Florent Lucéa, combat entre le bien et le mal au cœur de l’amazonie.

nous sommes la forêt florent lucéa chroniqueNous sommes la forêt, disponible chez Les Éditions du net.

Avec Nous sommes la forêt, Florent Lucéa réexplore, à la manière d’une fable écologique, le sempiternel combat entre le bien et le mal. Ce livre, loin de tout aspect moralisateur, ne manque pas d’attrait pour plaire aux jeunes comme aux moins jeunes.

L’histoire

Nous sommes la forêt se déroule en Amazonie. Une multinationale cupide détruit consciencieusement la forêt pour en extraire ses richesses, ses ressources, construire des routes. Dans sa soif d’expansion, elle se heurte cependant à l’opposition d’une protectrice de la faune et de la flore. Pour mener à bien sa politique de profit, le patron de cette entreprise n’hésite pas à la faire assassiner, ce qui déclenche une guerre entre les deux parties.

Chaque camp possède ses arguments, à savoir d’étranges créatures dotées de pouvoirs magiques, les unes optant pour la destruction de cet espace vierge, l’autre choisissant de le préserver, comme ils en ont fait la promesse à l’âme de la défunte assassinée.

La forme

Cela est vulgairement résumé, mais retrace la ligne conductrice de ce court roman de Florent Lucéa. Enfin, nous disons roman mais il n’y ressemble pas dans sa forme. En effet, son format A4 découpé en 10 chapitres, et regroupant autant d’illustrations, se rapproche plus d’un cahier que d’un livre. Cela n’ôte en rien le plaisir de le tenir dans ses mains, rassurez-vous.

Chaque fin de chapitre est agrémenté d’une illustration réalisée par Florent Lucéa. Singe, papillon, mammifères et félins, tous se donnent rendez-vous pour, d’une part, illustrer un chapitre se terminant, d’autre part disperser dans cette lecture riche en sensations des bulles de couleur qui ne font qu’accentuer l’immersion.

Le fond

Cette histoire somme toute banale (le combat entre le bien et le mal) se place, pour le point de vue inédit, à hauteur d’animaux. Ce sont eux qui décident de sauver leur habitat, faisant ainsi honneur à l’âme de la défunte. Celle-ci les ayant un jour ou l’autre sauvés de braconniers ou de mort certaine suite à la déforestation galopante, ils honorent leur « dette » avec conviction (ce qui peut manquer à certains humains).

Ce parti pris, qui vaut aussi bien du côté des bons que de celui des méchants, nous change des habituels questionnements humains (même si les créatures sont évidemment humanisées). Ici, tout paraît plus simples, plus évident. Détruire la nature équivaut à perdre la vie, et si les méchants y trouvent leur compte, les gentils y perdent tout. Il n’y a pas d’autre questionnement, pas d’appât du gain, juste une promesse faite et à tenir, juste un territoire à préserver pour que tous puissent vivre en paix. Si nous ne nous identifions pas aux personnages animaux comme nous le ferions aux personnages humains, nous comprenons le message et nous ne pouvons que prendre parti (pour les gentils, si vous prenez parti pour les méchants, vous avez un sérieux problème).

De fait, l’ensemble est crédible même si le côté magique de ces créatures protectrices (ou malfaisantes) de la forêt dénote un peu. En y incorporant ce qu’il faut de légende, Florent Lucéa maintient le cap sans fléchir et insuffle à son récit un côté épique et mythologique. L’histoire se tient, est plaisante à lire même si un peu trop de synonymes (pour éviter la redite du nom d’un animal notamment) pèse un peu sur la lecture. Il faut donc rester concentré sinon nous risquons de nous emmêler les pinceaux. Ce petit défaut mis à part, le talent de conteur de notre auteur du mois ne fait aucun doute.

Une fable (éco) responsable

C’est d’ailleurs par le prisme de la fable ou du conte transmis par un aïeul à sa descendance que Florent Lucéa déroule son histoire. De même que la fable, il nous laisse, pour conclure Nous sommes la forêt, avec une morale quant à nos pêchés d’orgueil, de gourmandise (celle de l’argent) et d’envie (celle du profit à tout prix). Pourtant, cette morale n’est pas moralisatrice à l’excès. Elle nous paraît être plutôt synonyme d’un constat sur ce qui se passe un peu partout dans le monde, d’où la bêtise humaine nous conduit inexorablement.

Si Nous sommes la forêt est destiné à un public plutôt jeune, il convient à tous parents de le lire également. Car c’est de notre responsabilité, depuis toujours, de faire en sorte que le monde tourne rond, ce qu’il ne semble plus bien faire ces dernières décennies.

Quoi qu’il en soit, Nous sommes la forêt est un livre dépaysant, porteur d’un message fort mais sans lourdeur qu’il convient de lire et de partager autour de nous.

Retrouvez l’interview de notre auteur du mois ICI

Site officiel de Florent Lucéa ICI

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