CLAIRE DAYS, Emotional territory

claire days emotional territoryDebut album disponible le 28 octobre

Bien qu’Emotional Territory soit son premier album, Claire days n’est pas une inconnue de litzic. En effet, nous suivons cette chanteuse autrice compositrice depuis plusieurs mois pour ses qualités d’écriture, mais également pour cette capacité à remettre sans cesse sa musique en question. Ce premier album, navigant entre rugosité et lumière propose une folk rock captivante et inventive.

Dès The ground, qui ouvre l’album, l’évidence se fait : ce disque porte bien son nom puisqu’il semble éveiller en nous des territoires émotionnels trop peu souvent bousculés. Pour ce faire, et ce tout au long de l’album, Claire days propose une musique qui se veut à la fois abrupte et douce, minimaliste puis étoffée, comme pour mieux trouver le meilleur et le plus lumineux dans ce que notre âme renferme de plus tourmenté et sombre.

Pour autant, jamais le disque ne chavire dans le pathos, dans le tirage éhonté de larmes, ou dans un misérabilisme un peu puant. Au contraire, par une production très léchée, par des choix artistiques forts, et par une science très pointue des arrangements, Claire days évite tous les pièges et nous livre un album absolument passionnant.

Une folk rock qui flirte avec les nuages.

Bien que tout semble provenir des entrailles même de la terre, effet généré par un enregistrement qui semble parfois venir de loin, ou d’une pièce carrelée et créant un léger écho distant, la plupart des titres possèdent un petit côté métallique, est souvent rendu rugueux par l’électricité de quelques guitares, mais s’envolent tous progressivement vers les nuages avec une grâce insolente.

Un schéma « classique » se répète sur chaque titre, ou presque, de l’album. Il se traduit de la manière suivante : début de titre minimaliste, souvent guitare/voix (Claire you don’t want to be save, Are we a team par exemple), parfois piano voix (Nice ride), sur lequel se posent progressivement les autres instruments.

Les titres gagnent ainsi en intensité, en densité. Les légers beat et/ou batterie imposent et/ou complètent la rythmique acoustique ou électrique de la guitare, quelques cordes leur apportent de la rondeur et un effet plus charnel. Mais ce qui fait souvent mouche, ce sont les choeurs, absolument géniaux, qui renforcent la voix de Claire, absolument parfaite d’un bout à l’autre de l’album, tant dans ses impulsions que ses concrétisations. Elle véhicule une émotion à fleur de peau, sans surjouer l’émotion. Pour en revenir aux choeurs, ceux-ci s’avèrent souvent très inventifs, rarement intuitifs dans le sens où on ‘entend d’ordinaire car ils sont parfois presque expérimentaux. Néanmoins, ils apportent à chaque apparition une personnalité incroyable à ce disque.

Electricité ou acoustique.

Qu’ils soient féminins (souvent des choeurs purs) ou masculins (qui eux apportent un relief plus grave à la voix de Claire en doublant sa voix), ils permettent de renforcer une esthétique, une émotion ou tout simplement une sensation. Quand ils apparaissent, leur douceur renforce celle de la chanteuse, apaisent ses côtés mélancoliques, lui administrent un baume apaisant qui fait que de terrestre, peut-être même bourbeux, un titre finit de façon élégiaque, aérienne, totalement libéré de contraintes terrestres.

Si les guitares sont souvent jouées en arpèges, elles hésitent entre un format purement folk et une assise plus folk rock, flirtant à une ou deux reprises avec un léger psychédélisme (les bandes passées à l’envers sur Fall asleep, les effets sur la voix lead sur Are we a team). Sur ces morceaux, le chant de sirène de Claire days, renforcé par celui des choeurs nous conduit au bord du gouffre. Mais il est impossible d’y échapper tant tout est fait, non pas pour nous caresser dans le sens du poil, mais pour éveiller en nous l’envie d’en découvrir davantage sur les « Emotional territory » de l’artiste.

Ceux-ci sont parfois nostalgiques, vaguement mélancoliques, souvent portés vers une forme de douceur et de tendresse qui ne saute jamais littéralement aux oreilles. Tout se joue sur des détails et des compositions riches de mille secrets (et évitant le stéréotype couplet refrain pont pour opter pour une approche plus viscérale de sa musique), lesquels se dévoilent au fur et à mesure de multiples écoutes. Si une âpreté apparaît en premier lieu, elle disparaît toujours progressivement, comme si la musicienne se refusait à se laisser aller à la confidence, qu’elle serrait les poings avant de finalement se laisser apprivoiser. Tout commence dans une retenue pleine de pudeur que, peu à peu, Claire days laisse éclore au grand jour.

La mutation de chaque titre évoque la fleur qui éclot, qui délivre peu à peu ses pétales et accepte de livrer son cœur au soleil. Cette manière de procéder, que nous n’avions pas entrevue sur les autres morceaux de Claire Days, fait de chaque morceau une découverte. Emotional Territory ne se livre pas sur un plateau d’argent, il se mérite, et plusieurs écoutes sont alors nécessaires pour entrer pleinement en son sein. Mais une fois celles-ci effectuées, nous n’avons plus aucune envie d’en ressortir. Ce disque est une merveille de tact et de créativité, un disque qui nous donne des ailes. Une pièce majeure pour une artiste qui impose sa grâce et sa maturité avec panache.

Le titre d’Emotional Territory

Coup de cœur pour Benny et son côté presque jazzy. Batterie au tempo cool, guitares en apesanteurs, voix de crooner, tout est fait pour nous embarquer dans l’histoire de celui qui à brisé celui de Claire. Pourtant, ce titre romantique ne joue pas sur une mélancolie attendue, mais sur un effet ascensionnel généré par des choeurs géniaux, en spirale montante eux aussi. Les claviers, discrets sur l’ensemble du disque, prennent ici un peu plus de place que sur l’entame du disque, pour apporter de nouvelles couleurs enivrantes à l’ensemble.

Précommander le disque : https://www.official.shop/clairedays

Patrick Béguinel

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