say
Parfum de nostalgie, encore et toujours. Toujours emplie de pop, mais avec un soupçon de folk. Cette fois-ci, Summer they say, de Timothy Nelson nous place dans une presque lignée d’un groupe comme les Beach Boys, avec grains de sable entre les doigts de pied et pina colada à portée de main.
Si les couleurs sont une nouvelle fois légèrement sépia, elles évoquent pour nous de beaux souvenirs de vacances, d’insouciance, de légèreté. Le morceau, parfaitement calibré pour nous faire ressentir une indescriptible sensation de joie, est un ode à la vie, simplement. À noter que le musicien, ici en solo, fait également parti du groupe The kill devil hills (que nous avions croisé au Binic folk blues festival). Et que nous le préférons en solo qu’au sein du combo (mais chut, gardez ça pour vous).
JUHAN ONGBRIAN, Sail on
D’emblée, ce sont des sonorités boisées qui nous assaillent. Boisées et aériennes. À l’émotion émanant de cordes pincées. Guitare, batterie à peine marquée, électricité rassurante, Juhan Onghbrian arrive ici avec un superbe Sail on. Ce morceau évoque pour nous ce que pouvait proposer Santana à une certaine époque, à savoir un rock saupoudré d’effet jazz. Seule différence néanmoins, Juhan Ongbrian n’interfère pas avec la culture sud-américaine comme c’était le cas du célébrissime guitariste sus-nommé.
Pourtant, bien que différent, le talent des deux musiciens s’équivaut dans le pouvoir évocateur de leur musique instrumentale. Ici, le lâcher prise est incroyable, nous partons pour un autre univers, empli de douceur, en moins de 30 secondes. Et nous ne redescendons sur terre que bien longtemps après la dernière note évaporée dans l’atmosphère. Magnifique.
MAGALÍ SARE, beber de ti
Nous pourrions croire à une ambiance jazz à l’entame de Beber de ti. Il n’en est pourtant rien car Magalí Sare nous propose un voyage en terre pop. Aérien, plein d’un espoir ténu, parfois recouvert d’un léger voile mélancolique, son titre propose une palette émotionnelle vaste comme un océan.
Relativement aventureux, son morceau évite les passages téléphonés, et nous surprend par son charme et par le sentiment épique qu’il développe sur les dernières poignées de secondes du titre. Et c’est peut-être cela qui nous plaît tant : ne jamais sombrer dans une routine, et nous surprendre au dernier moment.
MANOEL TOSTO Feat Linda Mallé, down the river
Nous avons envie de vous faire du bien. De repousser, en musique, le spectre néfaste du reconfinement que, personnellement, nous ne comprenons pas. Alors nous chaussons tongues, maillots de bain et paréo, nous asseyons dans un transat, commandons une margarita et nous laissons dériver au fil de l’eau d’une rivière vivifiante (ou d’une vague de bord de mer tonifiante).
Avec Down the river, Manoel Tosto nous fait quitter l’hexagone pour un coin du Brésil (quelque part où Bolsonaro n’existe pas, puisqu’il s’agit d’un fantasme, vous l’aurez bien compris), et nous nous laissons bercer par cette mélodie enivrante, bien trop courte, et par ce chant bienveillant, mais qui, l’espace de deux minutes, nous fait oublier toute notion de grisaille. Ça fait un bien fou, vous ne trouvez pas ?
METÒ, Arvida
C’est la deuxième fois que nous parlons du travail de Metò, et ce n’est pas par hasard. Sa musique dégage en effet cette sensibilité à mi-chemin entre tension électrique et pureté folk. Il s’inscrit avec Arvida dans une pop aux teintes colorées d’un espoir exalté. Nous ressentons un sentiment nous envahir, celui d’être en présence d’un chanteur touché par une forme de grâce, peut-être un homme amoureux, prêt à affronter tous les dangers qui se dresseraient devant lui.
Guitare folk, arrière-plan plus électrique, choeurs et arrangements somptueux, le morceau déploie un sentiment épique au fur et à mesure de sa progression. Arvida nous donne des ailes au corps, du baume au coeur, et fait simplement fuir les idées noires. Bref, idéal en ce premier jour de reconfinement.
THAÏS, sushi solitude
Retour vers des sonorités plus mélancoliques avec Thaïs, qui raconte ici la fin d’une histoire sur fond de pop en français. Le tempo est lent sur Sushi solitude, repose sur des nappes de claviers expressives qui imposent un climat de tristesse certain. Le refrain tisse avec pudeur mais lucidité une rupture amoureuse. Le choix des mots est simple, mais chacun d’entre eux pèse de son tout poids et évoque une culpabilité sans détour de la part de la chanteuse/narratrice.
Les lignes de chant portent elles aussi ce spleen qui, au fil de l’écoute, semble disparaître peu à peu, pour nous laisser en présence d’une femme plus forte d’une expérience. C’est plutôt bien fait, délicat, et démontre déjà le talent d’une artiste pleine de tact.
DÉLÉO going home
Nous terminons cette sélection du vendredi par le nouveau titre de Déléo, Going home, dont Le clip est tout fraîchement sorti. Déléo, nous en avons déjà parlé car sa pop rock nous faisait plutôt un bel effet, se situant pas loin de groupes à la croisée de Radiohead ou, comme ici, Girls in hawaii. C’est plutôt bien fait, l’apport électronique apportant une couleur à la fois romantique, légèrement mélancolique, mais aussi un sentiment qui s’extirpe de tout ça, avec une forme de légèreté qui fait du bien.
Le travail sur la voix est très bien senti, d’autant plus que la ligne de chant est des plus efficaces. Elle repousse le fantôme d’épreuves néfastes loin derrière. Le propos du titre semble évoluer vers quelque chose de plus léger et nous laisse sur une sensation positive, de mieux-être. Bref, il conclut à merveille cette sélection au caractère peut-être un peu tristounet au premier abord, mais finalement pleine d’espoir !
Relire (ou revoir, ou réécouter) la playlist précédente (avec The Besnard lake par exemple)
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