[46] Émotion dramatique, de Wu-Lu à Cara Mia
Nouvelle sélection musicale du vendredi 26/11
Ce qui nous parle tant dans la musique, c’est l’émotion qu’elle dégage. Dans cette nouvelle playlist, cette émotion dramatique se ressent par des choix d’orchestration/instrumentation osés, des choeurs qui fendent le coeur, des mots qui visent juste. Tout cela contribue à nous faire réagir, de façon animale, involontaire, mais toujours si intense que nous ne pouvons rester de marbre. Ainsi, qu’il soit social ou intime, révolutionnaire et universel, ce cri est entendu, sans qu’il soit besoin de le hurler. Ou quand la musique dit les mots que la parole seule ne porte plus.
WU-LU
Spleen à couper au couteau sur Broken Homes de Wu-lu. Ligne de basse ventrale, rage qui reste un peu coincée dans les starting blocks, teintes mineures qui filent le bourdon, l’impact émotionnel du titre n’est pas de celui qui s’oublie comme ça. Couplé à une composition ambitieuse, un peu labyrinthique, du genre de celles que l’on ne comprend pas instantanément mais dont on sait déjà qu’elles marquent un tournant, cet impact nous renverse.
Ce titre, puissant, ressemblant à s’y méprendre à une incantation un peu magique, nous met à genoux. Remontent à la surface tout un paquet d’émotions en latence qui nous placent face au miroir de nos doutes, de nos peines, de nos espoirs aussi, même si l’issue paraît incertaine et noyée dans le bitume.
Wu-lu sera présent au Trans le 03 décembre (Hall 3 du parc expo, vers 2h15)
BARBARA RIVAGE
Ils seront également présents aux Trans, du 1er au 5 décembre (à L’Aire Libre, à 20h45, à l’exception du dimanche 5 à 17h45). Barbara Rivage est un duo composé de Vivien Tacinelli (guitare et chant) et de Roxane Argouin (chant et clavier) en provenance de Rennes. Ils œuvrent dans une pop plutôt très bien foutue, prenant grand soin aux textes et aux sonorités. Dans ce clip, Les oiseaux, sorti ce matin, on se rend compte aussi qu’ils prennent grand soin de l’image également.
A vrai dire, ce morceau nous a captivés. Le nom Barbara en début de leur nom de groupe ne semble pas être innocent car de la Dame en noir, on retrouve une sorte de présence, imposée par une voix charismatique. Derrière, loin de répondre présents aux sirènes d’une électropop de supermarché, les deux musiciens optent pour un effet dramatique qui fait instantanément ses preuves en apportant une tension phénoménale. Mais inutile d’en dire plus, découvrez sans attendre leur clip (et surtout allez les voir en concert!)
JACQUARD LOOMS
Trio londonien, Jacquard Looms a explosé en 2020 de l’autre côté de La Manche. Il revient avec son dernier single, un titre légèrement vaporeux, un peu jazzy, pop dans le fond, qui démontre un beau talent concernant le travail d’harmonies vocales, un beau talent aussi de composition. Le morceau nous place dans un état de dérive légère, comme si nous étions bercés par les émotions emmagasinées au cours de la journée, qui ressurgiraient au moment de l’endormissement.
C’est à la fois émouvant, légèrement mélancolique, mais aussi porté par un petit élan de vie plus positif. Le travail de Jacquard Looms nous promet de belles choses, et on ne boude pas notre plaisir à l’écoute de Where I belong.
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LE VAL
Ce n’est pas la première fois dont nous vous parlons de Le Val, ce n’est sans doute pas la dernière non plus. Croyez nous, ou pas, ce groupe il a un joujou extra qui fait son effet. Ici, c’est la voix féminine en lead, elle fonctionne du tonnerre, et le clip décolle, sans jamais se crasher, et ce n’est pas le cas de tout le monde dans l’univers punk/rock hexagonal sur lequel Le Val fait souffler un petit vent d’originalité.
L’album du groupe est déjà sorti, vous pouvez le retrouver sur votre plateforme préférée
INSTITUT & ART OF THE MEMORY PALACE
On ne dit pas ça parce que le dans le clip le groupe s’arrête sur l’aire de repos d’Yffiniac, le village où nous avons passé toute notre enfance, mais Institut, c’est vachement bien. Son album L’effet waouh des zones côtières nous a accompagné un bon bout de temps, et revoilà le combo avec un 7′, en collaboration avec le duo Art of the memory palace (duo composé d’Andrew Mitchell et Raz Ullah, clavier de Jane Weaver). L’objet se nomme Mais pas avec n’importe qui et est disponible chez Rouge déclic.
On retrouve ce spleen réaliste, un rien décalé, toujours superbement contrasté par les deux voix aux antipodes (celle de Nina Savary, dont on avait aussi grandement aimé l’album solo Next level soap opera, et celle d’Arnaud Dumatin). On aime la finesse du texte, le poids des détails, l’ambiance dramatique qui semble couler ici comme l’essence dans la pissotière. Bref, ce groupe nous plaît toujours autant.
LA HOULE
Avant de vous parler plus en profondeur de son album, on vous diffuse un deuxième titre de La Houle. Après Toi (ce moi), que nous avons déjà dévoilé, Apocalypse uber alles nous place au plus près du shoegaze teinté de post punk du musicien. Rythmique trépidante, noirceur en sous-couche, fièvre discoïde, le morceau est un véritable déferlement qui prouve que chanter en français fonctionne très bien quand on sait choisir les bons mots. Mais nous ne vous dévoilons pas tout, la chronique de l’album arrive très prochainement !
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MADAME
Une rythmique trépidante n’étant pas sans rappeler Franz ferdinan, même si les distorsions de guitares sont ici un peu plus piquantes et relevées, Mad nous met directement dans la danse rock du trio féminin. Basique, simple, mais toujours efficace, la musique de Madame fait des étincelles et battre le cœur un peu plus fort. Leur 2é EP arrive en mars. En attendant, soyez fous !
CLARE & NOTI
Un moment suspendu dans le temps et l’espace. Celui du canyon, celui du dessin aussi, qui nous hypnotise, tandis que la musique, par ses abords chaleureux, contrairement au paysage légèrement enneigé du fameux dessin. Folk à deux voix, sans excès, sans fioritures, sans effets racoleurs non plus, Clare & Noti nous fait un bien fou, marquent une pause dans la course du temps. C’est simple, c’est beau, ça réchauffe la peau et le cœur, c’est tendre aussi. Que demander de plus ? Ah oui que janvier soit déjà là puisque leur EP Chalky road est prévu pour ce premier mois de l’année à venir.
PANDAPENDU
Pandapendu, c’est le projet solo de Yann Ollivier (Craftmen club, Thomas Howard memorial). Cette fois-ci, on le retrouve embarqué dans une pop un peu solaire, un peu triste, même si musicalement le solo est au beau fixe avec des claviers aérien et des rythmiques entraînantes. Au texte, on retrouve Maxwell Farrington (Dewaere, en solo très bientôt ou en duo avec le Super Homard) et Elouan Jégat (Skopitone Sisko) à la prod. Du bien joli monde, pour un projet made in Breizh, ce qui forcément nous touche particulièrement.
CARA MIA
Le morceau Entre parenthèses est surprenant. Il nous place effectivement entre parenthèses de l’amour, à la fois dans le texte et la musique. Énonçant d’une voix presque atone les déconvenues d’un couple, l’ensemble est rehaussé d’une musique étrangement organique, où la voix se perd dans un magma sonore presque inquiétant. L’effet nous prend à la gorge, démontre une certaine âpreté dans ce qui suit le sentiment amoureux. La touche à tout artistique qu’est Cara Mia (artiste plastique, photographe, graphiste, musicienne) nous éblouit dans cette démonstration de force ultra personnelle et pertinente. Bien joué.