Melissmell transporte le café de la danse
Force de conviction
Auteure de « Les Enfants de Maldonne« , un album dans la droite lignée de ce que faisait Noir Désir, Melissmell se présentait en bonne compagnie mercredi 31 mai dernier au Café de la danse à Paris pour défendre poing levé son meilleur opus.
Mathias Imbert, contrebassiste de luxe, assure seul la première partie du concert. Il manie son instrument avec dextérité et l’emmène même, bien qu’imposant, au contact du public pour une série de bisous. Sur scène, il joue avec les mains ou à l’aide d’un archer des chansons diffusées sous le nom de Imbert Imbert, son nom de scène. Des applaudissements plus que fournis clôturent une performance brève mais totalement réussie.
Il reviendra avec son instrument en fin de concert. Logique, il intervient sur quatre titres du nouveau Melissmell, dont Putain de miracle, joué ce soir en rappel.
Mais n’allons pas trop vite. Melissmell débute son show avec le très bon Petite chanson du maquis, le titre référence des enfants de Maldonne, ces enfants mal nés, Elle est visiblement intimidée par l’assistance car elle présente pour la première fois à un public parisien ses nouveaux titres. On aurait aimé une entrée en matière plus incisive, le morceau le mérite.
Pigalle, de Noir Désir à la Mano
Deux anciens titres plus tard, Citadelle et Bleu marine, Melissmell semble avoir trouvé ses marques pour jouer Pigalle, morceau phare du dernier album, en lien direct avec Noir Désir, les Béruriers Noirs ou encore la Mano Negra. Mélanie, c’est son vrai prénom, a grandi avec ces groupes références dont elle porte fièrement le flambeau de ce rock flamboyant. Étonnant de voir une femme se revendiquer autant de Bertrand Cantat mais pas un hasard si Denis Barthes, batteur de Noir Désir, intervient justement sur ce morceau dans l’album. Désormais membre des Hyènes, ce dernier est absent ce soir mais l’âme du groupe bordelais, ainsi que celui de la mano, flotte sur l’assistance, en particulier lorsque Melissmell déroule ses paroles chocs : « Oh mala vida, en écoutant Noir Désir ou la Mano Negra », allant même jusqu’à citer dans le texte le titre de l’album « Du ciment sous les plaines ».
Au total, une vingtaine de titres sont joués avec rage et amour, le plus souvent le poing, mais aussi le doigt, levé.
La puissance de sa voix
Elle-même sans doute enfant de Maldonne, Melissmell surprend par la puissance de sa voix mais aussi par la portée de ses mots. Elle écrit la plupart de ses chansons avec Guillaume Favray à l’occasion d’ateliers d’écriture. Toutes sont portées par un souffle de révolte.
Celui-ci n’avait encore jamais été aussi visible dans le répertoire pourtant déjà conséquent de Melissmell. Il est cette fois omniprésent. De plus, il y a également du Barbara dans cette manière d’aborder les sujets à grands renforts de métaphores inspirées comme cela peut-être le cas dans l’excellent Phoenix.
Le déserteur, de Boris Vian, est également joué avec conviction puis quelques chansons plus tard, Christian Olivier, des Têtes raides, est sur scène pour une version live de Rue de la Chaussée, encore un titre fort des Enfants de Maldonne.
Aux armes, poing levé
Le final approche, un dernier hommage à Cantat avec Joey III, suite fantasmée des deux célèbres morceaux de l’album Veuillez rendre l’âme à qui elle appartient des sus nommés Noir Désir.
La dernière chanson est importante. Bérézina parle de l’état du monde, le clip montre Melissmell en maraude avec les restos du cœur dans sa ville, à Rouen. De la rage d’accord mais aussi du cœur, beaucoup de cœur.
Ce concert est intense en émotions. Rage, amour, haine et tendresse représentent Mélanie, un petit bout de femme venue nous rappeler qu’il nous faut rester bienveillants et surtout aux aguets, ne pas baisser la garde face à La Horde, excellent titre de l’album absent de la set-list de la soirée.
Le rappel est bref avec donc Putain de Miracle et surtout l’attendu Aux Armes, le titre fétiche de la chanteuse, une dernière occasion pour elle de lever le poing sous les applaudissements fournis du public démasqué du café de la Danse.
PAT
Ancien rédacteur en chef à Publihebdos, Patrick Auffret a également collaboré durant 20 ans avec le magazine Longueur d’Ondes. Il travaille régulièrement avec l’agence photo Dalle et ses clichés ont été publiées dans divers journaux nationaux (Le Monde, Les Inrockuptibles, Rock&Folk, …) et internationaux.
Il est aujourd’hui web-reporter pour Rock&Folk et président de l’association dédié au spectacle vivant Out of time.
Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture
Nous retrouver sur FB, instagram, twitter
Relire le live report de Karnage Opera