LA SUPER CATHÉDRALE reprend son souffle.
Report du 23/07
Le festival bascule dans sa deuxième moitié. La fatigue (la nôtre) commence à se faire ressentir, mais elle est saine cette fatigue, de celle qui survient lorsqu’on est nourri de tellement de sensations et d’images qu’il est difficile de ne pas les vivre intensément. Ce troisième jour, plus « calme » tombe bien. Il sonne plus rock, il montre aussi que la Super Cathédrale, avant son final explosif, reprend son souffle. Enfin, façon de parler.
En effet la journée s’ouvre avec les bouillonnants Chocolat Billy. Leur prestation de la veille reste dans les mémoires, et il apparaît très délicat qu’en ouverture de cette 3é journée les quatre trublions Bordelais fassent aussi bien que sous le Chapiteau. Et c’est en effet le cas, simplement parce que le public n’est pas encore totalement dans le mood, et que les musiciens cuisent littéralement sous le soleil breton, qu’ils ont d’ailleurs en pleine face.
Qu’importe, le survolté guitariste ne s’économise pas et la musique coule à flots, saccadés, percussifs, jouissifs. Ils confirment tout le bien que l’on pense d’eux.
Willie Weird.
Willie Weird ne s’est pas produit, c’est Kelley Stoltz qui a dominé son alter-ego. Il nous a ressorti peu ou prou le set de la veille, avec la même magie pop rock post punk. Si l’on excepte quelques petits soucis mécaniques du guitariste qui a pété deux fois les cordes de sa guitare (la faute à la chaleur annonce Stoltz), le show possède la même grâce que la veille. Stoltz semble détendu, il sourit, et l’entente entre les membres du groupe est évidente. Ils se font plaisir (et le partage avec nous). Sans être révolutionnaire, sa musique possède un truc bien à elle, qui embarque doucement mais ne nous lâche plus. Une confirmation là aussi, tout en cool attitude.
STIFF RiCHARDS.
Entre les deux précédents groupes s’intercale Stiff Richards et son groupe. Et là ! Boum ! Déflagration rock garage, flirtant méchamment avec le punk. Attention, quand on dit déflagration, c’est au sens premier du terme qu’il faut le prendre. Le son nous arrive frontalement, massivement, au point que nous sommes presque obligés de mettre une jambe en appui pour ne pas tomber à la renverse (bon on exagère un peu, mais à peine plus qu’un peu). La puissance de feu du groupe est impressionnante et sous le Chapiteau enfle la clameur d’un public qui perd littéralement tout contrôle sur lui-même.
Ici, la basse trépide, la guitare feule, la batterie cogne, et le chanteur, Stiff Richards donc, impose sa présence avec un magnétisme rare. Pas de gros effet, mais une présence qui en impose d’emblée, comme si sa musique et lui ne formaient qu’un. Tel un monolithe, le rock garage du groupe aplatit, tel un rouleau compresseur, toute concurrence, et il paraît bien dur de se relever après une telle claque ! Stiff Richards rejoue ce soir, sur la Grande Scène, à une heure plus avancée, et l’on présage un show monstrueux (d’autant plus que ses compatriotes australiens Vintage Crop et Jackson Reid Briggs seront également de la fête).
Beige Banquet.
Eux aussi seront de la fête, et eux aussi en imposent. En provenance d’Angleterre , le quintet propose un post punk musclé ne laissant filtrer aucune lumière. Le groupe est mordant, démoniaque, à l’image de leur bassiste qui, le buste tourné vers l’avant comme s’il lançait un défi au public, n’a pas l’air bien commode. Mais quelle puissance ! Quelle aura ! Comme pour Stiff Richards, mais un poil moins massif, le son ici ne peut que nous terrasser.
Pour le reste, la musique du groupe reste dans les standards du genre, avec ses sonorités froides, sa voix scandée, grave, sa basse tellurique et ses rythmiques à haute fréquence en bpm. Nous sommes ainsi en ligne directe des aînés du genre, né dans ce même pays, et l’on sent un passif musical fort dont Beige Banquet semble le digne héritier. Sur la grande scène ce soir, le show promet lui aussi d’être en fusion.
Mr Quintron & Miss Pussycat.
Sur la Grande Scène se tient une minuscule scène, une scène de marionnette. L’entame du show des américains ressemble à un télé crochet dédié à un spectacle…de marionnettes. Trois concurrents, un seul vainqueur (vraiment ?), un côté kitsch/kermesse assumé, décalage complet et plutôt marrant. Mais ce qui nous intéresse le plus ici, c’est la musique du duo évoluant ici en quatuor, avec un batteur et un…on ne sait pas trop… Un chanteur vocoder/machine. L’ambiance se situe quelque part entre le rock vaguement blues de la fin des sixties et les années 2000.
Le groupe dégage une drôle d’image, une certaine idée du kitsch (on y revient, avec son décor en carton, la tenue vichy de Miss Pussicat, tissu que l’on retrouve sur le fronton de la scène de marionnettes) mais qui, assumée, nous plonge dans un imaginaire fort. Le groove est là, imposé par les claviers de Mr Quintron (qui use aussi de la pedal steel, à moins qu’il ne s’agisse d’une Weissenborn, dur à dire…) et par une batterie basique mais d’une efficacité imperturbable.
Le mélange entre modernité et tradition donne un résultat des plus probants, cool, et le boogie coule liquide et d’or dans nos oreilles. Normal, le groupe vient de Louisiane. Il ne pouvait donc en être autrement.
DER.
En der des ders, Der investit la Grande Scène en mode trio guitare basse batterie. La basse est tenue par Red, qui assure également le chant. Là où nous entrevoyions un show relativement expérimental (ce que laissait présager les quelques morceaux entendus en préparation de ce festival), c’est une formule rock plus basique qui est proposée. Attention, basique mais pas quelconque ! En effet, cette formation possède un truc bien à elle, un choix de sonorités qui casse un peu celles entendues ce soir et qui marque une identité forte, aventureuse également.
Il y a de la puissance, mais plus feutrée. Il y a des solos de guitare qui proviennent d’on ne sait où. Il y a une présence pas forcément charismatique qui aimante le regard. Il y a aussi un feu sacré qui coule dans les veines des trois types sur scène. Ce groupe nous réconcilie avec un rock élégant, nuancé, qui sans tomber dans le piège de la surenchère en matière de décibel, use de la mélodie et des rythmiques pour nous ensorceler. Quoi de mieux pour finir cette soirée, avant le bouquet final de ce dimanche qui nous fait saliver depuis l’annonce de la programmation ?
Programme du jour
17hOO : Astaffort Mods (Chapiteau)
18h00 : Vintage Crop (Grande Scène)
19h15 : Beige Banquet (Grande Scène)
21h00 : Jackson Reid Briggs (Grande Scène)
21h45 : Destination Lonely (Chapiteau)
22h30 : Stiff Richards (Grande Scène)
23h15 : DER (Chapiteau)