[ THÉÂTRE ] ULYSSE VARIATIONS, Ulysse se raconte.
Pièce de théâtre écrite par Guy Torrens, interprétée par Nicolas Torrens, Ulysse variations.
L’Iliade et l’Odyssée d’Homère n’ont pas fini d’inspirer les hommes. Guy Torrens, qui fut il y a quelques mois l’auteur du mois sur Litzic, s’y est collé et a écrit Ulysse Variations. Mettant en scène Nicolas Torrens dans le rôle d’un Ulysse vieillissant, de retour à Ithaques, Ulysse variations est avant tout l’histoire d’une légende. Ici, la légende redevient homme, à l’automne de sa vie, et revient sur celle-ci avec un regard lucide, mélancolique et… perplexe.
il s’agit là d’un seul en scène, exercice périlleux dont se tire haut la main Nicolas Torrens. Tour à tour touchant, conquérant, drôle aussi (par très légères touches), il donne une enveloppe charnelle à l’homme aux mille ruses, sans qui la conquête de Troyes n’aurait jamais eu lieu. Dans Ulysse variations, il affronte une énième fois le cyclope, les sirènes, la mer, les enfers. Il affronte une énième fois tous ces dangers célèbres, mais avec un regard neuf, même si l’histoire est bien connue de tous.
Un relecture fougueuse
Guy torrens, dont l’écriture nous avait et nous fait toujours forte impression, s’en donne ici à cœur joie en réécrivant la fameuse Odyssée. Ici, la langue est vive, chatoyante, empruntant aux fameux récits héroïques d’Homère, mais sans la poussière qui les recouvre. La langue est moderne, rythmée, percutante, surtout dans elle est scandée de la voix puissante d’un Ulysse, debout, fort, rajeuni. Quand il a le dos courbé sous le poids des ans, la voix presque brisée, à la diction parfois hésitante, la langue y est lourde de nostalgie mélancolique, lasse et fatiguée également des combats passés.
L’interprétation de Nicolas Torrens habite le texte, occupe l’espace. Son charisme est évident quand Ulysse est combatif, il l’est davantage lorsque Ulysse est vulnérable, en souffrance face à ses souvenirs. Les nuances de l’interprétation sont dictées par la compréhension des tourments du héros homérique, un homme brisé par un retour au pays qui n’en finissait pas, par une femme et un fils aimé qu’il s’obstinait à retrouver, au prix de pièges tendus par des dieux jaloux et mauvais perdants. La présence, toute en tension dramatique, de Nicolas Torrens est ici magnétique, incandescente, il prend la lumière et la restitue décuplée par 10, par 100. Lumineux.
Une captation vidéo dont émane une force magnétique.
Cette pièce s’est tenue au mois de décembre dernier au théâtre Montmartre Galabru, à Paris pour quelques représentations. Elle a été captée en vidéo et, même si l’impact n’est forcément pas le même, nous ressentons l’énergie émanant de cette interprétation délicate, en nuances, passant par tout type d’émotions. Celles-ci vont de la fragilité de l’homme brisé, dont la vie fut plus que mouvementé, dont la finalité des combats lui échappe au moment du bilan, à la force épique d’un guerrier fier, conquérant, loyal à l’absurde. Le tout est ici magnifié par une écriture ciselée, fine, et musicale, remise au goût du jour avec respect et intelligence. En un mot…
… Puissant.
Une production Corps hurlants Production
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