First Draft / S for Swallow / Bipolar Club/Foncedalle

first draftDeclines are long gone de First Draft (disponible le 19/02 chez Lylo prod)

Un parfum d’année 90 s’impose à l’écoute de Declines are long gone de First draft, duo Tourangeau composé de Clément Douam, bassiste, et Marine Arnoult, batteuse et chanteuse, qui revisite et mélange à sa guise rock shoegaze et élans post rock dans un style haut en couleur et en émotion.

Les ambiances sont plutôt orientées vers des teintes sombres, celle d’un crépuscule qui pourtant n’éveille en nous aucune crainte. En effet, celui-ci s’auréole de teintes bleu profond, de violets et oranges soutenus, et même si nous sentons une certaine dramaturgie émaner à la fois des mélodies vocales et instrumentales, cette musique nous porte du bout des bras, d’une manière réconfortante.

Elle y parvient par un chant d’une force peu commune, capable de nous transposer dans son univers avec une égale réussite qu’il s’agisse d’exprimer une passion qu’une blessure. Musicalement, le duo offre une expérience là aussi saisissante.

Ne passez pas à côté.

L’équilibre entre les rythmiques et les passages mélodiques est absolument parfait, la basse jouant le double rôle de guitare et de son propre rôle. Le son est tellement travaillé que nous avons l’impression, à minima, d’un trio. Autrement dit, ça ne bave pas, tout est parfaitement défini, ce qui donne une base solide aux impulsions vocale de First Draft.

L’énergie est au rendez-vous, avec une puissance contenue d’une main ferme. Le duo parvient à maitriser ses élans, ce qui n’a pour effet que d’en décupler la force. Qui plus est, les compositions sont d’une grande maturité, elles évitent avec majesté les clichés à la fois du shoegaze (son parfois brouillon) et du post rock (plage instrumentale sans vraie direction) pour ne réveiller que les aspects positifs des 2 genres (à savoir émotion et explosion d’endorphines).

Cet EP, d’une homogénéité sans failles est une excellente surprise, un petit bijou inespéré parce que inattendu. Ce groupe est à suivre de très très près tant sa musique frôle la perfection absolue. À ne pas manquer !

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S for swallowS FOR SWALLOW, première démo.

S for swallow, c’est un duo qui aime, comme First Draft, s’acoquiner à des sonorités empruntées aux 904s. Mais ici, il s’agit d’un mélange entre de la noise, légèrement shoegazée et portées par des mélodies pleines d’un irrésistible groove. Aux commandes, nous retrouvons Martin (Welt Motors) et Quentin (Modern Men) qui s’émancipent de leur autre formation pour s’offrir une sorte de récréation qui reviendrait vers des fondamentaux (guitare batterie et chant en gros). Grand bien leur a pris puisque les 5 titres ici présents éveillent à la fois notre nostalgie et une furieuse envie de prendre la merditude de la vie à pleines mains, et de royalement s’en foutre.

La faute à des lignes de chant que n’auraient pas reniées certaines sirènes qui, loin d’être des canons de beauté à qui on jurerait monts et merveilles, ressembleraient plus à des potes tout aussi paumés que nous dans la vie,. Leur appel serait juste une invite à essayer de se dire que, puisque le jour s’est levé ce matin, autant essayer d’en profiter un peu.

Le chant des sirènes.

Musicalement, si un léger esprit lo-fi règne, nous sommes saisis par cette faculté (par cette facilité) que possède le groupe à pondre des hits en puissance. Le slow destroy Muddy est incroyable, nous rappelle nos boum et nos râteaux adolescents, tandis qu’un titre comme TT33 nous ramène, les yeux fermés, à l’heure des premiers émois, à l’heure à laquelle nous avons commencé à affûter nos goûts, quels qu’ils soient.

Cet EP est un cri de vie, rien que ça. Et puis comme il est malin (tout est d’une rare cohérence, malgré les atours shoegaze, romantiques fleur bleue, disco (rythmique ébouriffante sur GG88) ou même relents dub, l’identité de S for swallow montre déjà un incroyable potentiel que nous vous conjurons de découvrir (puisque la démo est déjà sortie chez Soza & In silico records).

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Bipolar clubIssue de BIPOLAR CLUB

Des atours rock US sur le premier titre, une rage 90’s assumée, quelques contours shoegaze, un mélange entre l’anglais et le français dans les textes, tout est réuni ici pour nous mettre les poils aux garde-à-vous. Le traitement sonore est totalement en phase avec le contexte, celui d’une urgence liée à une quête de mieux être. Bipolar club alterne frénésie musculaire sur un titre comme Issue, joué pied au plancher et toutes distorsions en avant, proche de la rupture mentale, et passages plus reposés/reposant, mais toujours à haute teneur en électricité.

Derrière un spleen marqué au fer rouge, les mélodies font mouche. Si des références se bousculent au portillon, la personnalité du groupe affleure avec force et tact. Nous y sentons une désespérance pleine d’un romantisme brûlant, incandescent, palpitant comme un cœur qui, en ayant ras le bol, tente de s’affranchir de cette poisse qui lui colle à la peau. L’ensemble, derrière la fureur des guitares, des rythmiques lourdes, est nuancé par une voix qui porte l’ensemble vers des sommets de colère tourmentée.

 

Expulser le mal.

Miroir en est un parfait exemple, et son traitement post-punk en témoigne. Nul doute de l’effet cathartique de telles paroles qui nous crache un mal-être en voie de rémission, du moins nous l’espérons. Loin d’être bourrin, la recherche mélodique permet à tout le monde de s’y retrouver. Ce mélange force douceur joue son rôle à merveille tant les mélodies sous-jacentes diffusent un baume apaisant sur des blessures à vif.

Certes, le disque nous ébranle, nous bouscule, comme pour mieux nous conduire vers une forme de guérison. Il porte véritablement bien son nom car il laisse apparaître une issue, un espoir, même infime, que tout aille désormais pour le mieux.

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foncedalleTriboule, par Foncedalle.

Autre ambiance pour cet EP paru début décembre puisqu’il est avant tout orienté vers le plaisir (défouloir) du corps puisqu’il invite plus que de raison à vouloir se déhancher et à transpirer un bon coup sur un dancefloor de club (s’ils n’étaient pas fermés pour quelques jours encore). Mais, rassurez-vous, ici pas de dance, mais une pop fortement biberonnée au rock (comme sur le titre Cody aux attaques bien velues de grattes électriques) autant qu’à l’électro (Unity).

Le mélange donne un résultat détonant, qui prend aux tripes autant qu’il incite à vouloir simplement perdre quelques kilocalories sans complexe. Parce que rien de honteux n’entrave la bonne tenue de ces 6 titres exutoires. Les sonorités sont diablement inventives, jamais crétines, parfois un peu rétro futuristes, reposent accessoirement sur des rythmiques mortellement addictives, et dégagent aussi un côté robotique (notamment à cause, ou grâce, aux voix trafiquées, mais toujours avec bon goût, autrement dit sans autothune au rabais).

C’est assez drôle.

Ce qui est marrant, c’est qu’on retrouve, noyé derrière des effets électro psychédélique,sur un titre comme La chaise en particulier, un esprit pas si éloigné de ça du grunge des nineties (voilà le point commun tant attendu avec les trois précédents disques chroniqués). Cela étant, d’une manière générale, on retrouve, apports technologiques étant mis à part, un peu de cette essence des années 90, notamment dans les mélodies. Nous ne sommes donc pas très loin d’une certaine idée de la Britpop ou de la french touch qui, bien camouflées derrière des oripeaux plus actuels, délivreraient une certaine idée de légèreté et de fête.

Tout en contraste (car on sent parfois poindre de la mélancolie à travers tout ça), ne choisissant jamais véritablement s’il est dance ou pop, ou rock, cet EP impose cependant une vraie personnalité, multicolore, un peu punk dans l’âme, psychédélique aussi (le tonitruant Sans plomb nous évoquant un groupe comme Tame Impala), mais en tout cas inimitable. Triboule est donc un disque à prendre comme il vient, qui révèle, à chaque nouvelle écoute, de nouvelles surprises, aussi alléchantes les unes que les autres. Y a plus qu’à !

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