22-33, de Fine Lame à Poppy Club

Nouvelle sélection musicale du vendredi 14 octobre.

Les talents se suivent et ne se ressemblent pas. Et c’est toujours bluffant de réaliser à quel point la musique (et la culture d’une manière plus générale) parvient à se renouveler avec grâce, créativité et personnalité. La preuve avec cette sélection 22-33 qui met à l’honneur des talents totalement en prise avec leur époque, inspiré par des aînés dont ils parviennent à transcender les codes. Forcément, chacun possède un univers à part, une patte qui lui est propre, et tout cela nous laisse à penser que jamais nous ne subirons une panne d’amour pour la musique tant celle-ci nous étonne, nous déroute, nous rend fous chaque nouvelle semaine qui passe.

22-33 Fine lameFINE LAME

Quelque part à la croisée du jazz, du rock, de la poésie, Fine Lame impose son style avec son caractère oppressant, théâtral, fort. Ici, tout repose sur les paroles. En français dans le texte, elles sont d’une poésie violente, nous impacte par leur force évocatrice, par leur présence massive et légère.

Ici, tout repose aussi sur la musique. Répétitive et totalement inattendue dans ses cassures rythmiques, elle déboule sans crier gare, nous accule face à nos ressentis, qui semblent exploser en feux d’artifice incontrôlable quelque part entre nos intestins et notre cerveau.

Enfin, tout ici repose également sur cette voix grandiloquente, celle d’un prédicateur peut-être un peu fou, habité tout du moins, qui vit et ressent les choses avec intensité et qui le restitue d’une manière nue, froide, déterminée, folle et belle.

L’impact de Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu est incroyable. Le groupe montre une énorme maturité, une présence brûlante, et nous demandons à les voir sur scène pour que Fine Lame finisse de nous terrasser. Magnifiquement perturbant, beau, incandescent, tellurique, poétique, puissant etc… Le groupe sort son Ep en novembre, le 29, chez Microcultures/Kuroneko, et sera en release party le 29 octobre au Truskel, Paris 2 (lien event : https://www.facebook.com/events/s/fine-lame-concert-au-truskel-r/1528119017637791/)

ELIEN

Jeff Buckley avait sorti un disque live, son live at Sin-é, live chant guitare à l’intensité parfois bouleversante. Elien propose sensiblement la même chose, mais en version studio. Et avec une intensité nue et profonde identique. Que dire de plus ? La formule voix/guitare électrique dégage cette impression de mise à nu intégrale, de celui qui ose s’exprimer sans fard mais avec une touchante sincérité. Tout ici nous parle, du clip délicat à ces paroles relatant un amour profond, immense. Tout en finesse, avec un jeu de guitare loin d’être simple à mettre en place, Elien nous suspend à ses mots. Et c’est simplement superbe.

SUN

On retrouve Sun avec un nouveau clip. Si nous la suivons de plus ou moins loin à travers les réseaux, sa musique n’est plus véritablement une surprise en soi pour nous. Mais pour ceux qui ne connaissent pas encore la musique de Karoline Rose, le mélange brutal et pop peut s’avérer une belle découverte. Mais ne vous méprenez pas. Si dans le fond la formule reste la même (et c’est là où la surprise n’est pas forcément présente), la forme évolue et se bonifie avec l’âge.

Musicalement, les overdubs de voix apportent une dimension presque évocatrice de chants sacrés, tandis que l’imagerie femme forte/femme vulnérable fait encore un très bel effet. Du coup, cette évolution dans la production nous fait nous dire que Sun a décidément plus de talent que sa seule originalité musicale le laissait présager. Pour nous, c’est donc toujours l’amour fou et Wave parvient même à le renforcer !

BEAU BANDIT

Beau Bandit est un tout jeune groupe qui est appelé à devenir prometteur. Enfin jeune, façon de parler puisqu’il réunit en son sein plusieurs transfuges de groupes rennais. Programmé aux toujours jeunes Transmusicales de Rennes (qui se dérouleront, rappelons-le, du 7 au 11 décembre prochain), Beau Bandit devrait faire sensation avec sa pop ensoleillée mais dont les thèmes, comme peut le démontrer le clip de The Big Kaboom, sont plus axés sur une photographie du monde d’aujourd’hui, avec ces dérives et bêtises quotidiennes. Bref, un antagonisme maintes fois éprouvé mais qui sait rester efficace, surtout grâce à la réunion de ces multiples talents produisant une pop aux mélodies entêtantes. A suivre de très près !

POPPY CLUB.

En attendant que l’on épluche avec attention leur album sorti le 10/10 (on a un peu de retard, mea culpa), on vous partage déjà le clip de The Miracle, de Poppy Club, groupe post covid de Tours. La synth pop du groupe joue, sur ce titre, un jeu de cache-cache entre sonorités sombres et mélodies lumineuses. Cet entredeux ne met jamais entre parenthèses la limpidité de la ligne de chant, laquelle parvient à déclencher chez nous ce petit truc innommable qui permet de dire que ce groupe-là n’est pas tout à fait comme les autres.

Sans doute parce qu’il réside ici une certaine pureté, une façon de faire de la musique comme les aînés mais en y ajoutant un soupçon de personnalité qui n’appartient qu’à eux. À suivre de très près également, ne serait-ce qu’avec la chronique de l’album qui ne saurait plus trop tarder (du moins nous l’espérons).

Patrick Béguinel

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