WHEOBE, The Drop (single) et EP Lifedrop.

wheobe the drop

© Joseph Calhoun

EP disponible le 29 avril.

Lorsque nous avons entendu le single, et vu son clip, nous nous sommes pris une de ces rares claques qui, mine de rien, vous changent la vie. La dernière fois, ou du moins l’une des plus marquantes fut lorsque Radiohead donna suite à OK Computer, en jetant tous leurs codes d’avant à la poubelle pour offrir une vision autre de ce que la musique représentait pour eux, à cette époque. Wheobe nous fait sensiblement le même effet avec The drop, pièce incroyable, fourre tout d’une richesse musicale et émotionnelle dingue.

Forcément, le rapprochement d’avec Radiohead est criant, et le groupe cite d’ailleurs son homologue d’Oxford dans ses références. S’ajoute également celle de Black Midi. Pourtant, le groupe jurassien propose une musique qui ne correspond à celle d’aucun autre groupe. Elle correspond simplement à celle que ces quatre musiciens ont en tête. Et ces trois musiciens sont foutrement inspirés, foutrement expressifs, et plus que tout foutrement talentueux.

Construit comme un collage, sur plus de 7 minutes, jouant les montagnes russes en matière d’intensité, de contraste et d’énergie, The Drop emprunte autant au rock (parfois tendance lourde) qu’à l’électro et qu’au hip-hop. Seul liant : une énergie tour à tour lumineuse, ou crépusculaire, intime ou extravertie, mélodique ou plus simplement percussive, dont les contours flirtent parfois avec la pop pour dériver vers une forme plus abstraite, art ou math rock. Impossible de se reposer sur nos lauriers, pourtant, une constante demeure, celle de l’expression d’une émotion directe, pure, qui ne s’embarrasse pas de préjugés, de codes prémâchés. The drop nous terrasse.

soutenir litzic

Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture

Et l’EP ?

Lifedrop est exactement dans cette même veine, à la fois intime et universelle, à la fois « documentaire » (le spoken word sur Daydreaming avenue égraine une forme de constat par son caractère peu démonstratif, jusqu’à ce que la musique s’emballe). Le son et le mix sont très travaillés, donnent dans toutes les directions. Pour en saisir les moindres nuances, il faut au moins écouter le mini album une bonne dizaine de fois, et encore… À vrai dire, à chaque nouveau passage de la bande (l’enregistrement donne cette impression d’une bande de cassette déformée, rendant un effet liquide toujours génial), de nouveaux aspects nous sautent littéralement au visage.

Ce qui nous saute au visage également, c’est cette hargne au chant, cette rage parfois, capable de la plus extrême douceur. Tom Yorke n’est pas loin, c’est un fait. On se demande même à certains moments si ce n’est pas lui qui pousse la chansonnette (mais non). Il faut bien se rendre compte que la différence d’avec Radiohead réside dans des attaques plus extrêmes, flirtant parfois avec le hard rock, là où les anglais sont un poil plus pop. Et puis, dès que le combo lâche le chant pour un style plus proche du hip-hop, Radiohead devient un souvenir.

Les compositions sont denses, ne déroulent jamais leur fil conducteur là où nous pensions qu’elles le feraient. Autrement dit, on se prend à partir sur un riff au groove monstrueux avant d’être pris totalement à revers. Proche de collages sonores, les titres se suivent, ne se ressemblent pas, mais restent homogènes par leur identité sonore, parfois proche du psychédélisme (mais un psychédélisme d’aujourd’hui, pas revivaliste).

© Joseph Calhoun

6 titres déstabilisants, fous.

Tout ici nous déstabilise, nous déroute, nous place face à ces codes que l’on pense d’ordinaire immuables mais qui, pourtant, avec pas mal de talent certes, peuvent bouger. On pense notamment à un groupe comme Freak it out !, ou alors plus récemment chroniqué à Pictish Trail, deux groupes dont les univers se nourrissent de tout ce qui leur passe à portée de main. La capacité de réinterprétation de ces groupes, comme pour Wheobe, s’avère leur principal atour. En ce sens, Lifedrop casse les images, les recolle à sa manière et propose une vision unique de la musique, la sienne.

Se nourrir de jazz (car malgré tout, l’approche est jazz, et un titre comme Phusis s’en rapproche même musicalement parlant), de funk, de hip-hop, d’électro, de rock, peu importe, tant que le résultat sonne à l’image du groupe. Et c’est exactement l’impression que nous donne ce mini-album de près de 30 minutes, véritable OMNI, inclassable mais qui fait d’ores et déjà partie des meilleurs albums de ce début d’année.

soutenir litzic

Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter

Ajoutez un commentaire