EP VRAC 5, Do it later, Lilium Sova et The return of the Gyoza

3 Eps sinon rien.

Dans cet EP vrac 5, trois groupes aux personnalités fortes, explosives, qui manient aussi bien la fougue punk que les ambiances cinématographiques, sombres ou psychédéliques, énergiques ou alanguies. Il y en a pour tous les goûts, si tant est que l’exploration sonore vous intéresse. Car ici, pas de compromis, une liberté totale de penser et d’agir est le lien clairement audible entre ces trois formations à l’inventivité folle.

do it later ep vrac 5DO IT LATER, Future me (debut EP, 5 titres, disponible chez Parapente)

Future me est le premier EP de Do it Later. Pourtant, il n’est pas un vrai premier coup puisque Do It Later est la réunion de 3 membres de Totorro avec un membre de Mermonte (deux groupes rennais). Ainsi, la maîtrise qui règne sur l’opus s’explique aisément. Mais celle-ci, fort heureusement, n’émousse pas du tout une sorte de fraîcheur toute juvénile, portée par un dynamisme ébouriffant.

Le combo reprend, à sa sauce et avec ses arguments, le skate core (ou punk rock californien). Il y intègre une bonne dose de progressivité, explosant ainsi les carcans de ce genre un peu rigide. Le résultant décoiffe et porte en partie la patte de ses auteurs respectifs (la grosse partie étant donc la patte de la formation). En effet, nous y retrouvons une électricité et des rythmiques poussées à leur extrémité. Oubliez Sum 41 ou Blink 182, et faites place à Do It Later qui nous réjouit par sa candeur.

Smell like DIL spirit.

Car oui, il se dégage de Future me cette sorte d’innocence, qui n’en est pas véritablement une, une joie de jouer ensemble une musique qu’on écoutait dans notre adolescence (enfin qu’ils écoutaient dans la leur, probablement). Nous pouvons y voir une forme d’hommage, magnifié par ce qui faisait déjà le charme de Totorro, à savoir un travail vocal à fort impact. Ici, personne ne s’économise, ce qui donne une impulsion incroyable à la musique que servent les musiciens.

De Mermonte, nous retrouvons ce petit élément math rock pas du tout désagréable qui fait le sel de cet opus. Certaines ruptures apparaissent à des moments clés, permettent aux différents titres de gagner en efficacité et en mordant là où d’autres formations se seraient contentées d’une linéarité basée uniquement sur la virulence instrumentale.

Tuer les modèles, créer sa personnalité.

Cette marque de fabrique, cette envie de rester soi, même dans l’hommage, porte ces fruits. Là où le genre a tendance à tourner un peu en rond, à répéter les mêmes frasques (bref, à s’autoparodier), Do it later y insuffle un vent de fraîcheur simplement essentiel. Ce genre, que nous considérions mineur (on ne parle pas de NOFX qui en est un des plus fiers représentants), trouve avec ce combo des lettres de noblesse, à la française qui plus est. Ce qui s’avère totalement excitant !

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lilium sova ep vrac 5LILIUM SOVA, Tunnel du soir (EP 3 titres)

Projet suisse mené par Cyril Chal (basse), Timothée Cervi (batterie), Loïc Blazek (guitare et violoncelle) et Sébastien Favez (synthétiseur), Lilium Sova nous propose une musique qui nous fait, dès 5:30 p.m, premier titre de l’EP, penser à Godspeed you ! Black emperor. En effet, en mêlant un piano qui semble surgir des tréfonds d’une immense pièce, genre gymnase au vrai plancher en bois, stridences diverses et variées, ainsi qu’une certaine tendance à étirer ses morceaux (pour trois titres, compter 25 minutes de musique), le groupe nous rappelle celui du fameux label Constellation.

Les similitudes ne s’arrêtent pas là. En effet, nous retrouvons sur Tunnel du soir quelques passages forts en cordes, une même symbolique de la déflagration, et enfin un tout 100% instrumental qui n’est absolument pas pour nous déplaire. Différence notable, les cuivres (sur 6:40 p.m notamment) donnent au post rock/post hardcore (voire ambient par moments) du groupe une teinte plus chaude. Qu’ils soient inspirés, de loin, par le Moyen-Orient ou bien qu’ils s’acoquinent avec le free jazz, ces cuivres s’avèrent particulièrement intéressants. On note alors une filiation avec un groupe comme Oiseaux-Tempête (qui revient bientôt avec un nouvel opus soit dit en passant).

Bruitiste déstructuré.

L’art de la composition est totalement maîtrisé. Nous plongeons tête baissée dans l’environnement du groupe. Celui-ci pose les jalons d’une atmosphère crépusculaire, une aura sombre faite de drone, de noise, mais qui sait être accueillante malgré tout. Les accords sont souvent mineurs, dégagent une forme de mélancolie distanciée, de laquelle, par touches, s’échappent des éclairs de lumière. Car le crépuscule, s’il annonce la nuit, fait encore partie du jour. Le sentiment qui prédomine est en revanche celui de la peur, sourde, qui nous habite quand nous sommes en présence d’un danger potentiel, lequel roderait à la naissance de la nuit, pas loin d’un tunnel que nous n’avons d’autre choix que d’emprunter pour retrouver la chaleur rassurante du foyer.

Les structures possèdent une narration forte. Libre à vous de laisser libre cours à votre imaginaire. La magie de l’instrumental permet cela. Pour notre part, nous y sentons une vague oppressante, légère à forte, un combat qui s’impose contre les forces d’un mal qui ronge les société, et les âmes. D’aucun y verrait peut-être plus facilement un caractère héroic fantasy, ce même 6:40 p.m se prêtant assez facilement à ce genre prisé des metalleux. Seul le passage free, aux alentours des 9 minutes, démontre que le groupe sait aussi se montrer expérimental, ce qui casse évidemment la précédente affirmation.

Sortir des sentiers, et nous rattraper au virage.

Lilium Sova nous étonne par sa facilité à casser ses propres dynamiques, à creuser le sillon d’une pensée libre, qui s’autorise toutes sortes de facéties sans perdre pour autant en cohérence ou en pertinence. Sa personnalité est telle que l’on reste scotché à cet univers d’éclair et de tonnerre, mais aussi d’éclaircies salutaires qui nous empêchent de sombrer corps et âme dans un océan de noires turpitudes, celles que l’on peut ressentir en traversant le tunnel évoqué plus haut.

La prise de risque est osée, mais le défi est relevé haut la main par un groupe qui fête cette année ses 16 ans d’existence. On regrette juste de ne pas avoir eu vent de lui plus tôt !

Écouter/acheter Tunnel du soir sur Bandcamp : https://liliumsova.bandcamp.com/album/tunnel-du-soir

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the retunr of the gyoza ep vrac 5THE RETURN OF THE GYOZA, Épisode 1 (EP 5 titres, Sales gosses records)

Il y a dans cet Épisode 1, qui laisse suggérer, et c’est une bonne chose, d’autres épisodes, comme un parfum d’anachronisme. L’esprit se tourne résolument vers le passé, celui des belles années 70, mais en y incorporant une certaine dose de French touch. Ainsi, le rock psychédélique côtoie l’électronique, dans un patchwork tout sauf entendu. Le duo composé de Virgile Allien (Dopamoon) et Philippe Thuillier (Saint Michel, également créateur, en 2021, du label Sales Gosses Records) s’y prend comme aucun autre pour renouer avec le passé tout en se projetant paradoxalement dans le futur.

Pour autant, le disque n’est pas rétro futuriste. On y retrouve un peu de l’essence de Saint Michel (logique), qui elle-même s’orientait pas mal du côté de Air. Même tempo lascif et répétitif sur le superbement addictif Shaman (et l’imaginaire que vous imaginez avec le titre du morceau), même envie de rendre les voix immatérielles, presque impalpables, noyées qu’elles sont dans un onirisme forcené. Notons l’apport de guitares acoustiques, de semblant de cordes (sur Trouble) qui contribuent à rendre cette musique d’un standing plutôt élevé. Et qui ne manque pas de surprendre.

Jouer la surprise.

On retrouve sur ce titre un refrain monstrueux d’efficacité (pas sans rappeler les… Stones, alors qu’on retrouve plus MGNT sur le couplet…improbable mélange, mais qui fonctionne à 200%). Le reste de l’EP est du même tonneau, entre psychédélisme raffiné, envolées pop et rock, le tout suppléé de synthétiseurs expressifs qui tissent des nappes vaporeuses et lysergiques. Saturday ose encore le refrain fédérateur, ce qu’il parvient à réaliser avec une facilité déconcertante, le tout sur une rythmique presque disco.

Comme pour rompre la « routine » installée depuis deux morceaux, The return of the Gyoza nous propose un interlude halluciné avec l’instrumental tribal Crazy jam qui porte très bien son nom. Ce titre, passé en boucle, pourrait faire perdre les pédales à n’importe qui. Le but n’est pas là, ou bien si, totalement, mais toujours est-il qu’il lance le dernier titre de l’EP, pièce alanguie, au bord d’une piscine (réelle ou fruit d’une absorption massive de champi), qui vire au psychédélisme en un tour de baguette magique.

Au finish !

Entre slow qui tue et expérimentation déviante, The return of the Gyoza nous éblouit par sa maturité. Cette composition s’avère un bijou obsédant, ce grand titre que tous les groupes rêvent de produire un jour. On entre alors dans une autre dimension qui abolit les frontières du temps et de l’espace et nous propulse quelque part où la matière n’existe plus vraiment.

Tout, dans cet Episode 1 nous ravis à l’extrême. Il nous tarde de découvrir la suite de l’aventure sonore et spatiale du groupe tant cette première marche franchie peut lui permettre d’appréhender à peu près n’importe quel registre musical de ces 50 dernières années. La champ des possibles lui est ouvert, ne reste plus qu’à voir ce qu’il peut en faire !

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