Samedi des Transmusicales 22.
Lire le report du vendredi des transmusicales de Rennes 2022
Une soirée Bleue, Blanc Rouge.
Nous avions quitté la veille les Trans musicales, transi de froid, mais le cœur léger et les oreilles détendues. J’entame ma seconde journée, encore plus motivé, avec un emploi du temps digne d’un ministre de la Culture et l’objectif de cumuler quelques prestations scéniques du festival parallèle, les Bars en Trans avec son ainé les Trans musicales. Il n’y a pas que la ville de Rennes qui s’agite en ce samedi, la planète foot aussi, en tous cas du côté de la France et de l’Angleterre.
C’est par la France que je souhaite commencer ! En effet, c’est plus une programmation francophone que nous propose le festival Bars en Trans depuis Jeudi dernier sur 13 sites différents dispersés en Hexagone dans le cœur de ville de Rennes. D’excellents groupes étaient programmés, mais il est difficile, voire impossible, de couvrir toutes ces prestations de bars en bars. C’est donc au Théâtre du Vieux Saint-Etienne que j’ai jeté mon dévolu en quête de spiritualité dans cette ancienne église du XIIème siècle, à 1h30 du coup d’envoi de France-Angleterre.
Bars en trans
Une petite scène est éclairée au fond de la nef, entre 2 piliers, le logo Bars en Trans invite le spectateur à s’en rapprocher. Sous cette voute presque céleste, la nuit est tombée et la température est propice aux échanges de paroles embuées. Le premier groupe à assurer une belle prestation est BELVOIR. Ce duo créé à Bristol par deux parisiens exilés nous propose une musique minimaliste nourrie de synthés, de boîtes à rythmes cisaillées et d’une guitare minimaliste.
C’est vêtu de combinaison de chantier rouge que le duo alterne les chants froids avec suffisamment de conviction et de talent pour propulser un air chaud qui finit par condenser et faire se dandiner un public engourdi sous une épaisse parka et un bonnet d’hiver. Le chant est crié, parlé, on évoque « la rue des vaincu.es », les masques, la cohue, les amours qui s’inclinent le tout sous une projection de lumière Rouge transpercée de faisceau Blanc. Magnifique travail de la régie et très belle présentation de « Nouvel anormal » l’album de Belvoir sorti cette année.
https://belvoir-cool.bandcamp.com/
Tiens, on enchaîne en vélo, pas le temps de refroidir ! Arborant une casquette de cycliste, Le musicien JOUBE nous sert un set perché. Il a transformé un vélo en support multi-instruments, y connectant des machines diverses et pilotant l’ensemble par des boutons leviers incorporés à la selle. Le groove, l’originalité du personnage et la qualité de la prestation font monter une nouvelle fois la température.
Sur la plage…
Ca tombe bien, car on a rendez-vous avec le groupe A TROIS SUR LA PLAGE.
« Mais vous n’êtes que 2 ! » s’étonne une spectatrice égaillée par le vin chaud servie entre les concerts. Liza et Sophie qui composent ce duo s’installent sur scène. Loin d’étendre le drap de bain c’est plus un thermos de Thé qui serait le bienvenu ! Progressivement, cette drum-synthétique à la guitare épurée, fini elle aussi par réchauffer ce public. Les synthés déversent un flow minimaliste de notes d’une époque bénie des dieux de la new wave et des garçons recherchés.
Ici ce sont 2 femmes qui au fil du set nous promettent en français que « le soleil continue à monter » loin des « nuage nuage ». Le chant est flottant et parfois parlé. Les synthés s’entrecroisent, se complètent puis les boîtes à rythmes s’accélèrent et un titre comme « Pedal Fury » me rappelle les airs enjoués du groupe anglais Electrelane.
C’est ce que j’aime, des voix minimalistes, légèrement mélancoliques, chantant un amour déçu « Bonjour Tristesse » mais jamais déchu.
« Let’s Play together and Never come back » finissent elles par nous souffler.
“Up you Head”, D’accord ! il est temps pour moi de filer à l’anglaise.
Promis je vous récouterai avec plaisir seul ou A TROIS SUR LA PLAGE.
https://gonewiththeweed.bandcamp.com/album/a-trois-sur-la-plage
Retour au Parc Expo
Remontant la rue Saint Louis, passant devant le bistrot de la cité, c’est au Ptit bar que je fais escale. Attiré par la lumière d’un poste de télévision entouré de sportifs du Samedi, je tombe nez à nez avec Pierre et Stéphane éminents journalistes, passionnés de musique et de chaleur humaine. Génial ! je ne pouvais pas rêver mieux pour cette pause salvatrice et méritée. Après les lumières rouges et blanches du Théâtre du Vieux Saint-Etienne, je suis béni des lumières Bleues de l’équipe de France. Un demi, un but entier et me voilà reparti direction le Parc des Expos, j’ai rendez-vous à 21h15 avec la grâce australienne GRACE CUMMINGS.
Cueilli à froid (ça devient une habitude) par la voix rauque de la rockeuse et son aura, je profite de mon bracelet « presse » pour mitrailler la belle crooneuse. Les titres s’enchaînent, la voix ample de la compositrice transforme les ballades folkes de son album « Storm Queen » en morceaux très énergiques. Pour une première européenne annoncée, Grace assure un show explosif qui se muscle au fur et à mesure du set. Terminé le piano voix, la balade en guitare sèche, on envoie du gros sons et les guitares électriques finissent par rugirent dévoilant une personnalité sauvage. Le public est conquis et réchauffé de plaisir. Il faut dire que pendant les 45 minutes de concert notre équipe Bleue, Blanc, Rouge à fini par renvoyer les Anglais at home.
Album : Storm Queen (ATO Records, 2022).
Les révélations
Il est temps d’attaquer la troisième mi-temps assurée par Le duo rennais TAGO MAGO (claviers, batterie et voix) au Hall 8. Les Trans accompagne ce groupe et lui offre là une occasion rêvée de montrer tout son talent et sa créativité. Pas évident tout de même, lorsqu’on propose une musique Krautrock, mélange de Rock psyché et de jazz progressif, de fédérer les amateurs de belle voix. En avant le jazz fusion et les rythmes dantesques, de véritables cavalcades énergiques interdisant le postérieur du claviériste à se poser sur son tabouret plus de 30 secondes !
Un troisième musicien accompagne au saxo la très belle prestation du duo. Une douce folie accompagne les musiciens qui transforment allégrement l’essai via un coup de pied magique sur pédale de grosse caisse et des mains agiles sur cymbales et clavier. Le concert de ce soir fut à l’image du nom de leur album une « Traversée Sauvage ».
https://tagomago.bandcamp.com/releases
Impossible d’enchaîner avec les groupes suivants PUULUP ou 79 RS GANG, tant la foule est dense à l’approche de minuit. Tant pis, il faut bien manger tout de même ! C’est en bonne compagnie que nous grignotons entre chroniqueurs et que je refais le monde en m’interrogeant sur la portée de mes textes. Pas le temps de cogiter ! on va en boite de nuit ce soir : rendez-vous lumineux avec SWORN VIRGINS.
Finish
J’ai la permission de minuit alors « Attention les mirettes ! ». Pas besoin de montrer sa carte d’identité, j’ai plus de 18 ans et mes oreilles sont chastes. On m’a promis avec ce mystérieux duo britannique du dark disco, de l’electro, de l’acid house et un paquet d’humour anglais (il leur en faut après ce pénalty raté HI-HI !).
Les photographes s’en donnent à cœur joie, pas de Flash mais ça crépite du côté droit de la scène. Il faut dire que la chanteuse et danseuse porte un short pas très réglementaire à faire rougir un arbitre de dance-floor. Les bits sont là et on se régale des chants de Clams Baker leader du groupe bien barré warmduscher et des mix de son acolyte aux platines. Le tout estampillé survêtement Adidas et lunette de soleil. La projection vidéo est à classer au rayon interdit – de 16 ans et complète parfaitement le show bouillant, dansant des Anglais.
Album : Strangers Hands (DEEWEE, 2022).
Me voilà définitivement réchauffé, rassasié d’images et de musique. Merci les Trans musicales et les Bars en Trans. Promis je reviendrai l’année prochaine, sur 3 jours si je peux.
En repartant ce soir, sans bonnet sur la tête, je pense à celui que portait Krist Novoselic, le géant bassiste de NIRVANA lors de leur passage aux Trans en 1991. C’est qu’il devait faire froid aussi à l’époque ? Ou que ce « couvre-chef » en laine collait parfaitement aux styles « Grunge ». Certains passeurs d’émotions photographiques étaient déjà dans la salle côté fosse (Pierre), d’autres vivaient déjà l’émotion et la Trans Rennaises côté public (votre serviteur) avec vu sur le dos du voisin.
Fabrice et l’Oreille Classée
Depuis mon adolescence j’écoute de la musique. Mes gouts ont évolué au gré de mon acné mais se sont très rapidement orientés vers un Rock plutôt sombre, au premier abord, mais toujours lumineux une fois qu’on a parcouru le chemin de la mélodie. Des CURE aux SMITHS en passant par NEW ORDER, cela vous donne un indice sur mon âge et de mon terrain de jeu de prédilection. Derrière cette coquetterie, se cache une vraie passion.
Depuis toujours : j’ai l’oreille curieuse et tendance à classer les choses. Un TOC ? Non ! une exigence vis-à-vis d’un art majeur et ce d’autant quand il s’exprime en Live.
Fabrice et l’oreille classée est une page musicale que j’ai créé il y a 2 ans. A travers mes chroniques je cherche à faire connaître à un maximum de personnes cette musique, qui me remplit l’esprit et me fortifie le cœur. Je ne suis pas nostalgique d’un passé révolu mais tourné vers le moment présent, avec un œil dans le rétroviseur de temps en temps, tout de même.
Le live est un moment intemporel, il révèle (ou pas) l’artiste.
Je vis l’expérience de la scène généralement après une écoute approfondie des albums du groupe. Maîtriser son sujet, en restant d’abord dans le contrôle et se laisser ensuite balayer par l’émotion individuelle puis collective. De vrais moments de communion que j’aime ressentir et retranscrire en toute humilité dans les live report. Une petite histoire, à l’écoute des spectateurs et au service de la musique. Sérieux le garçon !
Concentré, certes, mais toujours disponible pour parler musique autour d’une bonne bière entre 2 concerts.
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Lire un autre live report de Fabrice : Laura Wild, au Barbe