PORIJ, Outlines

Porij OutlinesEP déjà disponible chez Underplay

Ce groupe est relativement passé hors de nos radars et c’est donc tardivement que la chronique tombe. Pourtant, ce quatuor anglais mérite que nous nous y arrêtions, ne serait-ce que parce que, l’été dernier, il a assuré les premières parties de Metronomy (rien que ça) mais a aussi effectué sa propre tournée. Porij est donc au mieux de sa forme, ce que confirme cet Outlines à la fois pop et dance.

Attention, pas n’importe qu’elle dance. On parle ici d’une électro qui invite véritablement à danser, tout en restant construite d’une telle façon que jamais elle ne lorgne le tout-venant. Par des jeux de superposition/retrait, par un sens aigu de la mélodie, Porij nous entraine dans des compositions dévoilant un univers propre à chaque titre.

Ainsi, nous naviguons d’un titre purement axé clubbing (lose our minds) à la pop (Outlines) sans que jamais le groupe ne perde la boussole. Le lien évident, dans un premier temps, entre les 4 morceaux est la voix de la chanteuse Eggy. Ses tonalités douces contrastent parfois avec une certaine âpreté instrumentale. Le paradoxe fonctionne à merveille tant les mélodies vocales semblent être le ciment de la musique du groupe.

Néanmoins, lorsque l’EP a tourné plusieurs fois sur la platine, nous nous rendons compte que l’autre élément fondamental du groupe est cette recherche sur les rythmiques lesquelles, couplées à des tessitures sonores le plus souvent originales, déclenchent immédiatement notre attention. Si nous y retrouvons certaines tendances héritées des années 90, Porij les réinvente à la sauce 2020, leur incorporant une touche de mélancolie joyeuse, sans doute parce que résultant des nombreux bouleversements survenus avec le covid et le brexit.

Du général à l’intime.

Pourtant, Outlines nous invite à prendre la tangente, à s’évader dans une musique qui, petit à petit, nous permet de nous libérer de nos entraves. Le morceau titre monte progressivement en puissance, s’étire en vortex ascendant qui fait s’envoler toute lassitude et nous place sur orbite pour Automatic. Plus dansant, ce titre ne manque pas d’inspirer un léger univers onirique sur son refrain, avant de replonger dans une fosse où les corps en transe s’ébrouent sur des rythmes entrainants. Même si le « tout » synthétique pointe, on trouve néanmoins des sonorités organiques, cœurs qui battent à l’unisson sur des mid-tempos convaincants.

Lose our mind lache les chevaux. Le rythme se gorge de BPM et évoque, comme mentionné plus haut, un titre fait pour les clubs avec son piano/synthé caractéristique. On retrouve plus ou moins la donne sur Figure skating qui se pare d’une excellente ligne de basse. Le club est cependant délaissé pour un titre que l’on juge plus intimiste. Sans doute que le mix participe à cette sensation d’une confession évoquée directement de bouche-à-oreille. La musique, en retrait, dégage un effet vaguement distant, même si sa présence reste importante. L’accent est ici mis sur le texte, ainsi que sur la voix.

Les compositions se suivent et se ressemblent peu. La patte de Porij s’affine en chemin, comme si, à force de nous inviter à le suivre, le groupe se livrait au fur et à mesure à nous. En résulte une sensation mélangée entre une intimité dévoilée et un besoin d’évasion partagé. Jamais dans le cliché, le groupe se montre particulièrement inspiré et inventif, et nous offre un EP jamais dénué d’une certaine flamboyance. A découvrir donc, même avec un peu de retard !

Patrick Béguinel

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