[CHRONIQUE ALBUM] What we say in private, explorations intimistes

ada lea

Credit Bao Ngo

Ada Lea, What we say in private (sortie le 19 juillet chez Saddle Creek/Bigwax)

Des fois, on ne se trompe pas lorsque nous avons un coup de cœur. Les singles de la dame nous avaient tapé dans l’œil, ils étaient parfaitement annonciateurs de la qualité de l’album qui les recelait. Avec son premier album What we say in private (qui sortira le 19 juillet), Ada Lea nous délivre une petite merveille de pop indé à la fois rafraîchissante, pétillante et innovante.

Intime.

Tel est le premier mot qui nous vient à l’esprit à l’écoute de cet album de dix titres. Intime. Comme si Ada Lea se confiait à nous, la tête sur l’oreiller, au coin du feu, ou dans un petit coin bucolique, tranquille, loin du fracas urbain. Intime parce que proche d’elle, sans doute, parce que tout y est fin, doux, subtile.

Cette intimité avec la chanteuse et musicienne est flagrante. Le titre de l’album, What we say in private ne fait que le confirmer (ce que l’on se dit en privé pour les noms anglophiles), et en est une magnifique démonstration. Il ne s’agit donc pas d’une publicité mensongère, bien au contraire. Tout ici est fait pour vous inviter dans ce cercle de confiance et de confidence, du premier titre au dernier.

Atours rock indé.

Si ceux-ci revêtent des atours rock indé de très belle facture (son absolument maîtrisé avec ce léger crunch complètement jouissif, production très dans l’esprit de certaines productions américaines des années 90), ils ne recouvrent pas toutes les parties du corps et de la psyché de l’auteure de ces morceaux. Dès le voile de l’électricité levé, c’est celui acoustique qui prend le relais, de façon subtile. L’électricité reste néanmoins présente, par légères touches, inspirant chez nous l’impression de sentiments plus mélancoliques ou plus colériques.

Pourtant, jamais l’album n’est plombé, au contraire. Nous nous sommes surpris à sourire à l’écoute de ce disque, parce que nous avons pris du plaisir à découvrir ses arrangements plutôt culottés par moments (on adore les dissonances sur Wild Heart, posées sur des nappes élégiaques de synthé, avant que ne ressurgissent de légers arpèges semblables à des pattes de chats se posant sur les cordes d’une guitare).

Délicatesse sensuelle.

De même, quand le piano s’invite à la fête, c’est pour, avec une économie de notes absolument grandioses, faire ressurgir le souvenir de ces moments passés que nous chérissons tant. Il y a de la profondeur dans les images qu’elles évoquent, ces quelques notes éparses. Elles ont du chien aussi, surtout lorsqu’elles sont soutenues par ce chant tout en nuances, souvent doublé par lui-même comme pour en accentuer l’impact.

Nous parlions d’arrangements un peu plus haut. Ceux-ci sont souvent osés. Parfois presque bruitistes sur un morceau acoustique (relatant une colère plus du tout contenue), expérimentaux souvent, survenant au détour d’une comptine pop absolument balisée (le pensions-nous). Ces surprises, comme autant de petits grains de sel dans une existence dont nous imaginions les contours tracés, bouleversent notre perception des morceaux, les remettent en perspective, nous rappelant que rien n’est acquis d’avance, rien ne le sera jamais.

Un parfum de quotidien épicé à la sauce épique.

Les compositions d’Ada Lea possèdent un souffle épique que nous imaginons très facilement associé à un quotidien fait de tout petits riens. Elle possède l’art de transcender les fragments de son existence pour les rendre absolument merveilleux. Toujours avec une infinie délicatesse, elle agit sur notre imaginaire, sur nos ressentis et nos souvenirs. Sa musique éveille en nous ses parcelles de nos vies auxquelles nous ne pensons plus que sporadiquement (voire quasiment jamais).

Chaque écoute réactive des zones endormies de notre esprit. Des sonorités nous en rappellent d’autres, de celles que nous avons entendues il y a des millénaires mais qui pourtant n’ont jamais cessé de nous accompagner. Le caractère universel de What we say in private ne fait dès lors plus aucun doute. Et sa perfection intrinsèque non plus.

Cet album est doux comme le souvenir d’un premier baiser, comme le souvenir d’une soirée passée en compagnie d’amis qui, quoi qu’on en dise aujourd’hui, nous manque. Une œuvre délicate d’une artiste extrêmement touchante.

Site officiel Ada Lea

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