GHOST WOMAN, disponible le 1er juillet chez Full Time Hobby

ghost womanDes débuts en fanfare.

Nous avions déjà évoqué à une ou deux reprises le travail du groupe Ghost Woman dans nos sélections hebdomadaires. Le rock psyché du combo nous avait effectivement tapés dans l’oreille par son caractère « plus vrai que nature ». Là où certains semblent forcer la donne, rendant leur rock lourd, enlevé, Ghost Woman joue sur l’effet inverse. Grand bien lui fait puisque l’album se révèle une pure délectation.

Forcément, l’esprit fin des années 60, début des années 70 tourne à plein régime. Le son, minutieusement étudié, et sans doute possible joué sur un matériel d’époque ce qui façonne le caractère authentique de l’album. Celui-ci se veut irréprochable, véritable hommage à cette époque de tous les possibles. Qui plus est, loin de toute pose, nous sentons un groupe investi par un amour sincère pour ces années qui sont reprises comme référence par un nombre incroyable de formations d’aujourd’hui.

Pourtant, Ghost Woman sonne comme très peu d’entre eux. Et c’est une très bonne chose croyez-nous sur parole !

Grain incomparable.

Tout réside peut-être dans le grain de cet enregistrement qui fleure bon, et à pleine narine, l’analogique. Ici, rien de clinquant. Au contraire, le groupe semble presque en retrait de sa musique, préférant aux longs discours prétentieux laisser parler l’essence de leur art. Guitares électriques passées aux filtres classiques (delay, distorsion, fuzz), batterie aux cymbales mattes, basse au rythme provenant directement des hanches, tout est réuni pour plaire à tout fan de rock se respectant.

D’autant plus que musicalement, les compositions tiennent méchamment la route. Nous y sentons une vraie inspiration, comme si Ghost woman était né quelque part aux alentours des années 50 et que, adolescent ou jeune adulte dans les années ayant vus éclore Stones et Beatles, il y était resté bloqué, pourquoi pas cryogénisé. A son réveil, émergeant de son sommeil de glace en 2022, il aurait repris les choses exactement là où elles s’étaient arrêtées (plus ou moins aux alentours d’Altamont).

Ainsi, les images qui naissent à l’écoute du disque sont chargées d’un grain type super 8, en noir et blanc, en chemises col pelle à tarte, ou jabot, forcément, les filles pourtant des colliers de fleurs dans les cheveux et des robes vaporeuses et bohèmes. Stéréotypes, oui, mais qui nous montrent à quel point l’éthique du groupe se rapproche des fondamentaux de l’époque.

Seul.

Nous évoquons Ghost Woman comme un groupe (ce qu’il est sur scène, forcément cela va de soi), mais il est en fait fruit d’un seul génie, Evan John Uschenko. Il joue et enregistre seul cet album, bon gré mal gré (devant s’accommoder par exemple de l’incendie de son studio, lequel a détruit une partie de son matos, d’autre part avec le vol de certaines de ses guitares et amplis, piqués dans son van). Qu’importe, quand on a le mojo, on continue d’avancer, pour l’amour de la musique, pour cette vocation que l’on ressent fortement à l’écoute de Ghost Woman.

Ce disque n’est pas sans rappeler le Jefferson Airplane, ou Can, ou The Bryrds, et rejoint aussi des groupes plus contemporains tels The black Angels ou Kurt Vile. Hypnotique au possible, l’album dégage pourtant un dynamisme ténu, reposant en partie sur un tempo alangui ou sur un groove tenace (même quand il n’est pas mis sur le devant de certaines compositions, voir par exemple le titre Behind Your Eyes dont la ligne de basse est simplement mortelle). Le résultat fait que, à l’écoute, c’est un peu comme si nous étions sous substance. Résultat, nous nous surprenons presque à danser au ralenti, guidés par un rythme aussi indolent que démoniaque.

Mais, contrairement à un groupe comme El Perro dernièrement chroniqué en nos pages, ici, pas de surpuissance sonore, simplement une dimension feutrée saisissante, nous rapprochant au plus près de Ghost Woman, d’une manière intime, complice. Le sentiment dégagé fait que nous adhérons parfaitement à l’univers du groupe et à ses thématiques romantiques (celles des peines de cœur ou des attentes mal placées).

Sexy

L’ensemble dégage alors un côté sexy. Pas sexy racoleur, un peu putassier, mais sexy d’honnêteté. L’hommage est simplement beau, vibrant de retenue éclairée, bercé de mélodies scotchantes, qu’elles soient vocales ou instrumentales. Tout fait mouche dans ce disque. Sa délicatesse, son éthique, sa réalisation. Totalement à contre mode « heavy », Ghost Woman redonne quelques lettres de noblesses, oubliées, à la chose rock psyché.

Cette proximité avec Ghost woman, les aspects chamaniques de sa musique ( un titre comme Comes on est particulièrement parlant), sa science du groove, tout concourt à rendre ce disque totalement addictif. Nous le rapprocherions d’un « classique » comme Free the bees (du groupe The bees, par la suite devenu Band of Bees), avec ce même amour de la belle musique, bien faite et inspirée.

En ce sens, Ghost woman s’avère un disque essentiel à posséder dans sa discothèque. Car, peu importe le moment auquel vous le sortez des rayonnages, il vous procurera instantanément le réconfort ou l’énergie dont vous avez besoin. Un must have donc.

LE titre de Ghost Woman.

On aime beaucoup Along. Mais genre beaucoup beaucoup. Peut-être parce qu’il fait renaître à lui seul la folie de la fin des sixties. Parce qu’il paraît évident aussi. Parce que son rythme est juste impeccable. Et sans doute aussi un peu parce que tout irradie ici d’une coolitude sans limites.

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