Playlist 30. De Toxiq à servo, un univers de possibles.

Nouvelle sélection musicale du vendredi 23/07.

Ce soir, c’est les vacances, Litzic fermera ses portes pour 3 semaines. On ne pouvait décemment pas vous laisser partir sans une petite playlist mitonnée avec soin. Dans celle-ci, vous pourrez découvrir (ou redécouvrir) des groupes ou artistes qui méritent amplement que nous parlions d’eux. On commence donc cette sélection avec la reprise de Toxiq et nous terminons avec le rock abrasif de Servo. Entre les deux, des musiques à la créativité débordante. Nous vous souhaitons un maximum de plaisir à son écoute et nous vous donnons rendez-vous le 16 août pour une nouvelle saison.

toxiq playlist 30

©2021DaisyReillet

TOXIQ

Balancer une reprise, c’est toujours périlleux. Parce que s’approprier l’oeuvre de quelqu’un d’autre pour l’intégrer dans sa propre œuvre est toujours complexe. En effet, que prendre de l’originale, que laisser de côté ? Qu’est-ce qui fait l’âme d’un titre entendu et aimé de tous, ou d’une grande partie de tous, et qu’est-ce qui fait l’âme du groupe qui s’ose à l’exercice ?

Un élément de réponse ici avec Toxiq et Idées noires. La base mélodique est préservée, le refrain aussi, les paroles aussi, mais musicalement, le parti pris est orienté électro/pop, avec un choix très marqué, autant rythmique qu’au niveau des tessitures sonores. Bref, Toxiq redonne un coup de jeune au morceau de Bernard Lavilier. On note tout de même cette proximité entre la voix masculine d’Ulrich et celle de l’auteur original du titre, dans cette « langueur » grave et un peu mélancolique qui procure un bon petit frisson là où ça fait du bien.

PIERRE

On prend nos plus belles chaussures et on plonge le nez dedans. Le shoegaze n’est pas mort (vous le croyiez peut-être?) puisque Pierre le remet au goût du jour. Inspiré par les pionniers du genre (Slowdive, Drive, My Bloody Valentine), il nous offre un As one n’ayant rien à leur envier. La mélodie est vénéneuse, la douceur ouatée des voix également. Tout est bon !

Pour le reste, ça déroule sur une base rythmique ensorcelante, des sonorités de gratte en droite lignée avec le début des années 90. L’effet romantique est ultra-présent, efficace en diable, et nous ne voulons qu’une chose, que ce morceau ne s’arrête jamais (mais tout de même, il s’arrête au bout de 3’18, ce qui est absolument parfait en concision et en impact). Bref, un pur bonheur !

FENG SUAVE

Un titre romantique, rétro, classe, un peu comme si les Beatles et les Beach Boys avaient fusionné pour donner à la pop actuelle ses couleurs chatoyantes. Tout cela grâce au charisme tout en douceur de Feng Suave. Rien à dire de plus sur ce titre qu’il convient d’écouter la tête tournée vers les étoiles, la tête de son aimé.e calée au creux de l’épaule, et de se laisser aller à la plus féérique des rêveries, celle d’un monde qui en aurait enfin terminé avec les guerres (y compris celles d’ego), les destructions, pour vivre en harmonie sur la terre.

L’ambiance pastorale de ce tout nouveau titre, annonçant un album pour très bientôt, n’y est sans doute pas pour rien. Quoi qu’il en soit, nous validons à 100% cette escapade hors du temps.

CROSS-CHANNEL MUSIC.

AH ! L’amour, toujours ! Ce sujet, inépuisable, n’en finira jamais d’inspirer les musiciens. Ici, c’est Cross-Chanel Music (dont nous avons déjà chroniqué le premier album il y a quelque temps) qui s’y colle avec Bygone days, premier extrait de son nouvel opus (qui arrivera débit septembre). Nous y retrouvons cette patte bien à lui, à savoir celle d’un rock indépendant, reposant sur une production « crue », sans énormément d’effets, naturelle quasiment jusqu’au bout des médiators, et qui dégage une sincérité non-feinte (puisque dissimulée derrière aucun oripeau).

Le thème de l’amour y est donc évoqué, surtout du point de vue de cette difficulté à aimer. Nous ressentons celle-ci avec le côté un peu abrupt de la composition, par ailleurs rendue douce par la voix du musicien/tête pensante du projet (Pierre Lassegues), elle aussi dépouillée d’artifices douteux. La précision de celle-ci touche au but, sans détour, et nous transporte dans cette première pièce d’un futur album qui s’annonce hors des modes (ce qui ne peut que nous ravir).

EMMY CURL

Une production chaude, une électro qui se pare d’éléments analogiques, une âme pleine de douceur, il n’en fallait pas plus pour nous émouvoir. La pop d’Emmy Curl possède tout ce qu’il faut pour nous transporter dans une bulle hors du temps, hors du fracas des villes, vers un ailleurs onirique. Celui-ci est d’ailleurs renforcé par le clip d’Alice Aires qui lui donne des airs rêveries cosmiques, métaphysiques.

La voix, les sonorités de pianos, celles des rythmiques, de la guitare, tout se fond à merveille dans ce titre qui risque fort de nous accompagner un long moment, ce que nous ne regrettons absolument pas !

BLUEBIRD

Bluebird œuvre dans l’univers folk pop. Sa musique, s’articulant autour d’une guitare et de sa voix, nous ouvre les portes de son intimité, avec une grâce et une pudeur qui lui est propre. Sa musique reste dans des tonalités douces, ne propose pas un univers clinquant, mais au contraire reposant dans un pays dont les frontières ne sont pas plus vastes que le cadre de ses propres corps et esprits. Ainsi, il nous donne à voir un peu de son âme, un peu de ses interrogations, de ses impressions sur le monde qui l’entoure.

En quatre titres, il pose les bases de sa musique, intimiste, guidée par ce désir de transmission. Si Ivy, Hold on et Mary s’adressent à des proches, dévoilant ses sentiments, son amour, White dress lui s’attaque à la toujours épineuse question de l’inspiration. En tout cas, nous percevons chez ce chanteur, Lucien Ducasse de son nom, une sensibilité à fleur de peau, ce que traduit à la perfection sa musique. Ainsi, trêve de bavardage, on vous laisse découvrir le magnifique Ivy.

Pour infos, ce premier EP est sorti chez Yum Yum Records, a été produit par Mark Daumail de Cocoon. Avant cela, Bluebird avait remporté les Cocoon classroom, concours de cover de Cocoon proposé par le même Mark Daumail. Boucle bouclée et un artiste à suivre de près (et puis rien ne vous interdit de vous (re)pencher sur la musique de Cocoon à l’occasion.

SERVO

II, c’est une histoire de fièvre, celle qui s’empare de vous et vous laisse dans un état exsangue, comme vidé de toute substance. Répétitif, le krautrock/postpunk/coldwave du groupe rouennais nous hante comme n’importe quel bon spectre rock sorti d’on ne sait où. Lourde, leur musique l’est assurément. Sépulcrales, les voix s’accrochent à nous et nous placent dans un endroit à mi-chemin entre la vie et la mort, ou plus à propos, entre raison et folie.

Filmé par deux membres de MNNQNS, la vidéo restitue cette sensation de claustrophobie en argumentant de celle-ci par des éclairages violents, torturés. Et nous laisse sans souffle, sans voix, et les oreilles en sang. Mais tout va bien puisqu’une fois ces deux titres captés live au lieu-dit « Le Plancher » (lieu qui devient incontournable des groupes normands*), à peine achevés, nous remettons le couvert pour une transe chamanique endiablée. Mortel !.

*Le plancher est une petite baraque à la campagne, isolée du monde, où la seule occupation est de jouer de la musique et de manger (dixit le groupe).

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