[ ALBUM ] IMBERT IMBERT, Mémoire d’un enfant de 300 000 ans.

Mémoire d’un enfant de 300 000 ans, nouvel album d’Imbert Imbert (Printival/l’autre distribution)

Il nous paraît important de parler de ce disque. Parce qu’il vient de là, il vient du cœur. Et comme un cri du cœur, il mérite d’être partagé, propagé. Avec Mémoires d’un enfant de 300 000 ans, Imbert Imbert nous invite dans un univers n’appartenant qu’à lui, entre révolte et délicatesse , aux instrumentations originales et à la générosité brûlante.

Même si nous avouons n’être pas fan du timbre de voix d’Imbert Imbert, nous aimons tout ce qui va autour. L’impulsion qui l’habite notamment. Car ce chant ne s’embarrasse pas d’oripeaux, ne se travestie pas « pour faire plaisir » ou « pour faire comme les autres ». Porter haut et fort son identité, comme un étendard, non pas comme une protection.

Similitudes punk.

Nous sommes ici en territoire chanson française. Mais attention, pas dans cette chanson française qui s’auto congratule de ses bons mots, de ses calembours éculés, de sa grivoiserie vaguement humoristique ou de ses petits bobos dont on se fout royalement. Non, nous sommes ici en présence d’une Chanson Française que nous identifierions à celle d’un Léo Ferré par exemple, c’est-à-dire une chanson française qui dit des choses, qui les hurle doucement, avec une écriture ciselée dont les textes répandent leurs idées au-delà de leur simple contenu.

Il y a là une similitude punk, celle qui vise à dire que nous sommes mal barrés, mais que, même si le futur s’annonce très sombre, il reste quelque chose en notre coeur qui refuse de cesser de battre, qui résiste. Un cri de vie quoi. De ceux qui nous font nous dire que tout n’est pas définitivement perdu, qu’il reste encore un espoir que les hommes se soulèvent pour que le monde retrouve un peu de (bon) sens, que cela soit intime ou au contraire répandu sur la surface d’un pays, du monde.

Âpre et mélodique.

Musicalement, nous sommes loin de l’esthétique punk, mais très proche dans l’esprit. Cet esprit est de proposer une instrumentation loin des sentiers battus, pas forcément de celle qui colle à proprement parlé à des textes mordants, incisifs. Alors Imbert Imbert nous propose un métissage à la fois minimaliste, jazz, âpre et viscéral, rock forcément, mais aussi plus classique (ou faisant penser à la musique de chambre), le tout teinté de world music.

Des percussions servent de colonne vertébrale aux compositions. Sur celles-ci se greffent une contrebasse, un peu de guitare, des effets discrets, des violons, le tout suspendu dans une bulle de printemps. Plutôt que d’en coller partout, l’effort est ici représenté par la légèreté de ces instruments. La place est laissée au blanc, qui vient renforcer la puissance du verbe, l’ambiance vibrante et viscérale qui s’échappe du charisme et de la poésie du musicien.

Nous retrouvons une certaine âpreté dans cette musique, contrebalancée par la chaleur émanant du corps des morceaux. La production est relativement revêche, mais s’accorde à la fois au propos et à l’identité d’Imbert Imbert. Nous aurions mal vu des effets post punk, une réverb monstrueuse posée sur ces textes prenants. Et, plus paradoxale, malgré ce côté qui gratte, la musique est accueillante, et ce tour de passe passe ne cesse de nous surprendre et de nous charmer.

Textes poétiques.

Il y a également, pour contrebalancer ce caractère un peu rugueux de la production, la chaleur et la lumière qui irradie des textes. L’intention est forte, c’est un mouvement de vie. Mais elle ne nous dit pas tout, elle laisse également place à l’interprétation, nous entraîne dans une histoire dont il nous convient de rédiger la suite, avec nos vécus, nos envies. Basées sur une certaine idée du quotidien, ces paroles et cette poésie nous permettent de nous identifier à ce que décline Imbert Imbert.

Loin de rester auto-centré, cet auteur-compositeur propose au contraire d’ouvrir les yeux, de regarder autour de nous, de s’émanciper de nos carcans ou de ceux que nous inflige ceux qui nous entourent. Si le propos est souvent traité de façon personnelle, à la première personne du singulier, il dégage une idée plus universelle qui fait mouche, car toujours dosé avec une infinie précaution. Les mots ne sont pas utilisés à tort et à travers, ils sont utilisés pour leur propre musicalité et pour leurs sens multiples.

Cet album dégage une énergie très particulière, un brasier contenu mais qui rayonne bien plus loin qu’en son centre. La force émise par la musique, et par cette voix (que nous n’aimons pas mais nous n’imaginons pas un autre timbre pour chanter de telles paroles, paradoxe encore), par cette présence, nous met la chair de poule, de façon certaine, et durable, puisque nous sommes à chaque fois l’écoute achevée, incapables d’écouter autre chose que le silence (ou de nouveau l’album).

LE titre de Mémoires d’une enfant de 300 000 ans.

Forcément, c’est Tu manques à la musique. Ce ne pouvait être un autre titre. Morceau tout en tension et en douceur, il est amour et poésie. Et il est inutile d’en dire beaucoup plus. C’est juste beau. « Tu manques à la musique, la musique c’est ma vie ».

PS : l’album est beau et il est présenté dans un bel écrin, lui aussi minimaliste, mais classe. À l’image de ce qu’il renferme donc.

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