REPORT JOUR 2 Trans, une rencontre et des shows puissants !
Découvrez notre live Report du jour 2 des Trans (le vendredi 06/12).
Ce vendredi 06/12 sera à marqué au fer rouge dans nos souvenirs. Pourquoi ? Parce que nous y avons fait la rencontre de Sun, lors d’une interview, puis sur scène, mais également de groupes qui nous ont impacté comme rarement. Nous vous proposons donc de découvrir tout cela dans notre report du jour 2 des Trans !
Rencontre de Sun.
Nous avions rendez-vous en début d’après-midi avec Sun. Quelques questions en tête, mais surtout un EP tout fraîchement écouté en mémoire, nous retrouvons Karoline Rose dans un des salons d’interview du Liberté. Plutôt qu’une interview stricto sensu, notre conversation prit plutôt l’aspect d’un réel dialogue. Karoline Rose, chanteuse et guitariste de Sun, s’avère aussi passionnante à écouter parler qu’à écouter jouer sur disque. Avec elle, nous évoquons les engrenages l’ayant mené à produire sa Brutal Pop (qui est également le titre de son EP 4 titres paru fin novembre).
Ce qui en ressort y est extrêmement humain et trouve en nous un écho particulier. Depuis longtemps, Karoline Rose joue (musique, comédie), chante, mais, dans l’aspect musical de la chose, ne se sent pas totalement épanouie. Œuvrant initialement dans une pop rock qui la laisse souvent avec un sentiment d’inachevé, elle se questionne sur ce qui la freine, ce qui entrave son plaisir d’être sur scène corps et âme. Bref, elle se sent relativement incomplète, comme s’il manquait un élément dans son art pour pouvoir totalement lâcher prise.
Naissance du style Sun.
Et puis, elle fait la rencontre de Dan Levy (producteur de The Dø entre autres). Celui-ci lui demande de lui faire écouter ce qu’elle a en stock. Après une écoute, il insiste (il a du flair le bonhomme) : tu n’as rien d’autre ? Et Karoline Rose de répondre que « si, mais tu vas te marrer. » Et là, il comprend qu’elle tient quelque chose à elle, un concept qui lui est propre et qui est d’une sincérité foudroyante. Il la conduit à explorer cette piste, jusqu’à l’aboutissement de la brutal pop de Sun.
Au delà des aspects justes professionnels de notre conversation, il nous apparaît clairement que le « personnage » sur disque (et sur scène comme nous l’avons découvert plus tard ce soir-là) et totalement en adéquation avec l’être humain. Effectivement, il n’y a aucune pose, aucun faux-semblant, juste une personne heureuse d’être là où elle est, heureuse d’avoir trouvé la bonne manière d’exprimer son art, tout simplement, et de s’y sentir à son aise, pleinement. Nous sommes super contents d’avoir pu nous entretenir avec elle, d’avoir rencontré une belle personne et la remercions pour sa spontanéité et la qualité de notre entrevue qui restera comme l’un des meilleurs souvenirs de cette édition des Trans Musicales.
Report jour 2 des Trans : les concerts !
Retour au Parc expo pour ce jour 2 des Trans, après avoir passé une partie de l’après-midi à rencontrer divers professionnels avec qui nous entretenons des liens de travail. Bref, ce n’est pas forcément de bonne heure que nous arrivons sur site, une nouvelle fois, mais c’est avec une bonne humeur pleine de certitudes que nous nous dirigeons vers le Hall 3.
Ces certitudes concernent le fait que nous sommes persuadés que nous allions découvrir, encore ce soir-là, de super univers musicaux, ce qui fut le cas ! Le premier groupe que nous retrouvons sur scène se nomme Stats. Ils nous viennent de Grande-Bretagne et produisent une pop relativement dans l’air du temps, mais avec un je-ne-sais-quoi de sexy. Sans doute sont-ce les lignes de basse qui nous électrisent, mais nous sentons une originalité poindre sous ces compositions plutôt classiques dans leur forme. Il y a aussi le jeu de scène du chanteur qui aide pas mal à entrer pleinement dans l’univers du groupe, non pas qu’il soit particulièrement charismatique mais il vit sa musique pleinement. Les mélodies sont accrocheuses, l’énergie y est dansante, bref, c’est un très bon moment que nous avons passé en leur compagnie. Nous ressortons du show avec la certitude que ce groupe fera parler de lui.
L’OMNI (Objet Musical Non Identifié) de ce jour 2.
Dans le Hall 8, sensiblement au même moment, se produit Go Go Machine Orchestra, un groupe Taïwanais. Nous avions entendu Jean-Louis Brossard (Monsieur Trans Musicales) à la radio la veille qui indiquait que c’était la première fois qu’un groupe de Taïwan se produisait dans le festival et qu’il possédait un univers unique.
Eh bien, c’est le moins qu’on puisse dire. La musique de Go Go Machine Orchestra ne ressemble à rien de connu. Si nous définirions leur musique d’électro-pop, c’est uniquement pour que ça évoque quelque chose pour nos lecteurs. À la vérité, la musique du groupe est bien autre chose. Si les machines sont belles et biens présentent, nous retrouvons aussi un vrai guitariste et une vraie pianiste, de formation ou classique ou jazz. La pianiste apporte des mélodies, le guitariste l’accompagne, ou crée des effets qui instaurent une atmosphère organique très forte.
Organique, déroutant.
Les machines, elles, apportent des beats et des tessitures sonores chelous. Enfin, elles nous parlent, étrangement, comme si elles dégageaient une idée universelle composée par un groupe à la culture nous étant totalement inconnue (ce qui est le cas, puisque Go Go Machine Orchestra vient de Taïwan, nous le rappelons). Les beats sont parfois à contretemps des instruments, voire à contretemps les uns des autres, mais cela produit sur nous un effet inédit, complètement incompréhensible et irrationnel. C’est un peu comme si nous ressentions la musique du groupe de façon presque animale. D’ailleurs, certains morceaux produisent, dans notre imaginaire, un film ressemblant à un documentaire animalier. Nous y suivrions la vie de baleines, ou de mammifères terrestres peuplant une quelconque jungle Taïwanaise. Le résultat est que nous sortons du concert déboussolés, conscient d’avoir écouté-là une musique unique, riche, innovante, bref, superbe découverte !
Chaleur d’Amérique du Sud…
Deux groupes suivirent la prestation des Go Go Machine Orchestra. Dans le même Hall 8 tout d’abord, nous avons pu découvrir Gilberto Rodriguez Y Los Intocables. Toute proportion gardée ce groupe nous fait penser à Santana. Il ne produit pas la même musique, certes, mais il dégage pour nous quelque chose de très similaire, de l’ordre de la spiritualité, ou de l’amour de la musique latine, ou de ce côté psychédélique, nous ne savons pas trop.
Tout comme Santana, Gilberto Rodriguez vient de San Francisco. Tout comme lui, il tient une guitare et chante. Et tout comme lui, il introduit dans sa musique des sonorités en provenance directe d’Amérique Latine ou du Sud. Là s’arrête la comparaison, bien que nous puissions ajouter que tous deux possèdent une petite touche jazz pas dégueulasse. Pour le reste, Gilberto Rodriguez possède un magnétisme rare (sans doute comme Carlos Santana), happe le regard, déclenche des frissons lorsqu’il s’adresse au plafond (ou à une quelconque forme de divinité), extrait de sa guitare des plaintes ravies ou contraintes, joue de son corps pour rendre tout cela subjectif. Bref, un vrai moment de grâce. À noter que Los Intocables possède une bassiste au jeu incroyable, tout au doigt ou au slap, et que franchement, ça fait du bien d’entendre de telles lignes de basses surgir de là où on ne les attendait pas forcément. Le reste du groupe est également méchamment technique, ce qui apporte une touche supplémentaire de bonheur à ce show plein de mysticisme.
… Froid sibérien.
Comme pour mieux nous refroidir, direction le gigantesque Hall 9 pour y suivre la performance des Russes de Shortparis. Avant eux, nous avons pu danser sur les rythmes électroniques d’Ocean Hye. D’origine Sud Coréenne, l’artiste produit une musique étrangement viscérale, tout en maintenant le bon tempo pour danser. Tout proportions gardées, elle pourrait s’apparenter à Go Go Machine Orchestra, réussissant à susciter, dans son DJ set, des émotions inédites. Loin d’être déshumanisée, sa musique reste chaude et enveloppante, presque organique.
Mais ce qui nous intéressait par dessus-tout, c’était le show des Russes de Shortparis. Et nous n’avons pas été déçus. Comment dire de façon simple… On s’est pris une bonne claque dans la tronche. Parce que le chanteur est charismatique (et qu’il ne paraît pas particulièrement sympa), parce que leur électro-pop-lyrique décape, parce qu’ils sont généreux sur scène, ce groupe sera l’un de nos coups de cœur. Ici, nous parlons presque avec le ventre tant Shortparis nous a remués. Pourtant, nous n’y comprenons rien au Russe, mais le message passe (ah ! La magie de la musique!), de gré ou de force (souvent de force d’ailleurs).
Générosité.
La présence sur scène est magnétique, nous ne parvenons que rarement à décoller nos yeux du chanteur qui danse et chante de façon possédée. Si d’aspect nous pourrions craindre un chant punk ou metal, il en est tout autre. En effet, Shortparis est lyrique, sacrément puissant dans ses lignes de chant. Cela nous transperce, nous fige, nous émeut, bref nous rend tout sauf insensibles. Le groupe est assez original dans ses compos et, au-delà de l’aspect purement vocal, impose une musique aux arrangements osés. Les parties de guitare surfent sur des effets légèrement désaccordés par moments (et c’est bon!), les deux batteurs (l’un sur batterie classique, l’autre sur une batterie électronique et machines) envoient de grosses percussions ainsi qu’un esprit tribal fort. Sans aucun mot pour le public, Shortparis quitte la scène comme il est venu, en tornade dévastatrice !
Et cerise sur le gâteau !
Nous attendions Marc Rebillet après Shortparis, mais une annonce de Jean-Louis Brossard refroidit le Hall 9. L’Américain ne s’est pas déplacé pour l’événement. Il est remplacé par un beatmaker et un DJ rennais. Le hall est déçu, nous aussi, mais juste en transit car nous comptions voir Marc Rebillet uniquement le temps qu’il fallait patienter jusqu’au set de Sun. Donc on retourne Hall 3 pour y voir les balances du groupe. Nous n’avons pas attendu bien longtemps cela dit, puisque Jean-Louis Presque assure les inter-plateaux et que ça reste un moment plutôt marrant. Les morceaux passés sont bons (les Doors fonctionnent toujours) et les commentaires du DJ décalés (tout autant que ses déguisements).
Mais nous voulons surtout voir Sun. Enfin, les lumières s’éteignent et le duo s’installe. Scénographie minimale, batterie presque au centre, presque de profil, presque à l’avant de la scène mais avec un batteur presque de dos, ce qui est assez original. Karoline Rose a ses pédales posées sur la droite de la scène. Pas d’ampli sur scène, tout se passe en micro HF (guitare, basse et voix). L’ambiance est donc épurée, permettant une liberté de mouvement pour la chanteuse qui en raffole (nous a-t-elle confié lors de l’interview de début d’après-midi). Le show débute par I killed my man, et les premiers regards surpris apparaissent sur les visage, y compris de ceux de la sécurité. Puis des sourires. La magie de la brutal pop de Sun opère. Les spectateurs ont la banane.
Pop, et brutal.
Sur scène, le début du show se déroule avec une légère crispation due à un petit problème technique. Une fois celui-ci résolu (un câble défectueux), Sun se lance dans un show qui fera slammer, sourire, et provoquera beaucoup de plaisir dans l’assistance. Tensions metal, accalmie pop, une voix monstrueuse d’efficacité, une générosité scénique, tout fonctionne parfaitement et le public adhère à 100 %. Nous n’en doutions pas mais nous pouvons une nouvelle fois affirmer que la personnalité de l’artiste et celle de son personnage scénique ne font qu’un. Ce pari que l’on pourrait croire risquer de mélanger chant clair et scream fonctionne parfaitement tant on y sent de la spontanéité et non de la pose. Oui, on radote. Et quand on radote, il vaut mieux se taire. Ainsi soit-il ! Nous vous laissons sur ce dernier show réussit et original (mais était-ce une surprise?) de ce report du jour 2 des Trans et nous vous donnons rendez-vous demain pour celui du jour 3 !
Site officiel des Trans Musicales ICI
Retrouver le report du jour 1