WE HATE YOU PLEASE DIE Can’t wait to be fine

whypd can't wait to be fineDeuxième album (disponible le 18/06 chez Kids are Lo-Fi records/Howlin Banana records/Le cêpe records/Ideal crash …)

Celui qui dit que le deuxième album n’est pas un cap délicat à franchir a tort. En effet, sortir un deuxième album s’avère toujours délicat. Si pour le premier vous avez, en gros, accumulé 20 ans de matière, de ressentis, d’idées à cracher sur bandes, pour le deuxième, vous avez nettement moins de stock. Alors quand We Hate You Please Die nous dit qu’il va sortir son deuxième opus, nous croisons les doigts pour qu’il se passe le mieux possible, ce nouvel exercice. Fort heureusement, les Rouennais ne perdent rien de leur fraicheur et, peut-être aussi un peu grâce au covid, ils nous pondent Can’t wait to be fine qui ne perd rien des nombreuses qualités présentent sur le premier opus.

Effectivement, nous y retrouvons ce mélange d’énergie rock garage, porté par des mélodies simplement jouissives, le tout magnifié par cette voix lead qui ne perd rien de ses spécificités (qui vont de l’aspect crooner à ceux des punks purs et durs). Il nous apparaît alors que WHYPD pose une deuxième pierre à leur édifice rock, pierre qui semble propulser le groupe vers une carrière possédant tous les charmes nécessaires pour leur ouvrir les portes de l’international.

Les formes.

Can’t wait to be fine possède des charmes peut-être plus aboutis que Kids are Lo-Fi. Ils se situent dans la production, un poil moins revêche que par le passé. Rassurez-vous, le groupe ne se police pas, il met juste un point d’honneur à rendre ses contours plus séduisants. C’est-à-dire que là où le rock garage du précédent effort séduisait les puristes, le présent album est susceptible de rallier à sa cause les non-initiés. Notamment sur les passages les plus posés, comme sur le pont de DSM-VI où tout est nimbé d’une aura « pop », avec choeurs et chant apaisés, presque célestes.

Fort heureusement, WHYPD n’oublie jamais de ressortir les crocs. Les distorsions sont sublimes, le traitement du chant (autant celui de Raphaël Balzary que celui de Chloé Barabé) est absolument parfait. Et quand on connait les grands écarts vocaux du fantasque (et fantastique showman) de Raphaël, on se dit que ce n’était pas une mince affaire que le faire sonner comme en live, mais avec une qualité studio.

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Le mix est au diapason, parfaitement, lui aussi, équilibré. Pas de bouillie sonore dans laquelle serait noyée les deux guitares, la basse et la batterie. La basse est très présente, légèrement en avant (et c’est tant mieux tant elle sert d’assise aux compos du groupe) et forme avec la batterie (Mathilde Rivet) une colonne vertébrale sans scoliose (autrement dit, ça file droit comme une décharge électrique). Les guitares possèdent l’avantage d’être deux (Raphaël et Joseph Levasseur), de véhiculer des accents surf rock par moments (souvent des éclairs fugaces de génie) ou une pure folie punk, sans jamais perdre en finesse.

L’effet covid.

Nous disions que la pandémie n’était peut-être pas pour rien dans la grâce qui émane de Can’t wait to be fine. En effet, le titre de ce nouvel exercice y fait référence de façon certaine. Enfermés, bridés, muselés, les musiciens avaient besoin de s’exprimer de façon libre. Et contrairement à ce que nous pouvions penser, c’est par le biais de ce deuxième album que la libération s’opère. Le quatuor affirme ses penchants rock, en y incluant cette dimension supplémentaire qui les place dans un environnement plus vaste. Ainsi, la fougue du premier album s’avère ici plus contenue, mais dégage aussi paradoxalement des trésors de mélodie. Plus « calme », le groupe prend le temps de poser ses textes, son âme, au travers de titres plus intimes (Terminal, Exorcise et Can’t wait to be fine qui ferment l’album sont de pures merveilles dans le genre).

Le groupe gagne en épaisseur, en maturité. Si le côté joyeusement foutraque de Kids are Lo-Fi n’a pas disparu (tant mieux), une gravité pudique se fait également entendre. Fini l’insouciance juvénile, bienvenue dans l’âge adulte. La mue opérée s’avère totalement assumée, dans le sens où la personnalité de WHYPD n’a en rien disparu, mais elle s’est au contraire enrichie des expériences passées, permettant au groupe de franchir un palier supplémentaire, celui qui fait passer le groupe de bon à très bon.

Émotion.

L’émotion qui nous assaille sur Can’t wait to be fine est tout sauf linéaire . Elle s’accorde en fonction des climax développés par le groupe. Si un côté épique se fait ressentir, nous berçant dans un univers presque héroïque, les moments d’accalmie nous proposent une plongée dans les tourments internes du groupe. Le temps du repli sur soi forcé n’y est sans doute pas pour rien et nous comprenons, que nous parlions anglais ou pas, de quoi il est question (ce malaise, cette incompréhension d’un monde qui déraille à plein régime).

Fort heureusement, WHYPD sait aussi se montrer « crétin », comme sur les choeurs « Na Na Na » sur le titre d’ouverture, comme un pied de nez à la morosité ambiante. D’ailleurs, cet album n’est en rien morose. Il dégage cette fougue de ceux qu’on libère enfin. Non seulement ils vont retrouver une certaine liberté de mouvement (avec on l’espère des scènes nombreuses, variées, et de plus en plus grandes), mais aussi de ton. Ainsi, ce deuxième album, moment charnière dans la vie d’un groupe (il peut être un véritable coup d’arrêt pour certaines formations) s’avère une pure réussite. Et, nous le disions à l’occasion de la sortie du premier single, nous pensons dur comme fer que le groupe va exploser cette année et que Can’t wait to be fine va le placer sur l’avant de la scène.

LE titre de Can’t wait to be fine.

Nous l’avons déjà cité, il répond au nom de DSM-VI. Pourquoi ? Il mélange moments saturés et moment clairs, moments de furie aux abords du metal avec des passages plus pop. Les choeurs y sont magnifiques, lui apportant une dimension étrangement romantique. Le titre alterne donc les moments de tension et de relâchement, les chants masculins et féminins, s’avère personnel et universel, détaché et incroyablement conscient. Les trouvailles y sont nombreuses, synthétisent un peu toute l’âme du rock depuis ses débuts. Et donne au groupe un titre à la fois unique, fort, et qui devrait plaire à un peu tout le monde (seuls les pisse-froid resteront de marbre).

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Comments (1)

  • 14-23 De Kitano Graffiti à Grand Ressac (+bonus) - LITZIC

    […] chanteur de We hate You Please Die, bassiste/chanteuse du projet Bank, batteur de Unschooling se donnent rendez-vous, autour de Hugo […]

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