MILAN DARGENT, Hot stuff, les Rollings Stones en 18 leçons.

milan dargent hot stuff les rolling stones en 18 leçonsSorte de biographie consacrée au plus grand groupe de rock du monde.

« Quoi ? Encore les Rolling Stones ? Ça fait 60 ans qu’on entend parler d’eux. Regardez par exemple Rock&Folk, ils y font la couv’ tous les deux mois ! Non franchement, y en a marre des Stones ! » Tels pourraient être les propos tenus par quelques grincheux, dont nous faisons parfois partie c’est vrai (faute avouée… vous connaissez la suite), à propos du groupe inoxydable qui sévit depuis la moitié des années 60. Mais avec Hot Stuff, de Milan Dargent, paru aux éditions Le mot et le reste, c’est bel et bien le sourire qui remplace les bougonnements.

Il faut avouer que cette presque biographie, ce presque cour magistral sur les Stones est à la fois drôle et touchant. Drôle parce que Milan Dargent ne manque pas de dérision, d’autodérision, et qu’il égratigne un peu tout le monde, personnel du biggest rock and roll band of the world compris, touchant parce que nous y voyons une admiration sans failles qui a su traverser les époques, pour finalement être toujours vivante, contrairement à deux des membres originaux de la folle formation.

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PAS de révélations !

Ce livre ne renferme aucune révélation. C’est comme ça. Ce n’est pas son but. Son but, c’est d’aider la science comme si joliment dit (malgré son énorme mauvaise foi) en introduction aux fameuses 18 leçons que renferme Hot Stuff. Ce livre n’est rien d’autre qu’un livre de fan qui revient, mine de rien, sur l’attachement que nous pouvons avoir à ce groupe qui a su durer dans le temps et, un jour ou l’autre, toucher tout le monde. La première leçon, consacrée au tube Angie, n’ouvre donc pas les festivités par hasard.

En 18 vignettes, revenant sur le parcours du groupe, sur les palliatifs si, un jour, nous nous retrouvions sur une île déserte sans album de Stones, sur des anecdotes connues mais vues sous un prisme parfois, ou même très souvent, taquin, Milan Dargent nous raconte surtout comment on en vient à tout pardonner à ce groupe parfois outrancier, parfois vulgaire, mais toujours…élégant.

Car oui, les Rolling Stones, très limite sur moult épisode de leur vie et de leur carrière, sont excusables. Sans doute parce qu’ils étaient toujours à deux doigts de sombrer dans la gaudriole, mais que jamais ils ne succombèrent. Des excès en tout genre il ne reste finalement que leur longévité, leur créativité, leur aura.

Podcast de l’émission B.O.L du lundi 16 mai consacré à ce livre http://www.radio-activ.com/podcasts/bol-160522-pad.mp3 

Le groupe mourra à la mort de Richards ou Jaegger.

Des excès, il y en a eu. Ils ont pour ainsi dire créé la sainte trinité rock n’ rollienne, sex, drugs and rock n’roll. Ajoutons à cela une fiscalité plus que douteuse et le tableau est complet. Pourtant, comme par magie, tout leur fut pardonné. Mais qui pourrait en vouloir aux géniteurs d’Exile on main street, Sticky Finger ou autre Beggars Banquet ? Ces gars là, en tout cas les glimmer twins, ont pondu des chansons absolument géniales, indémodables pour une grande majorité d’entre elles, des classiques de l’histoire du rock.

La mort de Charlie Watts survenue l’an passé n’y changera rien : la machine rolling stonienne continuera de roller tant que Richards et Jaegger tiendront encore sur leurs guibolles. Même s’ils ont perdu de leur superbe, surtout après une chute de cocotier, ils ont encore le feu sacré (enfin plus le fameux escaladeur de cocotier que le « banquier » du groupe) et ne s’arrêteront que lorsque la mort s’emparera d’eux (et ce même événement risque fort de fortement nous ébranler nous aussi).

Avec une écriture digne des meilleurs romans (le bouquin est superbement écrit, vraiment, rien à voir avec une biographie lambda), Milan Dargent redonne aussi du lustre au blason d’un gars comme Ron Wood. Oui, ce musicien boudé par les fans grincheux, n’en est pas moins un Stones à temps plein, alors que tant d’autres auraient pu l’espérer un jour pour les bons et loyaux services apporté à la cause, mais peu souvent crédités en tant que tels. Car si les Stones étaient et sont encore généreux en riffs tranchants et en époumonades en tout genre, ils étaient assez grippe-sous quand il s’agissait de donner à César ce qui lui revenait de droit. Ce n’est pas Ry Cooder, qui l’a encore en travers de la gorge, qui nous contredira.

On s’en fout.

Mais de tout cela, on s’en fout royalement parce que les Stones sont les Stones, qu’ils ont enterré toute la concurrence, à commencer celle du seul groupe capable de rivaliser avec eux (et quand on dit rivaliser on veut surtout dire de surclasser), c’est-à-dire les Beatles.

Ce bouquin est un petit joyau d’humour et d’amour. Il nous positionne face à notre rapport à la musique (et pas seulement à ce groupe incontournable), à ce qui nous nourrissait quand nous étions adolescents (finalement, on a peu évolué, comme des ados attardés quoi…Enfin on parle pour nous) et qui, des décennies après, nous poursuit encore. Il nous interroge aussi, avec un peu de recul, sur notre mode de consommation de musique. Aujourd’hui, à l’heure des singles, qu’aurait été la place de ces grands groupes des sixties ? Dur à imaginer, mais la vérité est que, en ayant pigé rapidement les règles du marketing, les Rolling Stones, grâce au fameux Andrew Loog oldham, sont devenus plus gros qu’eux-même, devenant une marque. Car qui aujourd’hui devient fan des pierres qui roulent alors que tous connaissent la fameuse langue ?.

Bref, singulier, brillamment divertissant, mais aussi capable de nous amener à nous interroger sur nous-mêmes, Hot Stuff est à conseiller à tout le monde, admiratif du groupe ou pas. Il dépasse ce simple cadre formel de la fan base, un peu comme les Rolling Stones débordent de celui simplement lié à la musique. Il est une part de nous (mis en mots par un autre que nous, mais qui nous ressemble quand même beaucoup), tout comme les Stones font partie de nous. Et le groupe sera partie intégrante de notre corps, que nous le voulions ou non, jusqu’à notre mort. Et ça, c’est tout bonnement magique.

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