Chronique musique EP-mini album
TOXIQ, Dans la bouche
Nouvel EP déjà disponible.
Ce nouvel EP de Toxiq, Dans la bouche, s’est fait attendre. En effet, nous avions évoqué ce duo il y a déjà quelque temps, leur patte electro/pop nous ayant fait forte impression. Aussi bien à travers la reprise d’Idées noires de Bernard Lavillier que via leur propre composition Drogue dure drogue douce, le duo nous avait électrisé. Il nous tardait donc de découvrir l’objet dans sa globalité.
Comme pas mal de duo mixte, un gros soin est apporté à la présence de chaque voix. Celle, en lead, est féminine. La voix masculine étant souvent utilisée aux choeurs, pour apporter du contraste. Les deux s’harmonisent à merveille, l’une rauque, caverneuse (cela se ressent en particulier sur Idées Noires), l’autre plus aiguë, est plus aérienne, même si son côté haché lui confère un aspect plus ancré au sol, au bitume. Cette voix s’inscrit dans le corps des titres, leur donnant un aspect concret très fort. Ce que l’on entend par là, c’est que cette voix nous ramène à une histoire en cours, nous offre des images sur un plateau d’argent, à nous d’en faire bon usage et de ne pas s’aliéner avec.
Parce que, mine de rien, il y a un peu de cet esprit film noir, un peu de cet aspect polar, genre film de détective qui ressort d’un titre comme Dans la bouche. Parce qu’une femme, fatale, y parle d’amour, même si elle nous donne l’impression d’être une femme enfant dans Drogue dure drogue douce. Dans les deux cas,c’est une femme sensuelle, dont les paroles magnifient les lignes de chant, pour ne pas parler des lignes du corps qu’on fantasme (ah ! le pouvoir suggestif d’une voix!).
Et musicalement.
Le travail est rondement mené là aussi. Les basses apportent justement cette couleur « polar », le tout en étant rehaussées de pointes brillantes de guitare électrique, comme des flashs dans la nuit. Les rythmiques font le pari des programmations, mais celles-ci sont expressives, personnelles au groupe. Elles confèrent à L’EP une cohérence au niveau du son global, la cohérence du thème revenant quant à elle à ses relations humaines qui gravitent autour des relations amoureuses, du désir aussi.
Les paroles sont au cordeau de ligne de chant hyper mélodiques, là où parfois la musique se fait plus minimaliste. En effet, hormis quelques nappes et des arrangements renforçant les ambiances, elle se fait plus percussive, comme un cœur qui bat, violemment, dans la poitrine. Ces partis pris rendent la musique plus présente, pour ne pas dire oppressante, nous plaçant dans une situation d’attente, presque dur à supporter tant l’on espère un exutoire qui n’arrive jamais réellement. Cela renforce l’aspect sombre, mais jamais noir, du disque.
La reprise, en version instrumentale, de Dans ma bouche achève le disque, sur une note d’expectative, d’attente irrésolue, de mystère, de confusion. En une vingtaine de minutes Toxiq nous entraine dans son univers et nous n’en ressortons pas indemnes, bousculés dans cette pop poisseuse et passionnée dont on ressort à regret, mais prêt à attendre les réponses dans un prochain épisode. Espérons simplement que nous n’ayons pas trop longtemps à attendre.