[ PLAYLIST ] D’EVE MINOR à PASTICHE, une histoire d’ambiance.
Nouvelle sélection musicale du vendredi.
Pour cette nouvelle sélection du vendredi, le maître-mot est ambiance. En effet, chaque titre ici déploie une ambiance qui lui est propre et qui, souvent, surprend. Si dans le cas de la folk et pop folk de A choir of ghosts, Parson Jones & Just Jack ou Michael Dunstan nous sommes dans des sonorités propres au style, si dans le cas de The Reytons nous basculons dans le rock pur et dur Made in England, les autres morceaux, à commencer par celui d’Eve Minor nous placent devant la surprise. Une surprise enchanteresse, délivrant des couleurs inédites ou inattendues. Il en va de même pour Gabryël, pour Duo Brady (qui figure une deuxième fois dans nos colonnes) et de Pastiche. Enfin, en bonus, Seyes, délivre un titre lui aussi séduisant, à côté duquel nous étions passés, autant qu’énigmatique.
EVE MINOR, I’m bad.
À vrai dire, nous sommes les premiers étonnés que ce titre figure ici. Parce que Eve Minor fait partie de la catégorie urban, qui nous maintient en généralement à distance. Mais là, sur I’m bad, un truc assez exceptionnel se dégage. Une ambiance qui nous rappelle un peu Holy Miranda sur son The magicians private’s library. Tout se joue à la fois dans la voix et la ligne de chant et dans le caractère feutré de la partie instrumentale, en arrière-plan, comme pour, justement, donner le ton.
Alors nous ignorons si Eve Minor œuvre dans la fameuse catégorie urbaine. On retrouve certains éléments que l’on trouve parfois dans les morceaux rap, mais le chant, sans effet à la con (on pense au vocoder) est lui plus proche de la pop. En tout cas, le morceau dégage un charme insolent, un truc sexy aussi. Tout est ici élégant, très bien travaillé en matière de sonorités et de production. Bref, Eve Minor est un petit coup de coeur (en plus d’une très belle et inattendue surprise).
THE REYTONS, Red smoke
Que dire de ce titre ? Riff hyper efficace, ligne de chant qui l’est tout autant, nous sommes avec The Reytons et Red smoke dans un pur petit moment rock comme nous aimons. Les guitares sont acérées, la rythmique renforce l’impact sur les refrains, on pense à des choses comme les Artcis Monkeys, revu à la sauce 2020, avec une sorte de hargne, celle de ceux qui refusent d’accepter tout et son contraire, ou de voir les concerts comme une sorte d’Eldorado inatteignable pendant un moment indéterminé.
La production est au diapason de ce titre, la voix possède ce petit truc agressif qui vient du ventre. C’est donc du bon gros son comme on aime, dont on ne se lassera jamais en fait, et ça fait toujours autant de bien par où ça passe ! Et on espère que les anglais tourneront par chez nous quand toute cette merde sera terminée, car en live, si vous voulez notre avis, ça doit être quelque chose !
MICHAEL DUNSTAN, The wind blows
Petite parenthèse en terre pop folk. Guitare chaude, voix de velours, le démarrage de The wind blows nous met instantanément en confiance. Et ne la trompe jamais. C’est simple, élégant, produit de façon irréprochable, l’accent étant ici placé sur les atmosphères aériennes. L’espace que dégage cette composition permet de s’évader en un rien de temps, de retrouver la chaleur du printemps.
Légèrement nostalgique, mais de cette nostalgie des bons moments, que l’on se remémore en souriant, The wind blows nous charme durablement. La composition, quoi que classique, ne lasse pas. Elle possède un rythme bien à elle, que nous faisons nôtre, pour le meilleur.
A CHOIR OF GHOSTS, Skin & Bones
En provenance de Suède, A choir of ghosts déploie avec Skin & bones un titre folk dans la plus pure tradition. Guitare acoustique, voix en avant, rien à redire. En arrière-plan, une petite touche d’électricité, une nappe légère qui impose une ambiance légèrement épique, onirique aussi. C’est simplement beau, superbement mis en valeur par un clip dans une nature flamboyante.
Qu’ajouter de plus à cela ? Pas grand-chose. Si ce n’est que Skin & bones dégage une aura sincère, de vécu, et que cela ne nous laisse pas indifférents.
GABRYËL, Sans colère.
Ce titre est assez surprenant. Reposant sur une base presque austère, minimaliste, Gabryël pose une ligne de chant qui hisse le morceau vers un propos qui reste universel (question de filiation, de liens fraternels, de relations humaines quoi). La démarche artistique est ici menée à son terme. A peu de chose près, nous aurions eu droit à une prestation a capela, et la difficulté à s’exprimer sur si peu de musique montre un certain savoir-faire.
Forcément, tout reste un peu « rigide », dans le sens où il n’y a pas de sentiment épique, d’emballement lyrique. Les paroles du coup trouvent une résonance particulière sur cette musique. Néanmoins, nous pensons, peut-être à tort, que la musique de Gabryël peut être bien plus enlevée. Nous pensons cela car, sur Sans colère, lorsque les claviers égrènent quelques notes au couleurs vintages, on perçoit que nous pouvons vite basculer dans un autre « délire ». Bref, nous attendons d’en savoir plus sur les prochains événements de cet artiste intrigant.
DUO BRADY, Valse aux arcades.
Nous avions déjà parlé de ce duo particulier puisque s’exprimant par le biais de violoncelles. Alors nous ne résistons pas à vous dévoiler ce nouveau morceau, Valse aux arcades, mélange une nouvelle fois de musique de chambre et de world, légèrement teintée jazz.
C’est un morceau que nous qualifierions de folk, faute de mieux. Nous aimons l’atmosphère qui se dégage du titre, sa délicatesse, l’imaginaire qu’il propose. Nous aimons son énergie aussi, discrète mais toujours présente. Cette Valse aux arcades est un excellent moyen pour faire une pause, de se recentrer sur nous-mêmes, sur les émotions qui nous parcourent. Bref, c’est un morceau qui fait du bien, qui invite à lâcher prise, ce qui est tout sauf anodin.
PARSON JONES & JUST JACK, Flat earth theme
Ligne de chant convaincante, pop lumineuse, ce Flat earth theme de Parson Jones et Just Jack nous glisse dans un univers là aussi raffiné, peut-être plus attendu. Néanmoins le savoir-faire est bel et bien présent et nous conduit dans un univers accueillant, sans fausse note, sans sombrer dans une quelconque facilité.
Le mariage des deux voix dégage une douceur certaine. Le titre nous emporte dans une bulle, quelque part au-dessus des nuages, en toute légèreté, ce qui ne fait jamais de mal.
PASTICHE, Chasing down the fame
De la même façon que pour Eve Minor, rien ne nous prédestinait à faire figurer Pastiche dans cette playlist, son genre musical nous donnant en général de l’urticaire. Mais tout comme Eve Minor, elle nous épate par le traitement qu’elle apporte à sa musique, sans compter que Jade Roach possède une voix assez diabolique.
Le son est hyper léché mais s’extirpe du bourbier inhérent au genre, où les voix sont toutes trafiquées et fake. Ici, un effet y est apposé en fin de titre, vers 3 minutes, mais est majoritairement « nue ». Et elle dégage une sacrée émotion. On pense à un groupe comme Let’s eat grandma mais également, par certains aspects, à une pop que n’aurait pas reniée Michael Jackson. Bref, c’est malin comme tout, intelligent surtout, et nous présumons que si Pastiche continue sur cette voix, les portes du succès lui seront grandes ouvertes.
BONUS : SEYES, Dans l’arène
Seyes, c’est le duo formé par Charlotte Savary (Wax Taylor) et Marine Thibault. Dans l’arène est le deuxième single qui annonçait la sortie de leur premier album (Beauty Dies, sorti en janvier). L’électro pop du duo joue à la fois sur un aspect tribal (y compris dans ce clip) et dansant, les voix se posent et dégagent une sensualité satinée. Il nous fallait revenir dessus (même avec presque une année de retard).
Revoir la sélection de la semaine dernière.
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