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La Maison Tellier en concert : coup de chaud à la maroquinerie
Le groupe rouennais La Maison Tellier présentait son dernier album « A7LAS » jeudi 22 septembre dernier à La Maroquinerie à Paris. Un concert au sommet.
La Maison Tellier est une formation à part dans la constellation des groupes français chantant dans leur langue. Composé de cinq faux frères, Alphonse, Helmut, Léopold, Raoul, et Jeff, le quintette a sorti au printemps dernier un nouvel album studio parfaitement maîtrisé dénommé « A7LAS« . Ce jeudi, le groupe le présentait pour la première fois à Paris en présence d’un nouveau frangin à la batterie, Jeff ( Matthieu Pigné). Une histoire de famille car ce dernier joue également, le marquage de la grosse caisse est là pour le rappeler, dans Animal Triste, groupe normand rassemblant notamment Yannick Marais, alias Helmut Tellier, au chant et Sébastien Miel, Raoul Tellier, à la guitare.
Des accents d’Americana
La grande différence porte sur la langue. Animal Triste privilégie l’anglais, La Maison Tellier le français et il faut bien le dire Helmut est passé maître dans l’art de la rime.
Pour preuve, ce morceau d’ouverture du concert, Copie Carbone, à la mélodie impeccable. L’accueil est des plus chaleureux, le groupe enchaîne avec B.A.U., titre nostalgique aux accents d’Americana.
Sur scène, chacun à pris sa place, les cinq musiciens, dont un trompettiste, parviennent peu à peu à conquérir le public. Raoul lâche un « Bonsoir » presque timide et l’assure, des anciennes chansons vont également être jouées ce soir. Voilà le sublime Amazone, extrait de l’album « Avalanche« . Dans la foulée, deux morceaux phares du dernier opus sont interprétés face à un auditoire debout et conquis, Chambre Avec Vue et A7LAS, le morceau-titre.
Huit albums à son actif
La suite puise dans le vaste répertoire du groupe. Avec huit albums à son actif, La Maison Tellier a de quoi tenir le choc, Helmut se fait plus loquace, taquine le public mais aussi les journalistes. « Un critique a parlé de dépression cool pour définir notre musique, alors on essaie d’entretenir un peu. Ça s’appelle Babouin. ».
Surprise, le groupe invite Arman Mélies à le rejoindre sur scène le temps d’une reprise de Sébastien Tellier (encore un Tellier !), L’amour & la violence.
Le public est définitivement conquis, Helmut l’interpelle : « Vous avez des questions ? »
« Et ce que vous avez des sœurs ? »
« Et ce que vous avez des sœurs ? » lance un spectateur, ce qui ne manque pas de faire sourire la fratrie.
Un discours célèbre de Georges Bush père, en 1988, à la convention Républicaine lors de l’annonce de sa candidature à la présidentielle, offre à Helmut Tellier une rime riche, read my lips (croyez moi sur parole) et apocalypse. Il lance peu après le titre Trois degrés de séparation. Le concert est déjà bien entamé, c’est l’étuve dans la Maroquinerie mais la chaleur donne des ailes aux musiciens. Chinatown, Kim Jong X puis en final Les douze travaux d’Helmut conclut le set. Helmut et Raoul se lâchent à la guitare. Ovation du public.
Un long rappel
Le quintette ne mettra pas longtemps à revenir pour jouer, à trois, Exposition Universelle en acoustique. Moment plutôt sympathique, Helmut arrive à faire rimer Sibérie et Maroquinerie puis le reste de la troupe revient pour jouer une reprise de The Weeknd, Blinding lights.
Comme un concert de La Maison Tellier ne serait pas parfait sans Avalanche, le titre phare du groupe est à son tour joué. Haut Bas Fragile clôt le bal avec entrain, voilà le moment du salut et sous la pression du public d’un dernier morceau, Prima Notte, un extrait de « Primitifs modernes« .
« A demain » chambre une dernière fois Helmut en quittant cette fois définitivement la scène. « C’est complet » lance une voix dans le public !
Durant deux jours les frères Tellier ont fait de La Maroquinerie leur Maison. Et c’était superbe le temps de 21 chansons folk ciselées dans une dentelle littéraire à la française aussi belle que précieuse.
Pat
Ancien rédacteur en chef à Publihebdos, Patrick Auffret a également collaboré durant 20 ans avec le magazine Longueur d’Ondes. Il travaille régulièrement avec l’agence photo Dalle et ses clichés ont été publiées dans divers journaux nationaux (Le Monde, Les Inrockuptibles, Rock&Folk, …) et internationaux.
Il est aujourd’hui web-reporter pour Rock&Folk et président de l’association dédié au spectacle vivant Out of time.
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