LA SUPER CATHÉDRALE, journée des surprises

Report du 22/07

Sur le chemin du retour de cette deuxième soirée de concerts, nous avons discuté avec un festivalier (Mathieu pour ne pas le citer). C’est toujours intéressant de parler avec des personnes comme Mathieu. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’y connaît pas forcément en matière de musique, comme il l’a avoué de bonne grâce, mais qu’il aime se laisser embarquer par ses potes et découvrir des groupes explosifs. Il n’a pas été déçu par cette journée des surprises, autant le dire tout de suite.

Mais poursuivons. Donc, nous rentrons par le chemin des douaniers et devisons joyeusement sur la claque reçue par Chocolat Billy (on y reviendra plus bas), de celle reçue bien frontalement également de The Bobby Lees la veille, mais aussi de celle de Howlin’Grassman vs Stompin’ Bigfoot (que nous avons manqué de peu mais dont Mathieu nous a chanté les louanges). Ce festivalier, qui aime l’ambiance festive du festival plus que la musique en elle-même nous avouait également que cette nouvelle formule sur le site de La Rognousse était pour lui une bonne chose.

En effet, si nous sommes d’accord que le site nous laisse moins de liberté de mouvement que lors des précédentes éditions se déroulant sur le port de Binic, ce « resserrement » et cette petite jauge favorise grandement l’écoute de la musique. En effet, pas de distractions autres que d’écouter véritablement les groupe à La Rognousse, contrairement au port où la musique, finalement, n’était qu’un prétexte pour se retrouver avec les amis et picoler, sans forcément s’intéresser aux groupes. Mathieu, un fidèle du festival depuis plusieurs années, découvrait donc véritablement et pour la première fois la musique proposée, pour son plus grand plaisir !

JOSEBA IRAZOKI

Nous sommes arrivés un peu tard sur le site et avons manqué Lumer (mais vu la veille, donc ça compense un peu) et de peu Howlin’Grassman vs Stompin’ Bigfoot. Nous n’allons pas évoquer grand-chose du duo brestois, si ce n’est que l’ambiance était au rendez-vous (les acclamations du public à la fin du show étaient éloquentes). Le son aussi était bien présent à en juger celui que nous percevions sur le chemin menant à La Rognousse, ce qui n’a que pour effet d’avoir attisé nos regrets d’être à la bourre. Par voie de conséquence, pas de « visuel » à poser sur ce feu roulant de rock garage teinté d’un soupçon de blues. Les dires de notre acolyte sur le chemin du retour n’ont que confirmé notre peine de n’avoir pu voir la folie du groupe sur scène.

Fort heureusement, nous n’avons pas manqué la prestation de Joseba Irazoki et de son groupe. Visiblement, le musicien était content d’être sur scène : affable, souriant, un peu taquin aussi, le basque a déroulé un show alternant passages planants, légèrement expérimentaux (via des jeux de pédales sacrément bien dosés et électrico-surréalistes) et montées progressives dévastatrices. Le morceau d’anthologie de fin de concert nous a d’ailleurs laissés sur le cul avec sa lente progression et son changement de paradigme en plein milieu. Là où son entame s’avérait proche d’un slow langoureux, la montée d’hormone qui a suivi nous a laissé le souffle court.

Cette ambivalence entre douceur et fureur, le tout porté par un chant en basque plein de vie, nous a plus que séduits. Le rock d’Irazoki, véritablement chanté (la veille, les groupes étaient plus dans la scansion avec des belles attaques punk), est d’une belle richesse mélodique mais également dans ses structures, sans pour autant s’avérer prétentieuse ou intellectualisée à outrance (comprendre par là qu’il ne s’agit pas d’une musique pour musiciens, mais bien à destination du public). Un très bon moment et un joli coup de cœur !

joseba irazoki la journée des surprises

Joseba Irazoki crédits Patrick Beguinel

KELLEY STOLTZ.

Lui a succédé, une petite heure plus tard, le temps que tout le monde se sustente un brin, le californien, « from San Fransisco », Kelley Stoltz. Autre ambiance, plus dark avec ce personnage aux faux airs de Tim Burton (enfin de loin). Il nous procure, avec son groupe, une pop rock, nuancée d’effet post punk, de très très belle facture. Piochant dans son répertoire, le concert montre toute l’étendue du talent du musicien, capable de pondre un slow qui tue ou un morceau plus énervé. Intimiste et vibrant, son set, relativement hétérogène, force le respect malgré tout car nous y sentons une sincérité non feinte.

Kelley Stoltz discute beaucoup avec le public, le remercie chaleureusement et est visiblement heureux d’être là lui aussi, même si son visage n’affiche presque aucun sourire. Mais cette attitude n’en est pas une tant nous sentons un homme habité par ses démons, démons qu’il exorcise auprès du public. Le concert s’avère magnétique, avec un savoir-faire tout américain, à savoir qu’ils font le spectacle en basant tout sur un son irréprochable, lorgnant presque une forme de mainstream (qui n’est est jamais) ultra divertissante. Fort heureusement, le fond évite la dérive vers un rock de mauvaise qualité.

Sur le papier, nous n’aurions jamais pensé que l’artiste nous électriserait autant. Mais en live, il s’avère captivant et magnétique. Eh oui, certains cartonnent sur disques, d’autres sur scène. Kelley Stoltz, assurément, appartient à la deuxième catégorie.

kelley stoltz  la journée des surprises

Kelley Stoltz crédit photo Patrick Beguinel

CHOCOLAT BILLY.

LE groupe du jour. Simplement énorme ! A tel point que le multi-instrumentiste (basse batterie guitare et chant) dira en fin de show qu’ils sont un peu surpris par l’accueil réservé (mais faut-il le croire à al vue de l’esprit déconne du groupe ?). Sur le papier, Chocolat Billy joue une forme de rock expérimental aux structures alambiquées et aux textes oniriques/surréalistes évoquant notamment la science-fiction. On aurait pu croire l’esprit « non-sérieux » du groupe rédhibitoire (l’avant entame du show nous laisse craindre le pire), mais c’est véritablement une explosion rock qui nous cueille au ventre. Le public ne s’y trompe pas et renvoie autant qu’il reçoit. Le chapiteau devient rapidement une véritable cocotte-minute prête à exploser à chaque onomatopée du survolté guitariste.

Ce groupe est certainement le plus africain de ceux présents sur ce festival. On retrouve un sens du rythme propre à certaines formations maliennes, un même caractère trépidant, des sonorités de gratte approchantes, une forme de transe tribale exaltante, le tout rehaussé par un son monstrueux, qui prend littéralement possession de notre système nerveux. Impossible de ne pas succomber à l’aura du groupe, festive en diable, généreuse, explosive !

Le groupe ouvrira la grande scène aujourd’hui. On ne sait pas si ce changement de décor aura un impact sur leur show, mais assurément, celui d’hier était de la bombe, ni plus ni moins. Comme pour Kelley Stoltz, ce groupe, il faut le découvrir, les yeux fermés, sur scène !

chocolat billy la journée des surprises

Chocolat Billy crédits Patrick Beguinel

WARMDUSCHER.

La soirée s’achève avec les britanniques de Warmduscher. Première constatation, avant même la première note de musique jouée, le groupe place de l’importance dans sa mise en scène. Tous vêtus de combinaisons blanches, donnant l’impression d’un groupe bossant pour l’aéronautique, ils en imposent visuellement parlant. Quand le son retentit, cet aspect est renforcé de façon quasi exponentielle. Et que dire de la présence de feu du leader du groupe ? Véritable performer, il s’avère gentiment provocateur envers le public (les « motherfucker » pleuvent dans le ciel sans nuages de Binic), comme s’il cherchait à le chauffer à blanc (ce qu’il fait à merveille) afin de recevoir autant qu’il donne. Réactive, l’audience le lui rend bien, ça bouge au-devant de la scène, sans doute parce que le turbulent chanteur n’hésite pas à se frotter aux rambardes le séparant du public.

Musicalement, ça groove méchamment. La paire rythmique est sur des charbons ardents, tout autant que sensuels. Les guitares les complètent avec des mélodies accrocheuses, jouant la sobriété là où le chanteur harangue la foule avec son spoken word virulent. La tendance est donc à la haute énergie, proche du disco punk, formule idéale pour refermer cette deuxième soirée décidément pleine de surprises. Et que des bonnes !

warmduscher  la journée des surprises

warmduscher crédit Patrick Beguinel

Programme du jour

18h00 : Chocolat Billy (Grande Scène)
19h00 : Stiff Richards (Chapiteau)
19h50 : Willie Weird (autre projet de Kelley Stoltz) (Grande Scène)
21h40 : Mr Quintron & Miss Pussycat (Grande Scène)
22h40 : Beige Banquet (Chapiteau)
23h30 : DER (Grande Scène)
00h30 : DJ Francis Vidal (Chapiteau)

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