LAGOON, 1er EP éponyme

LagoonComme une French Brit Pop/rock

Sorti en janvier dernier, le 28 pour être précis, Lagoon était passé un peu au travers de nos radars (faute à énormément de disques reçus à cette époque). On rattrape le coup parce que ce 4 titres est sacrément enthousiasmant !

4 titres, c’est parfois peu pour se faire un avis tranché, mais dans le cas de Lagoon, c’est largement suffisant pour nous prouver l’efficacité de leur pop rock saupoudrée d’un peu de post punk. Alternant français et anglais, parfois, souvent, au sein d’un même titre, l’ensemble dégage une force indiscutable. Sans doute parce que les attaques vocales de Gaby Gaudefroy (également à la guitare et au synthé) nous rappellent quelque part celle d’Alex Turner, avec ce côté mordant mais qui sait rester dans la juste mesure. Ainsi, pas de surenchère, au contraire une certaine sobriété qui apporte un relief bien senti et un regain d’énergie à cette voix parfaite dans son genre.

On accroche d’ailleurs en premier sur cet élément. Un bon chanteur pourrait faire passer une musique fadasse pour un chef-d’oeuvre (certains critiques, par exemple, disaient que Jim Morrison aurait pu réciter le botin que ça l’aurait fait pareil pour The Doors… On adore les critiques rock, hem). Fort heureusement, derrière le chant, ça assure grave avec une base guitare (ou synthé, au choix) basse (Antoine Beaumont également aux choeurs) batterie (Maxime Leroy et choeurs) d’une grande efficacité, à la fois mélodique et rythmique. L’ensemble nous montre un groupe qui a déjà tout le potentiel pour faire grandement parler de lui (même six mois après la sortie de leur disque sic).

Lagoon

Rock romantique.

Derrière une énergie dévastatrice, c’est les titres les plus apaisés qui démontrent un véritable savoir mélodique, en plus d’un art de la composition, certes plutôt classique, mais d’une redoutable efficacité. Les refrains sont accrocheurs, les passages rage/apaisements sont à la fois surprenants et très pertinents. Ainsi, Dirty Storie, balade géniale de 2’33 nous montre une électricité qui claque comme un orage, malgré un tempo très lent, et une batterie aux abonnés absents.

Tout passe dans l’intensité de la voix et dans un mix judicieux. Les choeurs apportent aussi leur grain de sel pour rehausser le refrain d’une pointe d’émotion bienvenue. Ce titre, inattendu (en effet, sur un mini album, on cherche à en mettre plein les oreilles), s’avère un parfait contre pied de la part de Lagoon qui ose le titre court et empli d’un spleen lunaire (et quelle voix lead!).

Étrangement, sur l’ensemble des titres, c’est un aspect adolescent qui ressort, parfois un peu naïf (cela n’est absolument pas péjoratif) dans ses paroles. Ce côté presque adolescent se traduit par cette énergie qui emprunte des bons riffs à un rock véhément (on pense à Eiffel) tout en possédant un feu roulant de bravoure, celle de ceux qui, pas encore totalement rétamés par la vie, s’arrogent le droit de la provoquer. Bien fait, ça nous ramène à nos belles années, celle où nous croyions que tout était encore possible.

Une réussite.

Le côté naïf correspond lui au choix des mots pour parler de l’amour. À sa façon, Lagoon se positionne du côté romantique sombre de la chose, sans jamais sombrer dans la mièvrerie ou un côté facile qui rendrait l’ensemble gerbant. Au contraire, les mots, simples, évoquent la vérité de sentiments nous traversant quand on a le cœur qui flanche (ou a flanché) pour une femme (ou un homme). Pourtant, derrière une musique parfois lumineuse, les désillusions pointent, sévèrement, et les paroles se teintent d’amertume (qui est aussi le nom du premier titre de l’EP).

Dans tous les cas, cet EP s’avère une vraie réussite ! Très bien fichu, avec une tracklist qui opte pour la pertinence à plein pot, mais qui possède également cette faculté à proposer des titres efficaces mais qui restent originaux malgré tout (pas forcément une gageure dans ce genre ultra rabâché). Même si tout n’est pas parfait (un accent parfois vacillant, qui ne s’écroule jamais néanmoins, ou un petit truc rythmiquement étrange sur Finger Food, comme une sorte baisse de tension dans le premier couplet), le trio s’en tire avec les félicitations et surtout des prompts encouragements à creuser leur sillon.

Attention ! Lagoon pourrait bien figurer en tête d’affiche dans les prochaines années s’il confirme la donne !

Patrick Béguinel

soutenir litzic

Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter

Ajoutez un commentaire