Stephan Eicher – Et Voilà !
Amphithéâtre Richelieu à Versailles, Vendredi 14 avril 2023.
Stéphan Eicher a livré un concert de toute beauté vendredi 14 avril dernier dans le très bel amphithéâtre Richelieu, au cœur de Versailles, la ville royale.
Le spectacle proposé par le plus français des chanteurs suisses était annoncé magique, il le sera.
Une bougie, puis un, deux chandeliers s’allument. Stephan arrive côté cour (gauche) et accueille l’un après l’autre les membres de son nouveau groupe. Ceux-ci prennent position autour d’une table en bois sur laquelle il reste quelques tasses et un verre de vin à moitié vide. Il y a là Noémie Von Felten à la harpe, Simon Gerber à la guitare et à la basse et Reyn Ouwehand aux claviers. Le spectacle débute dans la pénombre, les musiciens sont à peine éclairés par une lumière orangée.
L’amphithéâtre affiche complet. Les applaudissements sont déjà fournis pour accueillir « Contact », un magnifique morceau extrait de « Ode« , le très réussi nouvel album de Stephan Eicher.
Philippe Djian à l’écriture
Le chanteur nomade a retrouvé pour l’occasion son parolier fétiche Philippe Djian. Ce dernier lui a offert des mots justes pour permettre à sa musique de briller à nouveau de mille feux.
Les deux hommes se sont connus il y a bien longtemps déjà à l’occasion d’une émission de télévision. « Rapido », c’était son nom, était un programme présenté par Antoine De Caunes. Ce dernier a joué les entremetteurs avec talent. Un entregent brillant : il a marqué le début d’une longue collaboration et, on l’imagine, d’une amitié réelle entre les deux hommes. Pour mémoire, rappelons-le, Djian a notamment écrit les plus grands succès de Stephan Eicher, « Déjeuner en paix« , « Combien de temps » ou encore « Pas d’ami comme toi« . Tous seront joués ce soir avec brio par le quatuor composé à l’occasion de cette tournée.
Proximité avec le public
« Pas d’ami comme toi » justement est stoppé en plein milieu. Tout sourire, Stephan Eicher se montre très proche de son public et a envie de discuter. Il livre quelques détails sur cette nouvelle tournée construite autour de dates où il pouvait se rendre en train ! Cela fonctionne plutôt bien : tous les concerts ont pu être assurés, ce malgré un contexte politique difficile en France.
Pour Stephan Eicher, la France est un pays compliqué, beaucoup plus que la Suisse. Il s’interroge à voix haute sur le comportement de la population. Elle élit une personne pour 5 ans et passe ensuite son temps à protester ! De quoi déclencher des sourires et des rires dans la salle avant de relancer de plus belle sa chanson.
De très bons instrumentistes
Profitant de l’excellente acoustique de l’endroit, les musiciens se régalent. Stephan est assis avec sa guitare, Simon, le Jurassien, est à sa droite, assis lui aussi, le plus souvent à la basse. Il le taquinera gentiment plusieurs fois durant le show. Derrière lui, Reyn rayonne aux claviers avec sa longue barbe blanche. Enfin, à gauche, Noémie, la harpiste, renforce le côté sacré de la représentation.
« La rivière« , « L’orage » résonnent magnifiquement dans l’amphithéâtre. « Des hauts et des bas » fait chavirer le public, un instrumental est joué au piano, une belle manière de mettre le pianiste en avant. Les succès défilent sans ennui aucun.
Bientôt, le tintement d’une cloche se fait entendre. Elle annonce »Combien de temps ? », un autre super-tube de Stéphan Eicher.
Les morceaux de « Ode » alternent avec les plus anciens succès. La nouvelle instrumentation, plus acoustique mais aussi très rock, permet de redécouvrir ces chansons. Aucune n’a pris de rides.
Que cachent les coffres-forts ?
Jamais avare d’une anecdote, Stéphan Eicher se montre bavard entre les chansons avec un accent toujours aussi prononcé.
Il s’interroge sur ce que contiennent les coffres géants situés en arrière scène, les voilà bientôt ouverts. Il s’agit d’un véritable trésor : des instruments de musique. De quoi rendre un peu plus merveilleuse une ambiance qui ne manquait pourtant pas d’une chaleureuse intimité !
Eicher le mentaliste
Le voilà dans un nouveau rôle, celui de mentaliste. Ou plutôt, comme il se plait à le dire, de menteur !
Stéphan Eicher a visiblement bien compris le principe, alors il livre au détour d’une phrase un mot clé, « Déjeuner » et assure désormais pouvoir communiquer avec l’esprit d’une personne du public. Celle-ci va devoir penser très fort au prochain titre, les musiciens vont deviner duquel il s’agit.
Après un premier essai avorté, un deuxième lance la formation sur une reprise de Grauzone, le groupe punk formé au début des années 80 par Stéphan et son frère Martin. Les premiers accords résonnent forts dans l’amphithéâtre mais Stéphane Eicher arrête (bien trop) vite les frais, ce n’est pas la chanson voulue !
Le troisième essai, lié à la pensée d’une troisième spectateur, sera le bon, et le combo lance (enfin !) « Déjeuner en paix ». Triomphe dans la salle, le public est debout, Stéphan visiblement aux anges. La suite est à l’avenant, avec » Tu ne me dois rien« .
Cela sent la fin du concert. Stéphan Eicher prévient, il n’aime pas les rappels. Le public fait forcément la moue mais ce n’est pas terminé pour autant même si les quatre musiciens sortent de scène.
Un coup de baguette magique
Un homme apparaît côté cour une baguette en bois à la main. Il veut faire revenir le groupe alors que certains spectateurs commencent à vouloir partir.
Abracadabra, mission accomplie : Stéphane Eicher et ses acolytes sont vite de retour pour un final dantesque au son de « Hemmige« , un extrait aux accents tziganes de l’album « Eldeberg« .
Généreux dans l’effort, les musiciens ne feront pas d’autre rappel mais multiplieront les saluts sous les applaudissements fournis d’un public toujours debout. Stéphan Eicher prend même le temps de poser, de la scène, pour des photos ou même de signer quelques autographes ! De quoi garder pour certains privilégiés quelques souvenirs impérissables de cette soirée vraiment magique !
Texte et photos : Patrick Auffret
Il a rejoint l’équipe début 2022 et son corps de métier se tourne vers la scène où il photographie les musiciens en même temps qu’il s’imprègne de leur musique, qu’il restitue son forme de live report hyper pointus.
Ancien rédacteur en chef à Publihebdos, Pat Auffret a également collaboré durant 20 ans avec le magazine Longueur d’Ondes et Rock & Folk. Il travaille régulièrement avec l’agence photo Dalle et ses clichés ont été publiées dans divers journaux nationaux (Le Monde, Les Inrockuptibles, Rock&Folk, …) et internationaux.
Il est aujourd’hui président de l’association dédié au spectacle vivant Out of time.
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