INEIGE, Air

Ineige Air

Deuxième EP

En français dans le texte, rock et pop dans la musique, Ineige parvient avec Air, son deuxième EP, à nous émouvoir d’une façon intense. Peut-être parce que la voix véhicule, via un léger trémolo, une intensité fiévreuse, romantique, qui ne nous laisse pas indifférents. Peut-être également par cette production musicale qui met sur un pied d’égalité tous les instruments, comme pour permettre à leurs voix de se faire entendre, à égalité, avec celle de la chanteuse.

Tout commence avec Novembre, morceau dédié au temps qui passe (quand je cligne des yeux, je meurs un peu). Loin de voir les arbres perdent leur feuille sous l’effet du froid, c’est une chaleur qui semble nous entourer de ses bras. Celle-ci s’avère mélancolique, sans doute parce qu’elle entre en résonance avec les sentiments qui nous habitent toujours un peu quand on souffle une bougie, ou simplement quel que soit le moment de la journée ou de la nuit.

Comme pour faire taire un peu du romantisme de ce premier titre (romantisme des images et de cette expression intime dévoilée), Apaisement joue, contre toute attente, et surtout en contrepied de son titre, la tension électrique, celle de la guitare, laquelle contrarie un texte plus optimiste et tourné vers l’autre.

Toujours intense, jamais tiède, la musique nous envahit de toute sa (douce) force. Le mix, impeccable, met l’accent sur le texte, sans pour autant oublier les belles parties de basse et la rythmique que l’on ne peut jamais prendre en défaut. Légère ou plus percussive, la batterie s’avère inventive et précise. Reste alors à la guitare a faire ressortir, en pointillé, ses propres émotions. Comme des points d’articulation, chacune de ses phrases aide à une meilleure compréhension du propos qui découle de l’univers d’Ineige.

Doux mélange d’émotions

Caverne, en ce sens, s’avère bouillonnant, brouille la frontière entre chanson et rock, dégage un caractère abrasif qui nous enflamme des pieds à la tête, sans nous laisser de véritable répit. La fin, sportive, décuple les sensations en attente tout au long du titre. On termine, au finish, essoufflé mais aussi heureux d’un tel dénouement. Enfin, Phoenix, capté live, apporte une densité nouvelle au groupe, une ampleur que seule une interprétation en direct permet. Arpège minimaliste et voix s’en donnent à cœur joie, nous montrant toute l’étendue de ce chant absolument parfait et de la complicité qui règne entre les deux instruments. Quand surviennent batterie et basse, le titre ne perd en rien de son minimalisme mais s’avère plus présent,mais jamais écrasant.

On ressent au contraire une force, une puissance jamais oppressante, qui se développe sur un peu plus de 7 minutes. Presque progressif à sa manière, Phoenix nous montre que le groupe possède une véritable âme, à même de mettre à genou n’importe qui tant cette montée, par palier, impose une ferveur impossible à contredire. Air, qui ne contient malheureusement que 4 titres, nous a mis une belle claque, de celles que l’on n’a pu ressentir qu’une fois l’an passé dans un registre similaire, à savoir avec le groupe Mauvais Sang. Deux groupes qui ont, à notre avis, des choses à dire, et qui les dise à leur manière, intense et sans compromis !


Patrick Béguinel

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