UNEIMA & DIANE, Alcôve, cocooning pop.

uneima & diane alcôveMini album disponible chez In silico/La souterraine.

Nous revenons sur une belle sortie, juste esquissé dans une de nos dernières playlists, à savoir Alcôve d’Uneima & Diane. Uneima, nous vous en avions déjà parlé il y a quelques mois avec son album solo Bel-air. Il revient ici en formule duo, avec Diane, qu’il a rencontré il y a désormais 2 ans, au détour d’une compilation en ligne de La Souterraine.

Deux ans, le temps nécessaire pour échanger, discuter des univers respectifs des deux musiciens, de les unir dans un EP 5 titres évoquant une niche dans laquelle il fait bon se cacher, se livrer aussi, en intimité. Avec cette bedroom pop en français dans le texte, le duo nous offre une part d’eux, un extrait de ce qui fait les relations humaines aujourd’hui. Les climats délivrés ici sont particulièrement envoûtants, dégagent une quiétude pleine d’une mélancolie qui ne nous file pas le bourdon.

Deux voix.

Premier élément à retentir notre attention, c’est le mariage des deux voix. Elles s’accouplent à merveille, délivrent une douceur exquise, d’un côté avec une légère nonchalance blasée, un peu détachée, presque monocorde, version spoken world (celle d’Uneima), de l’autre une voix plus ample, plus aérienne aussi, chantée, parfois fredonnée, fragile et tendre (celle de Diane). L’une est assez minimaliste, l’autre plus nuancée. Dans un cas comme dans l’autre, elles débitent des textes où chacun des protagonistes se livre, avec une pudeur, presque une timidité, qui va au fond des yeux.

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Les traitements sonores sur les deux voix sont les mêmes. Nous retrouvons une légère réverbération, un enrobage chaleureux, comme si la passion en latence s’exprimait de façon contenue, néanmoins ardente. Tout est ici histoire de paradoxe, comme une histoire d’amour qui nous rend à la fois heureux et incroyablement tristes, ou flippés, parfois à bout de souffle, parfois plombé, parfois porté par un élan infini.

La musique.

De légères touches électroniques posent la rythmique. Évoquant un peu cette vague revival 80’s, avec cette esthétique un peu brumeuse, elle s’inscrit dans le prolongement de l’album précédent d’Uneima. En effet, il proposait déjà cette touche artistique, mais il rentre encore davantage dans son processus, notamment en conférant à sa musique des abords plus sereins, ou alors tournés vers l’extérieur et non vers l’intérieur. Nous ressentons, comme sur Bel-Air, ce sentiment de mise à nu à travers la musique qui, au contraire d’être repoussante, nous attire à elle avec une délicatesse folle.

Si nous devions comparer l’univers d’Alcôve, nous évoquerions celle d’une image pelliculée aux teintes vaguement pastels, avec un flou luminescent laissant des brillances survenir et nous accueillir en leur sein, comme un ciel étoilé un soir de printemps. Sans doute que cet approfondissement de son univers musical résulte de la nécessité à s’accorder à l’univers de Diane. Le résultat est plus que probant, d’autant que le romantisme latent exprimé par une basse ronde, des rythmiques doucement chaloupées nous embarquent dans l’imaginaire d’une rencontre (ou de plusieurs débuts d’histoires sentimentales).

Les guitares sont limpides, mais jamais cristallines, les nappes de synthé presque hypnotiques, les rythmiques alanguies. Les variations proviennent principalement des lignes de chant des deux musiciens, en particulier de Diane. Son interprétation est absolument inspirée, elle y met une conviction rare, pleine de tact et inspiré par la vie dans tout ce qu’elle a de plus fantasque et incontrôlable. C’est dingue car en l’écoutant, on la voit sourire, ou au contraire nous la voyons le visage fermé. Tout transparaît de son chant. Inutile de préciser que cela donne un charme fout à certains titres (Superfragile, Chaque matin notamment).

Les textes.

Nous sommes dans les tourments internes des deux narrateurs : elle raconte ses atermoiements émotionnels, ses victoires, ses défaites, ses sentiments qui chamboulent tout, il pose un constat amer, dévoile une sensibilité à fleur qui parfois tente, à sa manière, de se voiler la face. Le mélange des deux entre en résonance avec ce que notre vécu a parfois eu la bonne, et/ou la mauvaise, idée de nous faire ressentir.

Ce disque est comme son nom l’indique ce petit renfoncement dans lequel on place un lit. L’alcôve est cet endroit où l’on se réfugie pour retrouver un peu de paix, pour se recentrer sur ce qui a de l’importance, pour se reposer aussi du fracas des émotions, un lieu on se couper du reste. Alcôve nous invite à nous glisser dans la peau d’Uneima et celle de Diane, de les contempler et d’y voir notre reflet. L’effet est un peu magique. Le disque, lui, nous procure des sensations intenses, jamais plombantes. Au contraire, malgré ses aspects peut-être un peu mélancoliques, c’est au final un disque qui fait un bien fou.

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