NEIST SEASON : interview + Chronique d’ Icy

neist seasonEP disponible chez Shore Dive Records.

Nous avons posé quelques questions à Kévin, fondateur du projet Neist Season. D’abord en solo, il livre aujourd’hui un nouvel ep, Icy, en duo. On évoque la chose avec lui.

L’interview

Litzic  :Salut Kévin. Tout d’abord, comment vas-tu quelques jours après la sortie du deuxième EP de Neist Season ?

Kévin  : Tout va très bien merci, nous avons fêté la sortie avec un concert le soir même au Grenier à Bières (Pontivy), ça été pour nous l’occasion de jouer pour la première fois en public les compositions de l’EP, c’était un très bon moment. Le lendemain nous avons de nouveau joué notre nouveau set-live à l’occasion de la soirée des 5 ans de la micro-brasserie Dimezelle située à Quessoy. L’EP a reçu un bon accueil, Ouest France a relayé le clip, nous avons aussi reçus plein de messages et commentaires encourageants, c’est motivant ! Icy sort en collaboration avec le label Shore Dive Records (Brighton) ; c’est une fierté.

L  :Peux-tu nous parler un peu du projet Neist Season ? Comment est-il né et comment (et pourquoi) es-tu passé d’une formule solo en mode duo avec Tom qui officie à la batterie sur cet album et depuis plus longtemps sur scène ?

Kévin  : Le projet Neist Season est né en 2018 d’une envie d’apprendre à faire de la musique électronique tout en racontant une histoire. La formule solo a été nécessaire pour moi, cela m’a permis de prendre confiance et de gagner en maturité musicale. Il était important de faire ce chemin seul je pense. Cependant, après deux EP et de nombreuses prestations en solo, j’ai senti le besoin de parcourir cet univers musical avec quelqu’un d’autre, qui insufflerait au projet Neist d’autres éléments sonores ainsi qu’une nouvelle dynamique. Tom, qui est devenu un ami, apporte cette complémentarité et ce nouveau souffle dont le projet et moi-même avions besoin.

L  :Comment définirais-tu la musique de Neist Season ? Quelles sont les influences qui t’ont nourri et que l’on retrouve dans tes deux opus ?

Kévin  :La musique de Neist Season se définit par le mouvement, ce quelque chose qui nous emmène ailleurs. La simplicité apparente de la pop, présente dans notre esthétique, est une bonne porte d’entrée pour aborder des éléments plus complexes, que ce soit dans la thématique des textes ou bien nos sonorités rock-électro. Une de mes influences majeures est le livre Sur la Route de Kerouac, récit initiatique par excellence que j’ai découvert au lycée et qui me suit depuis.

j’ai senti le besoin de parcourir cet univers musical avec quelqu’un d’autre, qui insufflerait au projet Neist d’autres éléments sonores ainsi qu’une nouvelle dynamique.

L : Comment s’est élaboré Icy ? Quelles en ont été les fondations et évolutions par rapport à Black Space ?

Kévin :La première démo de Icy a été réalisée en formule solo, dans la continuité des précédents opus. Néanmoins cela me convenait plus, j’éprouvais le besoin de faire évoluer le projet vers d’autres horizons. Les textes ont été réécris, les sonorités épurées, des harmonies vocales ajoutées ainsi que la batterie de Tom. Finis la boîte à rythme. Black Space représente le point de départ. Dans tout cheminement il y a des remises en question et des directions à prendre. Je ne souhaite pas rester enfermé dans des schémas de compositions fixes. Par exemple, nous jouons toujours les compositions de l’EP Black Space en concert mais réarrangé avec la batterie, certaines paroles ont été modifiées, des structures ajoutées… Il serait paradoxal de rester sur des compositions figées alors que le propos du projet Neist c’est justement le mouvement.

credit photo Jeremy Jagu

L  :Comment bossez-vous avec Tom ? Qu’est-ce que sa présence à modifié chez toi dans ta manière de composer, d’enregistrer, ou même plus généralement dans ta façon de concevoir la musique de Neist Season ?

Kévin  : Pour les compositions j’écris les textes, les harmonies (guitare/synthés) et Tom compose ses parties de batterie. Nous nous laissons des espaces de libertés individuelles dans la façon de créer, pour que chacun y apporte sa personnalité. Sa présence a changé ma façon de composer car désormais nous pouvons faire des harmonies vocales, l’énergie et la dynamique sont plus présente et il faut organiser tout cela.

Nous nous laissons des espaces de libertés individuelles dans la façon de créer, pour que chacun y apporte sa personnalité.

L  : Quels sont les thèmes abordés dans Icy ?

Kévin  : Icy évoque un nouveau départ, le commencement d’un nouveau cycle.

L : On retrouve un peu de ce qui faisait l’essence du précédent opus, mais le côté « electro » est ici un peu estompé par un côté « brut » plus organique. La batterie n’y est pas pour rien, mais je sens également une évolution artistique qui tend à rendre l’enregistrement presque live. Etait-ce prémédité ou est-ce que cela s’est révélé lors de l’enregistrement ? D’ailleurs, où et avec qui a été enregistré l’EP ?

Kévin  :Une partie de l’EP a été enregistré en home-studio, les voix et la batterie ont été enregistrées avec Damien au Studio Transistor (Sens de Bretagne), le mixage a également été réalisé là-bas. Pour le mastering c’est Julien de Master Plus (Le Rheu) qui s’en est chargé. Concernant l’aspect « live » de l’enregistrement ta remarque est juste. Cela s’est imposé à nous je pense. Nous jouons beaucoup pour les concerts et finalement garder un son brut c’est peut-être un moyen de rester plus proche de l’émotion de départ. Réflexion à suivre !

L  :Pour autant, on retrouve la patte Neist Season, qui alterne passages instrumentaux et titre plus pop. Est-ce important pour vous de laisser la place aux instrumentaux et à l’imaginaire qu’ils suscitent ? De la même manière, en proposant des passages plus électriques, notamment sur Icy, avez-vous voulu montrer une certaine réaction à l’époque qui est la nôtre, incertaine, un peu flippante, assez violente, le tout sans perdre de vue l’aspect pop attractif de votre univers ?

Kévin  : Oui les titres instrumentaux sont importants, je les trouve plus immersifs, plus libres aussi. Concernant le passage électrique sur le titre Icy c’est surtout un clin d’œil au titre indie-rock « Drift to Cassiopea » présent sur l’EP Black Space. Personnellement je souhaite me détacher de l’actualité qui nous entoure. Néanmoins, chacun peut en faire une lecture plus personnelle car le propos de de Neist c’est le récit intérieur. Cela fait partie des espaces de libertés que nous laissons dans notre musique pour l’imagination de l’auditeur.

L  :Je trouve que l’EP réussit à dégager un sentiment positif, ou du moins orienté vers l’optimisme, et ce malgré des pointes de mélancolies qui affleurent régulièrement à la surface. Malgré tout, j’ai l’impression que celles-ci, loin de plomber l’EP, tendent à générer un onirisme discret. Je me trompe ?

Kévin  : Oui effectivement, l’idée est de s’orienter vers quelque chose, dans la narration des textes ou dans l’aspect plus introspectif de certains titres. Le doute, le rêve, l’espoir et la mélancolie sont des sentiments qui font partie du cheminement.

Personnellement je souhaite me détacher de l’actualité qui nous entoure.

L  :Vous avez des dates de prévues prochainement pour en faire la promotion. Quels sont vos rendez-vous « incontournables » où l’on pourra vous découvrir en live ?
Kévin  : Voici les dates :

12/05/23 : Release party au Grenier à Bières (Pontivy, 56)
13/05/23 : Brasserie Dimezell (Quessoy, 22)
24/06/23 : Fête de la musique (Plouvara, 22)
29/06/23 : Les Cochons Flingueurs (St Quay Portrieux, 22)
04/07/23 : La Glycine (Guingamp, 22)
13/07/23 : Le Beardy’s bar (Ploërmel, 56)
16/07/23 : Le 1701 (St-Brieuc, 22)
27/10/23 : Le Bref Rive Gauche (Vannes, 56)

L  :Quels souvenirs gardez-vous des shows passés ? Ont-ils permis de rôder votre univers ?

Kévin  : En effet, chaque concert est pour nous un moment singulier et c’est pour nous l’occasion de nous remettre en question pour faire évoluer le projet.

L  :Si tu devais donner envie à nos lecteurs de se précipiter vous voir sur scène, ou d’acheter votre EP, que lui dirais-tu ?

Kévin  : Qu’ils sont libres de venir et que nous avons envie de partager ce moment avec eux. Libre à eux également d’acheter l’EP, ou de l’écouter en streaming sur leur plateforme préférée.

L  :Si tu devais décrire Icy en 3 mots, quels seraient-ils ?

Kévin  : Difficile à dire, ce serait très subjectif et probablement peu représentatif… Je préfère laisser la liberté à chacun de se faire sa propre idée de l’EP.

L  :Où peut-on trouver Icy en vente ?

Kévin  : Vous pouvez le trouver à chacun de nos concerts, sur le site de merchandising indépendant français https://chez-simone.fr/neist-season/ ou bien sur le bandcamp https://shorediverecords.bandcamp.com/album/icy-ep du label Shore Dive Record en édition très limitée réalisée à la main.

L  :Merci d’avoir répondu à mes questions !

Kévin  : & Merci à toi pour l’intérêt que tu portes au projet Neist et à tes questions pertinentes. On sent que tu t’y es immergé en l’écoutant et c’est ce qui compte.

neist season icy

La chronique d’Icy

Quatre titres, c’est souvent peu pour bien s’imprégner d’un disque, d’autant plus quand celui-ci possède une plage instrumentale en guise d’intro. Pourtant, dans le cas d’Icy, chaque morceau porte en lui son univers et parvient à nous attirer à lui d’une manière inédite. L’instrumental Sunrise semble commencer sur un bruit que l’on rencontre dans tous les ports de plaisance du monde, à savoir celui des câbles qui frappent les mâts dès qu’une brise se lève. On entend d’ailleurs la mer, les mouettes, à moins que notre imaginaire nous joue des tours ?

C’est là la magie d’un instrumental, éveiller l’imagination et nous propulser dans une bulle solitaire dans laquelle nous mettons ce que nous voulons. Pour nous, un esprit de liberté se diffuse du titre qui, après une montée en léger crescendo dévoile une rythmique dynamique avec un soupçon disco dans la batterie et le traitement des basses. La guitare n’est pas en reste et développe un souffle porteur, optimiste, tandis que les synthés rendent l’ensemble ensoleillé.

Changement de sonorités avec Armor. Les claviers sont aux avant-plans, la batterie se fait légèrement plus lourde, mais cela n’est qu’un trompe l’oreille. En effet, si elle martèle une rythmique efficace, son inventivité lui permet de s’évader des carcans cold wave à laquelle elle semble presque prédestinée. La voix se fait vectrice d’émotions, mais dans une forme de sérénité. Légère, elle se détache juste ce qu’il faut des parties instrumentales pour nous rendre la main et nous embarquer avec elle dans son univers ouaté.

Déjouer les attentes.

Icy débute sur une alarme de réveil, ou une alarme potentiellement plus angoissante, mais nous sommes vite réconfortés par une voix profonde grave, celle de Tom. Bientôt elle est rejointe par celle de Kévin qui semble la conduire vers un lieu plus serein. Mais ici, tout est trompeur. Alors qu’on sent poindre une nouvelle fois un aspect cold wave, le groupe sort la distorsion, hausse le tempo et nous enmène en terres rock, avant de retourner à ses fondamentaux et de nous embarquer vers un ailleurs fantasmatique.

Lonely night clôt l’Ep sur une note plus mélancolique, aidée en cela par un pont instrumental tout en tension et en retenue. Le groupe connaît la musique, il en évite les pièges, les effets téléphonés et nous offre un EP de très belle facture qui laisse entrevoir un très beau potentiel sur scène puisque le groupe sait alterner les climats et jouer avec l’émotion. Mais le mieux reste encore de se plonger dans le disque avant de les voir sur scène dans les prochains jours.

Patrick Béguinel

soutenir litzic

Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter

 

Ajoutez un commentaire