NINA SAVARY, Next level soap opera, une certaine idée du romantisme

nina savary next lever soap operaPremier album, disponible le 24/09 chez Tiny angel records

Bien que Next level soap opera soit son premier album, Nina Savary n’est pas une totale inconnue. En effet, cette voix, nous l’avons déjà entendu cette année sur l’excellent album d’Institut (L’effet waouh des zones côtières) où elle donnait la réplique, souvent sexy, parfois sexy ET froide (ou du moins détachée), de son homologue masculin. C’est donc avec une curiosité non feinte que nous nous sommes jetés dans cet album qui s’avère être, lui aussi, une excellente surprise.

Il faut dire qu’il a du chien ce disque. Il nous évoque, l’air de rien, une certaine esthétique année 70, un petit arrière-goût en bouche, gouteux, de Gainsbourg, et pas mal de Goldfrapp aussi. Inutile de préciser que si ces grands noms peuvent paraître impressionnants, Nina Savary, s’en sort haut la main, comme si elle tentait crânement sa chance, en n’espérant pas que la gloire et le succès lui tombent dessus. Mais il n’est absolument pas question de chance ici, simplement de talent.

Une entame sur la pointe de pieds.

Nous entrons dans cet album un peu timidement, avec Second guessing. Boîte à rythmes discrète, feutrée, en introduction du morceau, chant en anglais (ce qui est le cas sur presque la moitié de l’album), comme pour se cacher derrière une langue qui nous est étrangère, mais familière. La dualité opère, on accroche, déjà curieux de la suite parce que, c’est instantané, la voix fait son effet. Le rythme doucement chaloupé nous entraine un peu plus avant à chaque nouvelle mesure. Les claviers donnent une teinte rétro charmante (ils sont une constante sur le disque, et plus que charmants, ils définissent l’identité de ce Next Level Soap Opera).

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Au fur et à mesure de Second guessing, nous sentons que Nina Savary gagne, en quelque sorte, en confiance. Avant le pont, elle s’envole, musicalement comme vocalement, avant de retourner aux couleurs initiales du morceau. Excellente entame, ce titre, qui en live pourrait mettre la dame dans d’excellentes dispositions en ralliant le public à sa cause, cache encore le fait que c’est en français que la chanteuse s’avère la plus originale et pertinente.

Le deuxième titre est lui aussi en anglais, mais impose une pop plus rythmée, percus en arrière-plan aidant. Comme par magie, nous sentons que se mettent en place les éléments qui feront de ce premier exercice solo une réussite, entre romantisme, innocence et sensualité.

Rétro chic.

Si pas mal de sonorités, à commencer par les claviers comme nous l’évoquions plus haut, sonnent rétro, période année 70, les effets électroniques renforcent cet aspect. Légèrement futuristes néanmoins, ils imposent une ambiance techno-onirique. Remplaçant parfois des cordes, sans pour autant trébucher dans un bourbier cheap ou kitsch, ils apportent une dimension spatiale importante, mais jamais froide ou impersonnelle pour autant.

On pense, rapidement, à un groupe comme Air d’ailleurs, toutes proportions gardées car Nina Savary ne lorgne jamais l’électropop, se cantonnant à une pop avec effets électronique (ce qui fait pas mal de différences finalement, notamment d’un point de vue rythmique). Même si l’essence est une peut autre, d’avec l’ex-groupe Versallais, elle possède une grâce particulière, peut-être créée à partir de références communes (nous pensons une fois encore à l’univers de Gainsbourg parmi celles-ci).

Quand elle passe au chant en français, sur Par million, premier dans notre langue de l’album, nous évoquant un peu les musique de film à la Vladimir Cosma, mais également, par des vocalises baroques, une certaine idée de l’opéra (tiens donc), elle nous fait pénétrer dans son univers et nous capte définitivement.

Romantisme.

Étrangement, c’est le nom de Goldfrapp qui s’impose à nous. Sans pour autant que cela ne devienne une copie du duo Anglais, nous retrouvons cette même intensité sensuelle, qui transparaît autant de la voix que des paroles que d’une musicalité qui éveille notre libido. Sexy sans être racoleuse, cette musique réveille notre appétit par une sensualité de tous les instants, porté par un groove profond bien que pas forcément démonstratif.

Les envolés lyriques de Nina (faisons comme si nous étions intimes) nous font tourner la tête, quitter terre. Loin d’être une démonstration technique, elles nous permettent une connexion presque spirituelle avec l’âme de la chanteuse. L’électricité circule, coup de foudre amoureux qui resterait, comme les amours enfantines, d’une absolue pureté. Loin de nous rendre survoltés cependant, ces effets vocaux nous canalisent doucement, presque avec tendresse.

La production aide en cela. Restant légèrement vaporeuse, presque sépia par instants (prenons pour exemple le presque Beach boysien/Goldfrappien That’s just the way I want to be), avec des sonorités travaillées restant confinées dans un spectre romantique fleur bleue, l’effet obtenu est de nous permettre de toucher au cœur de l’intimité de l’artiste.

Coloré.

Enfin, ce disque propose des couleurs incroyables. Si les teintes sépia, synonyme de ce côté rétro, évoquent une gamme particulière de teintes, parfois un peu ternes dans notre imaginaire, il n’en demeure pas moins que des éclats vifs ressortent de la plupart des compositions. Des effets jazzy se font entendre, des bases presque bossa également, un aspect cinématographique ressortant régulièrement des compositions parachevant la chose. Bref, l’ennui est aux abonnés absent et, si tout n’est pas parfait, l’ensemble s’en rapproche de très près.

Ce premier album est donc une véritable réussite, un voyage sensoriel prenant, qui confirme les impressions que nous avions déjà pu ressentir il y a quelques semaines de cela en découvrant les premiers singles de l’album mais également sa présence sur l’album d’Institut. Next level soap opéra annonce d’ores et déjà de belles choses à venir.

LE titre de Next level soap opéra.

Petite tendresse pour un des titres les plus minimalistes de l’album. Mais attention, minimaliste ne veut pas dire dénué d’émotion et Lundi nous en déclenche un gros paquet. Il possède, ce morceau, une forme de tendresse incroyable, une douceur innocente, un romantisme un peu pessimiste dans ces mots mais optimiste dans sa musique reposant sur une guitare, une boîte à rythme et quelques effets finement choisis. Bref, très bien fait, bien arrangé (une constante sur le disque), qui, malgré sa position en avant-dernière position de l’album, ne sonne pas le glas de l’album, mais au contraire comme un nouveau départ.

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