VESTALE VESTALE & RAY BORNEO, Petite apocalypse…

vestale vestale & ray bornéo petite apocalypse pour adultes et adolescents… pour adultes et adolescents (déjà disponible chez Petrol Chips)

Une voix de « gamine ». Un aspect comptine. Une musique synth pop et relativement punk dans l’âme. Une collaboration explosive. Une Petite apocalypse pour adultes et adolescents dont nous n’attendions pas forcément grand-chose mais qui nous retourne la tête comme une mauvaise consommation d’alcool excessive, sans ses effets gueule de bois désagréables.

Voilà comment pourrait se résumer ce disque qui déboule sans crier gare dans nos tympans. À la manière d’un bulldozer, les mélodies abrasives du duo Vestale vestale et Ray Bornéo s’imposent sans nous laisser d’autre possibilité que de les accepter dans leur totalité. Ira-t-on s’en plaindre ? Absolument pas !

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Un duo explosif.

D’un côté, il y a Vestale Vestale, au chant, aux textes. L’artiste, diplômée de musicologie et formée au violon classique, officie dans différentes formations avec cet instrument, notamment au sein de The Chainsaw Blues Cowboys, Ada Unn, EZ3kiel, avant de se dire que, peut-être, une carrière en solo l’attend. Elle se lance alors dans ses projets personnels, avec une touche très particulière, une voix enfantine capable de réciter des textes parfois très sombres.

De l’autre côté, il y a Ray Bornéo. Ce producteur est également le boss du label Petrol Chips duquel il a produit la quasi-totalité du catalogue. Hyperactif, il a sorti, en 2017, 4 albums en même temps, sous différents noms. C’est lui qui apporte ici les mélodies sur lesquelles la chanteuse pose l’essence de sa poésie « DIY ».

Poésie.

Car oui, il se dégage de ce disque une vraie poésie. Mais pas n’importe laquelle puisque celle-ci est d’une incroyable spontanéité, comme si Vestale Vestale l’improvisait « en direct ». Les 10 titres de cet album (en vérité une sorte de « best of » des deux premiers albums) sont comme autant de vignettes relatant un quotidien lambda, s’arrêtant sur la température de l’eau (L’eau est froide) comme sur les garçons d’une école de commerce (Les garçons d’école de commerce).

L’emprise est immédiate. Sans aller chercher un raffinement superflu (comprendre que l’ensemble paraît brut, ce qu’il n’est absolument pas), elle énonce des textes comme autant de vérités sur ce qui l’entoure. Les phrases sont simples, explicites, directes. Les cailloux, qui ouvre l’album, est en quelque sorte une relecture du Petit Poucet, avec un caractère poisseux supplémentaire (celui d’une « maladie » telle que décrite dans le gimmick « nous n’irons plus jamais à la maison, je ne sais plus le chemin, je suis malade »). Ambiance…

Générique Anxiolytique le suit de près. Comme une évidence du caractère perturbé du premier morceau. D’autant que la musique ne joue absolument pas les troubles fêtes puisqu’elle amplifie le sentiment étrangement décalé de cet univers pourtant pop et fluo/lumière noire. Le reste de l’album suit cette voix, en creusant l’intime pour faire ressortir l’universel.

Musique.

Nous naviguons en plein trip synth punk, avec ses stridences, ces rythmiques plombantes, mais avec aussi un côté dansant irrépressible. Une évidence tant rythmique qu’évocatrice de ce que les textes dégagent. Le mariage est tout sauf surprenant, il apparaît plus comme d’une évidence implacable. Le travail du producteur est incroyablement précis, inventif, pointilleux, sans qu’il n’impose sa présence en rendant les textes invisibles.

Les deux entités (texte vs musique) se nourrissent l’une de l’autre, se complètent admirablement, laissent flotter au vent leurs parfums toxiques et addictifs. Certaines programmations, que nous aurions pu juger agaçantes si elles avaient été placées dans un autre contexte, trouvent ici leur utilité première, à savoir forer nos défenses, s’incruster dans notre matière grise pour ne plus jamais en ressortir.

Mélodies.

Qu’elles soient instrumentales ou vocales, elles nous paraissent évidentes du début à la fin du disque. Comme si elles étaient toutes calquées sur le même modèle, alors que chaque titre est différent. Néanmoins, l’homogénéité du disque fait que nous le prenons comme un bloc. Par exemple, si vous entendez un titre, peu importe lequel, de Petite apocalypse pour adultes et adolescents, vous aurez envie d’écouter la totalité du disque. C’est comme ça, l’empreinte que laisse les morceaux sur notre psyché est aussi dévastatrice que jouissive et jubilatoire!

Nous avouons être pas mal barré d’ordinaire, aimer ces musiques qui osent les expérimentations, qui osent ne pas sonner à la mode, qui osent être elles-mêmes, envers et contre tout, et en ce sens Petite apocalypse…nous parle profondément, parce qu’elle ose sa radicalité que nous sommes à même de reconnaître n’importe où.

Un disque que nous ne saurions que trop vous conseiller, pour lâcher les watts, pour vous sentir bien Au milieu d’eux, pour simplement vous faire vous dire que la musique est magique, toujours.

LE titre de Petite apocalypse pour adultes et adolescents.

Il y a tant de titres percutants dans cet album que nous ne saurions lequel définir comme le plus représentatif de l’ensemble. On aime beaucoup Les soirs de pluie (et son gimmick « je pense à toi à ton déo axe authentique » et sa ritournelle Tadada tatatata), Au milieu d’eux (« ils sont si nombreux je suis si seule au milieu d’eux ils sont si heureux je suis si triste ») et son constat duquel nous nous sentons incroyablement proches, Les garçons d’école de commerce (« les garçons d’école de commerce me trouvent marrante, les garçons d’école de commerce me trouvent touchante, les garçons d’école de commerce me trouvent collante, moi je trouve juste qu’ils sont des garçons d’école de commerce»), Les cailloux, T’es jolie quand tu as mal (le titre le plus psychédélique et lysergique de l’album), Retour de croisière avec la voix masculine dans une sorte de dialogue décalé et punk, Amour chevalin (cette comptine pour enfants qui explique le « meurtre » d’un équidé… « J’ai enterré ton cheval, que vas-tu faire? ») et L’eau est froide (seul titre de plus de 3’40 d’une rare poésie), le seul à s’éloigner quelque peu de la synth pop avec une base plus clairement rock.

Et là, nous ne parlons que des textes, en gros, mais sur chaque titre, la musique est au diapason de l’intention. Les vrilles électros sont puissantes, le travail sur les overdubs (différentes nappes) de voix parfois hallucinants, un travail de fou sur les sonorités qui les rendent uniques, un rythme parfois trépidant, parfois hypnotique, des impacts mélodiques terrassants… Dur dur de choisir un titre… Mais on aime quand même vachement Amour chevalin (pour son esprit sale gosse).

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